MATIANAK de Derby Romero (2019)

MATIANAK

Titre Original : MatiAnak
2019 – Indonésie
Genre : Fantastique
Durée : 1h25
Réalisation : Derby Romero
Musique : Andi Rianto
Scénario : Wendy Chandra et William Chandra

Avec Cinta Laura Kiehl, Jovarel Callum, Irsyadilah, Fatih Unru, Basmalah Gralind, Juliant Rafael, Gesata Stella et Yayu A.W. Unru

Synopsis : Au début des années 90, Ina, une jeune femme, travaille à l’orphelinat où elle s’occupe d’un groupe d’enfants. Un jour, le chef du village lui amène un enfant nommé Andi, seul survivant du massacre de sa famille. Ina accepte l’enfant malgré les difficultés financières de l’orphelinat, mais les événements étranges se multiplient dés l’arrivée d’Andi.

Je l’avais dis, le cinéma Indonésien commence à se bouger depuis que des réalisateurs comme Gareth Evans ou Timo Tjahjanto ont prouvé une chose : faire un film d’horreur c’est facile, mais soigner la mise en scène pour marquer le spectateur, c’est mieux. Quelle est loin l’époque où l’Indonésie nous livrait des films d’horreur fauché qu’il était impossible de prendre au sérieux. Maintenant, le seul truc, c’est qu’il faut voir si les autres réalisateurs appliquent cette simple règle. Et plutôt que de regarder la dizaine de métrages signés Jose Poernomo (je les ai quasi tous) après avoir vu son correctement emballé mais feignant et cliché Alas Pati, je me suis tourné vers MatiAnak, film à la plutôt bonne réputation, première mise en scène de Derby Romero, sur un scénario signé à deux, mari et femme sans doute, Wendy et William Chandra. Et la première chose qui saute aux yeux, voir nous les arrache, c’est que les deux scénaristes ont des influences, et ne vont même pas chercher à les cacher. Si je vous dis un enfant étrange, dont la famille est massacrée dans l’efficace scène d’ouverture, qui semble avoir des pouvoirs étranges, voir pouvoir contrôler d’autres personnes, difficile de ne pas voir ici une grosse influence envers La Malédiction de Richard Donner, et même ses suites, notamment la seconde, où Damien n’avait plus ses parents et était à l’école militaire. Bon, on remplace l’école militaire par l’orphelinat, le prénom de Damien par Andi, et c’est un peu la même chose. Avoir des influences, ce n’est pas un mal en soit. Cela permet de montrer un peu ses goûts (et ses bons goûts), cela peut même faire office de belle note d’intention.

Malgré tout, il faut savoir digérer ses influences. Ce que MatiAnak ne fait pas. Car c’est simple, passé son ouverture efficace et sanglante, puis la présentation de notre héroïne, Ida, jouée par Cinta Laura Kiehl, fort charmante en passant, et bien le métrage entre dans une certaine routine, où en plus d’avoir un scénario qui nous balance ses influences à la gueule, s’appuie sur une mise en scène qui va encore plus appuyer ses influences. Le jeune Andi sera face à un chien potentiellement dangereux ? Derby Romero va filmer ça à grands coups de gros plans sur les yeux, comme dans le film de Richard Donner. Du coup, le film se retrouve avec un gros côté prévisible, un côté déjà vu envahissant. Ce qui pourrait passer dans le fond, le film n’ayant pas l’ambition d’être du grand cinéma, où à la hauteur du film de Donner. Le souci, c’est que pendant une heure, et bien que l’ensemble soit rythmé et divertissant (le minimum syndical sur ce genre de films donc), le film veut parfois en faire trop quitte à tomber un peu dans le ridicule. Un jumpscare que l’on voit venir à des kilomètres, une scène clichée au possible à coup de torche qui déconne alors qu’un personnage scrute le grenier, et pire, une possible créature infernale qui au final, dans le film, ne ressemble qu’à un mec qui serait tombé dans un tonneau de peinture noire après avoir soigneusement placé des lentilles de contact rouge. A partir de là, on aura beau avoir des acteurs plutôt convaincants, une ambiance parfois réussie, le film se suit mais a du mal à nous prendre aux tripes, alors que bon, de base, le film joue quand même sur la corde sensible, en mettant en avant, à l’exception de l’héroïne et de son petit ami, des enfants, des orphelins. Un peu à l’image de The Queen of Black Magic, alors que dans beaucoup de pays, on n’ose pas toucher aux enfants (ou plus).

Alors oui, j’aime moi aussi la subtilité, mais quand la subtilité devient en quelque sorte un outil politique pour ne pas choquer, et bien un film un peu plus rentre dedans, ça fait du bien. Et heureusement, passé sa première heure divertissante mais pas toujours convaincante, le film passe la seconde durant son dernier quart d’heure, voir ses 20 dernières minutes, en faisant des choix qui surprennent le spectateur (ce qui est toujours un plus), et surtout, il ose aller au bout de ses idées, sans jamais reculer. Et dans ce sens, il parvient même à s’éloigner de ce qui était son influence principale jusque là, La Malédiction donc. En volant enfin de ses propres ailes, MatiAnak livre enfin un spectacle plus rafraichissant, plus osé, plus prenant tout simplement, et qui parvient le temps d’un quart d’heure à nous questionner sur là où le scénario va bien pouvoir nous emmener par la suite. Il est certain que les amateurs de cinéma de genre sans doute moins pointilleux, ou alors les plus jeunes qui n’y reconnaitront pas les emprunts seront plus cléments envers le métrage de Derby Romero, un métrage en soit sympathique, plutôt bien filmé d’ailleurs, et qui, même s’il manque de surprises pendant sa première heure, parvient par moment à tirer son épingle du jeu, ironiquement lorsqu’il essaye d’en faire le moins possible. Ses tentatives de jumpscares échouent le plus souvent, et parfois, au détour de quelques scènes, le film fait appel à une étrangeté beaucoup moins tape à l’œil, qui elle, parvient à marquer et inquiéter. Comme quoi, rien ne sert d’en faire trop !

Les plus

Proprement filmé
Une première heure qui se regarde
Un final surprenant et qui ose

Les moins

Beaucoup trop d’influences marquées
Des jumpscares ratés

En bref : MatiAnak a beaucoup de mal au départ à se débarrasser de ses influences, et peine à convaincre, sans être désagréable pour autant. Le final par contre relève le niveau.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Nicely shot
♥ The first hour is enjoyable
♥ The final is surprising and dare to try things
⊗ Way too many influences
⊗ Bad jumpscares
MatiAnak has a hard time trying to get rid of its influences (The Omen mainly). Even if it’s clearly enjoyable, it’s not crazy. The final is way better.

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