Titre Original : Kimi
2022 – Etats Unis
Genre : Thriller
Durée : 1h27
Réalisation : Steven Soderbergh
Musique : Cliff Martinez
Scénario : David Koepp
Avec Zoë Kravitz, Byron Bowers, Rita Wilson, Erika Christensen, Derek DelGaudio, Sarai Koo, Jaime Camill, Devin Ratray et Betsy Brantley
Synopsis : Angela Childs examine les flux de données du serveur à commande vocale KIMI. En pleine pandémie, bien que les restrictions aient été assouplies, elle souffre d’agoraphobie et suit une routine stricte, flirtant – entre autres – avec son voisin et communiquant avec sa mère, son dentiste et son thérapeute par chat vidéo, en sécurité dans son appartement de Seattle. Mais tout bascule quand elle entend quelque chose de terrifiant dans l’un des flux, et que le signalement d’un crime par mail est jugé trop risqué. Angela ne s’est pas aventurée à l’extérieur depuis le début de la pandémie, alors le simple fait d’aller au bureau est un énorme défi pour elle.
Steven Soderbergh est un réalisateur que j’apprécie énormément, et ce depuis son premier film, Sexe Mensonges et Vidéo. Il y a bien quelques métrages que je n’apprécie guère dans sa filmographie, comme son film quasi expérimental Full Frontal, mais en général, j’adhère énormément, autant lorsqu’il signe des tout petits films comme Bubble ou Girlfriend Experience que lorsqu’il se lance dans des films avec de grosses stars au casting avec les Ocean’s. Car Soderbergh maîtrise parfaitement ses métrages, en signant la mise en scène certes, mais aussi très souvent le montage et la photographie, sous pseudonyme. Et Soderbergh s’est finalement beaucoup illustré dans le thriller, surtout ces dernières années, avec des films comme Effets Secondaires ou Unsane (Paranoïa). Mais depuis peu, les films de Soderbergh semblent se faire plus discrets. Enfin, je le pensais, jusqu’à ce que je comprenne que cela fait plusieurs films que les métrages signés Soderbergh sortent toujours, mais par la petite porte des plateformes de streaming le plus souvent. Enfer et damnation ! C’est donc une fois les pendules remises à l’heure que j’ai pu me plonger dans son tout dernier métrage, Kimi, vendu comme un thriller se déroulant durant une certaine pandémie, sur un scénario signé David Koepp. Pourquoi pas, puisque si l’homme ne parvient plus à convaincre en tant que réalisateur (son dernier métrage, You Should Have Left, n’était qu’une production Blumhouse fade et peu intéressante), ni en tant que scénariste sur des gros films (La Momie avec Tom Cruise, Anges & Démons, Inferno, c’était lui au scénario), le voir revenir au thriller intimiste avec un réalisateur comme Soderbergh, cela redonnait soudain espoir, puisque David Koepp, c’est également les scénarios de Panic Room pour Fincher, Mission Impossible, Snake Eyes et L’Impasse pour De Palma, Jurassic Park 1 et 2 pour Spielberg ou encore La Mort Vous Va Si Bien pour Zemeckis.
Et j’ai eu raison de lui donner le bénéfice du doute, même si ce doute était surtout pour Soderbergh, car Kimi est un thriller certes très simple, voir minimaliste, qui va à l’essentiel, ne s’emmerde jamais avec le gras de son intrigue pour ne durer que 1h27, mais ironiquement, c’est également ça qui en fait une de ses plus grandes forces. Kimi ne veut pas se faire plus malin qu’il ne l’est, ne veut pas multiplier les fausses pistes, ni manipuler le spectateur en le prenant légèrement pour un con, non, Kimi déballe son intrigue simple et va à l’essentiel, se déroulant majoritairement dans un appartement, et avec une poignée de personnages seulement, dont Angela, Zoë Kravitz à l’écran, présente 98% du temps. Et donc jouant pour beaucoup dans la réussite du métrage. Ce qui est sûr, c’est que Kimi, dans le fond, est un film de son époque. Si je vous dis technologie, complot d’entreprise, respect de la vie privée, le tout dans un contexte so 2020 qu’une méchante bactérie est incluse dans le récit, le doute n’est pas permis. Angela travaille de chez elle, elle souffre d’agoraphobie qui s’est d’ailleurs déchainée suite aux événements réels de 2020 (ce qui met en avant un point rarement exploité, à savoir l’augmentation des symptômes chez certaines personnes lors de ces événements), et travaille notamment sur Kimi, un petit bidule qui n’est pas sans rappeler une certaine machine qui fut vendue par Amazon et qui obéit à notre voix et peut donc faire quelques tâches informatiques comme lancer de la musique, aller sur des sites… Bref, une machine connectée qui nous obéit. Et enregistre les requêtes afin d’aider les techniciens à améliorer la machine. Angela fait ce travail de l’ombre, écoutant les requêtes pour faire évoluer le système. Et un beau jour, le message qu’elle entend, camouflé par une musique assourdissante, est la preuve qu’un crime a eu lieu. Elle va en informer donc sa société, et la suite, on peut s’en douter dés que l’on a vu au moins un thriller dans notre vie.
Kimi ne brille pas par son originalité, mais il brille par tout le reste. Zoë Kravitz est parfaite et très crédible à l’écran déjà. La mise en scène de Soderbergh tente beaucoup de choses et on sent le réalisateur impliqué et réellement passionné par ce presque huis clos. Si l’on ajoute déjà par-dessus tout ça la musique de Cliff Martinez, on a une forme déjà plus que convaincante. Dans le fond, si l’intrigue n’est pas franchement originale ou surprenante, Soderbergh et Koepp savent ce qu’ils font, et contrebalancent ce manque de surprise par une efficacité redoutable, un contexte actuel et pas inintéressant pour donner de la chair au récit, et une durée ultra resserrée qui ne laisse donc aucune place à l’ennui, ni au doute. Kimi, même s’il prend clairement son temps dans la première partie, sait où il va, et ne prend aucun détour. La caméra de Soderbergh est toujours placée où il faut, et il filme frontalement ce qui doit l’être, joue avec le médium avec l’utilisation du son (comme ce fut le cas par exemple chez De Palma avec Blow Out), et se lâche quelque peu dans un final aussi express que prenant, à la tension palpable. En réalité, Kimi, en plus d’être un très solide thriller à tout point de vue, parvient également à remettre sur le devant de la scène un élément bien trop rare de nos jours : la simplicité du propos et de son intrigue. Car pas besoin de twists et de fausses pistes en pagaille ni d’une durée gonflée de 2h30 pour rien pour livrer un thriller efficace, parfois, un seul lieu, une poignée de personnages et une narration fluide et directe suffit à tenir en haleine pendant 1h27, et c’est tout ce qu’il faut. Kimi fait du bien, même s’il fait office d’exception en 2022.
Les plus
Un film simple, direct et prenant
La mise en scène ultra carrée et efficace de Soderbergh
Zoë Kravitz, très convaincante
1h27, et ça suffit clairement
Les moins
Mais rien de nouveau ou d’original dans son intrigue
En bref : Kimi est un thriller simple, minimaliste même, peut-être un peu simpliste sur certains aspects ou dans son intrigue, mais ultra efficace et carrée, et c’est suffisant.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A simple film, straight, and effective ♥ As always with Soderbergh, it’s clean and effective ♥ Zoë Kravitz is convincing ♥ 87 minutes, nothing more, it’s enough |
⊗ Nothing new or original in the story |
Kimi is a simple thriller, even minimalist at times, even simplistic on some aspects or on its story, but it’s super effective and it’s in fact what was needed. |
Il m’a l’air totalement excellent ce nouveau Soderbergh ! Sur quelle plate-forme peut-on le voir ?
C’est vrai qu’il se fait de plus en plus discret au ciné (il y a eu le petit succès de « Logan Lucky » quand même) mais il faut se souvenir qu’il avait annoncé sa retraite du grand écran après « Ma vie avec Liberace ». Finalement, son glissement vers les plate forme n’est qu’assez logique.
Je me doutais qu’un homme de goût comme toi serait immédiatement attiré par un Soderbergh passé inaperçu 😉 Et qui en vrai date déjà de Mars il me semble.
Après de très rapides de recherches, il est à l’achat et la location, digitale only malheureusement, sur un truc que je ne connaissais pas du tout : Première Max (https://www.premieremax.com). 3 euros la location en HD, VF et VOST, 7 euros l’achat.
Je me demande même si un seul de ses films est sorti en salles depuis 2020. C’est après avoir vu KIMI que je me suis aperçu que je n’avais jamais entendu parler d’un de ses films en 2021 qui a l’air excellent, et avec un excellent casting aussi, et que je met en tête des films à rattraper. Plus qu’une évolution logique, avec la Warner et la New Line derrière là, je pense surtout, vu la politique made in 2020/2021 de Warner, que ces films ont surtout été dans un sens « sacrifiés » pour gonfler HBO Max aux States car par jugés assez rentables pour une sortie ciné…
Et oui, bonnes fêtes même si je ne fête toujours pas Noël, et que pour ce petit jour, j’ai souffert sur un très mauvais film dont je compte bien poster ma review juste avant la fin de l’année, histoire de faire sourire les lecteurs dans mon malheur (je ne révèle pas encore le titre, mais je posterais ça je pense le 30 ou 31).
Je suis curieux de savoir ce que c’est. Vivement la fin de l’année alors 😉
Je garde donc le suspense bien au chaud, il y aura un excellent film de 2022 juste avant 😉 Tout ce que je peux dire, c’est que tu ignores sans doute l’existence dudit métrage, mais qu’il est dans une saga dont tu adores le premier 😉
On l’a loué ce soir (sur Amazon). C’était bien, vraiment bien. Je te le recommande aussi Princecranoir, toi qui aimes Hitchcock. Léger dans le sens où le réal n’en fait pas des tonnes pour rien ou pour en faire le film de l’année, il signe juste un bon petit thriller pour se faire plaisir j’ai l’impression avec un gros hommage à Hitchcock – jusque dans la musique je trouve. Un petit thriller hitchcockien, un score Bernard Hermannien.
Donc au Japon, c’est sur amazon… ça devient vraiment trèèèès compliqué de suivre les sorties digitales only vu que certains films ça change d’un pays à l’autre…
Content en tout cas que tu ai apprécié autant que moi, surtout que tu as du te laisser tenter après mon avis 🙂 Koepp au scénario prouve que lorsqu’il ne tente pas d’en faire trop comme pour ses propres réalisations (son film avec Kevin Bacon qui était juste raté), ça passe nickel. Pour la musique, je dirais un mix entre Hermann et quelques sonorités habituelles de Cliff Martinez, mon compositeur actuel préféré, donc je ne pouvais qu’aimer à ce niveau aussi.
Oui, j’ai complétement oublié de te remercier pour cette recommandation. Thanks !
Effectivement, YOU SHOULD HAVE LEFT, je n’avais pas du tout aimé non plus, le film se ramasse complètement alors qu’il y avait du potentiel au début.
Mais de rien, c’est fait pour ça aussi ce site, recommander les gros et petits films qui valent le coup, et souffrir à la place des autres sur les mauvais 😉
Voilà oui, purée le film date de 2021 et j’avais déjà oublié le nom tellement rien ne va et que ce n’est pas passionnant du début à la fin…
Voilà qui double mon envie de le voir !
Et bonnes fêtes au passage ! 😃