DANS LA NUIT DES TEMPS (花月佳期) de Tsui Hark (1995)

DANS LA NUIT DES TEMPS

Titre Original : 花月佳期
1995 – Hong Kong
Genre : Comédie romantique fantastique
Durée : 1h40
Réalisation : Tsui Hark
Musique : Raymond Wong et William Wu
Scénario : Sharon Hui, Roy Szeto et Tsui Hark

Avec Nicky Wu, Charlie Yeung, Eric Kot, William Ho, Chang Ting, Lau Shun, Peter Lai, Wong Yat-Fet et Raymond Lee

Synopsis : Lors d’une « fête des affinités », soirée destinée aux célibataires, un jeune homme, Kong, et une jeune fille, Yan Yan, se croisent à plusieurs reprises, sans s’apercevoir qu’ils sont faits l’un pour l’autre. Bientôt, Kong est assassiné par des gangsters. Son fantôme demande alors à Yan Yan de remonter le temps avec lui afin d’empêcher sa mort…

Tsui Hark a toujours été un réalisateur qui aime expérimenter, tenter de nouvelles choses, partir dans 40 directions différentes au sein d’un même film. C’est ce qui lui vaut d’une part l’adulation d’une partie des cinéphiles, tandis que l’autre est bien plus modérée, et c’est aussi ce qui lui vaut sa carrière, autant remplie, que l’on y adhère ou pas, de grands films que de films plus discutables. Le premier Zu par exemple, évidemment, ça a un peu vieillit, on adhérera ou pas aujourd’hui à son côté kitch, mais on ne peut nier le côté précurseur du métrage et son usage de nouvelles techniques. Un peu comme pour Green Snake (à titre personnel, l’un de mes favoris du réalisateur), un film contenant quelques effets prêtant aujourd’hui à sourire, mais porté par une poésie très forte, et un casting féminin de haute volée. Mais avec Joey Wong et Maggie Cheung à l’écran, qui en doutait ? Là où Tsui Hark met aussi tout le monde d’accord, c’est sur ses ratages. Car Piège Mortel à Hong Kong, c’est intéressant et passionnant dans ce qu’il raconte et dans sa conception, mais que c’est nul. Black Mask 2, c’est une honte absolue que mes yeux ne veulent absolument jamais revoir. Legend of Zu, le second opus, est une expérimentation visuelle immonde. Paradoxalement, si l’on écarte de sa filmographie ses écarts Américains, le milieu des années 90 est certainement ma période préférée du réalisateur. Green Snake, The Lovers, deux grands films romantiques, dont le second, de loin, ne ressemble pas vraiment à un film de Tsui Hark d’ailleurs. Puis vint juste après Dans la Nuit des Temps, film mineur parfois même un peu oublié lorsque l’on parle du cinéaste, remettant sur le devant de la scène le même casting que The Lovers. Sauf qu’entre la romance très classique de The Lovers et la nouvelle romance de Dans la Nuit des Temps, il y a un fossé stylistique, et même de ton, comme si Tsui Hark préparait déjà ce qui allait venir par la suite (la rage de The Blade, ses essais US, son retour à Hong Kong avec Time and Tide).

Sauf que comme souvent avec Tsui Hark, à force de tenter un peu tout, d’expérimenter, de changer de forme et de ton sans arrêt, Dans la Nuit des Temps en souffre, et vu aujourd’hui, paraîtra même par moment bien kitch, en plus d’afficher un humour qui, lorsqu’il fait mouche, fait sourire (tous comme les mimiques de Charlie Yeung), mais qui lorsqu’il se plante, en devient un peu gênant. Lorsque tout commence en tout cas, aucune surprise, nous sommes bien devant un film de Hong Kong, avec nos deux personnages qui, alors qu’ils font tout pour trouver l’âme sœur, en viennent à se foutre sur la gueule à chaque rencontre. L’alchimie entre Charlie Yeung et Nicky Wu fonctionne en tout cas encore très bien. On se doute dés le départ que tout cela va les rapprocher d’une manière ou une autre, que le tout va tendre vers la romance. Et c’est le cas même si pour en arriver là, il faudra d’abord passer par la comédie, puis le fantastique, voir la science-fiction. Un beau gros bordel où Tsui Hark semble s’éclater en affichant 150 idées à la minute, que ce soit par le scénario, la narration, ou simplement des idées de mise en scène ou de montage. Sur ses 150 idées, la moitié fonctionne alors que l’autre se foire lamentablement, mais une chose est sûre, c’est que Dans la Nuit des Temps dégage néanmoins ce petit quelque chose qui le rend attachant, qui fait passer un bon petit moment devant un film divertissant, certes mineur pour son auteur, mais clairement pas désagréable. On lèvera souvent un sourcil devant les idées du film, ou son manque de cohérence globale, avec Kong Gai (Nicky Wu donc), tué lors d’un braquage, qui revient comme fantôme et qui va demander l’aide de Hung (Charlie Yeung) avant de retourner dans le passé et empêcher le drame. En se servant de l’électricité pour voyager dans le temps, électricité qui devient alors dangereuse puisque pouvant amener les personnages dans des limbes étranges où tout est au ralentis (sinon on explose), en attendant que quelqu’un éteigne puis rallume une ampoule.

Oui ne cherchez pas le sens, la logique ou la cohérence, elle est je crois bien aux abonnées absente. C’est en prenant le film pour ce qu’il est, à savoir un gros bordel, que l’on apprécie le métrage, et sa proposition totalement folle, où peuvent s’enchaîner un braquage bien violent, une grimace de Charlie Yeung, des effets déformants d’un autre temps, des doubles, de l’humour à base de vomi, puis une romance prévisible, un poil niaise et pas bien crédible non plus. Le mélange de genre et de tonalité n’est pas nouveau à Hong Kong, mais on a souvent la sensation qu’ici, c’est trop grotesque, trop brouillon, et sans l’énergie honnête de Tsui Hark et le duo principal attachant, il est fort probable que le film serait tout simplement un échec. Un souci de dosage peut-être, puisque Hark y va à fond. Des qualités en tout cas, le métrage en a, pas mal, mais des défauts, également, et les différentes parties du récit ne se marient pas toujours très bien ensemble (comme ce combat final, par moment amusant, mais qui semble bien déconnecté du reste). Mais au final, ce sont aussi les défauts du film qui forgent son identité, et donc le rendent attachant. En tout cas, mieux vaut éviter de faire découvrir le cinéma de Tsui Hark à un non initié par Dans la Nuit des Temps.

Les plus

Charlie Yeung et Nicky Wu
Des idées, ça il y en a (trop)
Quelques moments amusants
D’autres moments qui font mouche

Les moins

Certains moments bien kitch
Quelques gags foirés et presque gênants
Trop d’idées oui justement

En bref : Dans la Nuit des Temps est un métrage foutraque qui part dans tous les sens, mais qui ne réussit pas tout ce qu’il entreprend. Entre romance, fantastique, comédie, film de gangsters, le métrage de Tsui Hark en fait trop, tout en faisant passer un bon moment, et en restant attachant.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Charlie Yeung and Nicky Wu
♥ There are ideas (too much)
♥ Some funny moments
♥ Some interesting parts
⊗ Some really cheap moments
⊗ A few bad and awkward jokes
⊗ Too many ideas in fact
Love in the Time of Twilight is a weird film, it goes everywhere all the time, and it doesn’t succeed in everything it’s trying to do. Between romance, fantastic, comedy, gangster movie, Tsui Hark does too much. It remains interesting and effective.

3 réflexions sur « DANS LA NUIT DES TEMPS (花月佳期) de Tsui Hark (1995) »

  1. J’avais totalement zappé ce film dans la carrière (très prolifique il faut dire) de Hark. Ça m’a l’air bien curieux tout de même.
    Je viens de voir que « Seven swords » est de retour dans un beau coffret blu-ray (au prix déraisonnable). Comme il passait aussi sur Arte, du coup je l’ai chopé. Faut que je prenne le temps de le voir maintenant. 😄

    1. Ce film là, j’avais le dvd HK video qui trainait depuis…. hmmm… sa sortie, mais je n’avais jamais pris le temps de le voir avant il y a deux semaines 😀 Il divise pas mal parmi les fans (mais pas autant que le second ZU de 2001, que lui je déteste et ne compte vraiment jamais revoir).
      Oui, SEVEN SWORDS a pris du retard, il devait sortir en Novembre, puis Janvier, puis le pressage a eu un petit souci (en gros, Sony qui pressait les disques a inversé des éléments, du coup hop faut tout faire refaire). Là c’est bon, ça sort. Et ironiquement justement, je l’ai revu hier soir, tu vois, les grands esprits se rencontrent.
      Mais je ne suis pas fan du film, j’ai toujours du mal, je le trouve paradoxalement trop long (le rythme est parfois bancal je trouve) et trop court (la moitié des personnages n’ont aucun développement, certains trucs tu ne comprends pas trop comment on en arrive là). Et pourtant, 2h32. Après, il y a des scènes magnifiques, c’est bien filmé, quelques idées cool, de très bons combats notamment le final (même si les acteurs ont fait mieux), et ça fait toujours plaisir justement de revoir Charlie Yeung (qui a le rôle principal de DANS LA NUIT DES TEMPS, mais aussi de THE LOVERS).

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