THE HEAD HUNTER de Jordan Downey (2017)

THE HEAD HUNTER

Titre Original : The Head Hunter
2017 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h12
Réalisation : Jordan Downey
Musique : Nick Soole
Scénario : Jordan Downey et Kevin Stewart

Avec Christopher Rygh, Cora Kaufman et Aisha Ricketts

Synopsis : Après avoir perdu sa fille, un guerrier qui collectionne la tête des monstres qu’il élimine vit dans la solitude, avec un seul et unique but : récupérer la tête du monstre responsable de la mort de sa fille.

Il y a des films dont on n’attend strictement rien, que ce soit à cause de leur concept, de leur budget, ou du passif du réalisateur et de son équipe. Le dernier cas de figure, c’était mon cas pour The Head Hunter, petit métrage Américain tourné au Portugal et en Norvège pour la modique somme de 30 000 dollars, et réalisé par Jordan Downey, responsable de Thanskilling 1 et 3. Et pourtant, sans être exceptionnel, ni même un film que l’on pourra conseiller au grand public, The Head Hunter est une grande surprise, puisque le réalisateur semble avoir progressé tout en tenant toujours un maximum de poste (réalisateur, coscénariste, coproducteur, monteur, créateur des effets spéciaux), mais surtout, semble vouloir livrer l’exact opposé de ses précédents travaux. Car oui, quand on fait un film fauché, beaucoup se lancent dans la voie de la facilité, à savoir l’humour, pour que le spectateur ai du recul et ne prenne pas avec sérieux le spectacle qu’il regarde, et ainsi faire passer la pilule face à des effets spéciaux moyens, une photographie hésitante ou bien quelques acteurs à la ramasse. C’était donc le cas de Thankskilling 1 et 3, et qui pourtant allaient tellement loin dans la débilité et dans la mise en avant de l’aspect fauché que ce point n’était même plus valide. Mais avec The Head Hunter, Jordan Downey et son coscénariste Kevin Stewart tentent l’impensable : toujours avec aussi peu d’argent, livrer un film d’ambiance, d’atmosphère, un film avec quasiment un seul acteur, peu de dialogues, qui jouerait sur l’attente, la tension, le tout avec un sérieux à toute épreuve. Et pour ne pas faciliter les choses, qui se déroule à une époque bien éloignée de la notre, puisque l’on y suivra un guerrier, vivant dans sa cabane, passant son temps à réparer son armure et à tuer des monstres pour en garder leur tête comme trophée, qu’il accroche au mur de sa cabane. Et Downey prouve ici que finalement, en traitant son film avec sérieux, s’il n’évite pas certains défauts, ou plutôt certaines maladresses, s’en sort bien mieux que dans la blague potache.

Donc ici, la majeure partie du temps, une seule personne à l’écran, un guerrier seulement connu sous le nom du père (Father), vivant seul, dans sa cabane, avec son cheval, et dont la seule activité, enfin, les deux seules activités sont de traquer des monstres pour en collectionner les têtes qu’il accroche au mur de sa cabane, et entre deux décapitations, réparer son armure. Son but ultime bien entendu est de retrouver le monstre qui a prit la vie de sa fille, enterrée non loin de là. Un propos simple, voir minimaliste. Qui au départ peut poser souci, tant le film utilise des artifices aussi simples que répétitifs. Oui, notre guerrier va tuer des monstres, mais non, on ne verra jamais un seul affrontement. Un personnage qui sort du cadre pour aller se battre et n’y reviendra qu’une fois une tête coupée dans sa main, ce genre de choses. Mais le film ne cherche jamais à varier la formule durant sa première moitié, ce qui rend le procédé un peu dommage, surtout que malgré le côté simpliste et donc le minuscule budget, il y a d’excellentes choses à l’écran. Oui, le budget est extrêmement bas, et pourtant, au-delà du camouflage du ce manque de budget par l’absence de combats, on ne le ressent pas. Le seul acteur à l’écran est convaincant, les décors, naturels, sont sublimes, les costumes sont réussis, les différents effets pour les têtes des créatures aussi et montrent des designs vraiment sympathiques, et la photographie, de jour comme de nuit, met le tout en valeur. En réalité, une fois le concept minimaliste accepté, le rythme lent digéré, le fait que les combats ne sont absolument pas le cœur du récit, il se dégage quelque chose de The Head Hunter, qui ne parlera probablement pas à tout le monde, mais qui est pourtant là.

Une atmosphère poisseuse, une recherche dans la mythologie, voir parfois, une atmosphère typique de jeux vidéo (le personnage mutique vivant dans les bois dans un monde de fantaisie peut rappeler Skyrim, les créatures et certains lieux font penser à du Dark Souls, le métier de chasseur de monstre fait penser à du Witcher). Mais finalement, alors que The Head Hunter avait bien des qualités sans pour autant me convaincre à 100%, arriva la seconde partie de l’œuvre, celle qui en quelque sorte met le paquet, sans pour autant changer son fusil d’épaule. Celle de la traque de la créature tant recherchée, qui aurait pu s’arrêter en quelques secondes sans un artifice de scénario que l’on pouvait sentir venir plus tôt avec cette jarre et son élixir guérisseur. Voilà notre chasseur alors traquant une créature, une tête seulement, à la recherche d’un nouveau corps. Et cette traque est réussie, voir bien tendue. La nuit est ténébreuse, la caméra colle au personnage même dans les lieux les plus exigus pour nous faire ressentir cette sensation de traque impuissante. Le passage dans le petit tunnel est un modèle de genre pour les mini productions, et ce même si la rapide scène d’action qui suit s’avère brouillonne, voir ratée. Et puis il y a son final, bienvenu car inattendu, qui achève les 1h12 du métrage de bien belle manière. The Head Hunter, malgré ses défauts, à su me convaincre. Nul doute que le métrage va diviser, par sa nature même, par sa lenteur, son côté minimaliste, à l’écran et dans son propos (l’irruption d’un autre personnage pour remettre en doute le héros aurait été bien vu, bien que classique). Certains seront séduits, tandis que d’autres s’endormirons devant.

Les plus

Christopher Rygh, convaincant
Visuellement soigné
Une ambiance parfois bien tendue
Une dernière partie qui fonctionne très bien

Les moins

Des artifices assez répétitifs pour éviter l’action
La seule scène vraiment d’action, brouillonne

En bref : Lent, silencieux, atmosphérique, poisseux, The Head Hunter est un métrage absolument pas pour tout le monde. Un seul acteur, quasiment aucun dialogue, juste de la tension, un univers bien là, présent par le visuel.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Christopher Rygh, convincing
♥ Some great visual
♥ A sometimes tense atmosphere
♥ The last part works very well
⊗ Quite repetitive artifices to avoid the action
⊗ The only real action scene, messy
Slow, silent, atmospheric, sticky, The Head Hunter is a film not for everyone. A single actor, almost no dialogue, just tension, a world well built only through the visual.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *