ANIME SUPREMACY (ハケンアニメ！) de Yoshino Kohei (2022)

ANIME SUPREMACY

Titre Original : Haken Anime! – ハケンアニメ！
2022 – Japon
Genre : Drame
Durée : 2h09
Réalisation : Yoshino Kohei
Musique : Yoshihiro Ike
Scénario : Masaike Yôsuke

Avec Yoshioka Riho, Nakamura Tomoya, Emoto Tasuku, Ono Machiko, Kudô Asuka, Furutachi Kanji, Ono Karin, Tokui Yu, Kôno Marika et Rokkaku Seiji

Synopsis : Saito Hitomi travaille dans le milieu très compétitif de l’animation Japonaise, et se retrouve pour la première fois, après 7 années dans le milieu, à la tête de sa série d’animation comme réalisatrice. Ouji Chiharu, un autre réalisateur ayant eu quelques succès par le passé, revient pour livrer une nouvelle série après une longue pause. Les deux réalisateurs se lancent alors à la course pour la meilleure audience.

Des fois, ça a du bon de se lancer dans un film rassurant, le genre de films pleins de bons sentiments et dont on connait par avance que son dénouement sera positif, et nous laissera sur une impression feel good. Dans ce domaine, il y a les films se déroulant dans le milieu scolaire, dans le milieu de la musique, du cinéma, et donc dans le cas présent, dans le milieu de l’animation, où l’on nous invite à suivre une nouvelle réalisatrice qui va devoir surmonter pas mal d’obstacles pour donner vie à sa vision, battre des records d’audience, et donc finalement, pouvoir s’exprimer. Les Japonais sont d’ailleurs plutôt doués dans ce domaine-là, les feel good movies. Il y avait eu le génial Linda Linda Linda et le très sympathique Beck pour ce qui est de la musique, il y avait eu récemment It’s a Summer Film sur une bande d’étudiants se lançant dans l’aventure d’un long métrage hommage au chanbara, et donc en 2022, voilà que débarquait au Japon cet Anime Supremacy, ou Haken Anime. Un terme pas innocent, Haken étant un titre donné à l’animation la plus populaire. Durant un poil plus de deux heures donc, nous suivons Saito Hitomi, qui va tout faire pour livrer en temps et en heure une série d’animation de 12 épisodes, tout en battant des records d’audience et en gagnant en popularité, avec tous les travers que cela peut comporter. Ecriture, storyboard, doublages, réunion avec les financiers, promotion à la télévision, photoshoot, concurrence avec une autre série diffusée en même temps et réalisée par un réalisateur connu revenant sur le devant de la scène après une longue pause. Anime Supremacy, dans les faits, n’a rien d’un métrage surprenant, sur absolument aucun des points qu’il aborde.

Ce n’est d’ailleurs aucunement son but, son but, c’est uniquement de nous faire passer un bon moment, de donner une chance à ces personnages, de les faire se surpasser pour atteindre leur objectif coûte que coûte, et réussir à la fin du métrage pour pouvoir sortir de cette expérience grandie et passer à la prochaine étape de leur vie. Et à ce niveau-là, le métrage s’en sort admirablement bien en réalité. Et ce même lorsque le milieu de l’animation, avec les années passant, nous intéresse de moins en moins et peinant à se renouveler. Le métrage parvient à captiver, par ses personnages déjà, peu importe d’ailleurs qu’ils soient du côté d’Hitomi, ou de son concurrent, Chiharu. Hitomi est un personnage attachant, auquel il est très facile de s’identifier tant elle représente une certaine vision idéale du milieu, la fille un peu timide mais débordant d’idées, qui débarque au poste de réalisatrice uniquement pour livrer son œuvre sans encore avoir conscience de tout ce que cela implique à côté, puisqu’elle se fera trainer sur des plateaux de télévision et à des photoshoot par son producteur, semblant lui quelque peu cruel mais ayant finalement bon fond, et bien mieux connaisseur du milieu et de son fonctionnement, à base de financiers, d’audience, de produits dérivés. Les rôles sont d’ailleurs un peu inversés dans le camp adversaire, avec une productrice prête à tout pour céder aux caprices du réalisateur, qui lui, a de la bouteille, connait le milieu, et ne reculera devant rien pour faire valider ses idées. Des personnages certes paraissant bien trop idéalisés et bienveillants pour être réalistes, mais qui, au sein du film, font le boulot, d’autant plus que le casting est de bonne tenue. Yoshioka Riho notamment dans le rôle principal, qui m’avait déjà surpris dans Blind Witness en 2019, m’aura donc surpris ici dans un registre totalement différent.

Il fallait bien tout ça, car encore une fois, en se lançant dans le métrage, on sait exactement à quoi s’attendre, et le film ne déviera jamais de sa trajectoire, et donc jamais ne viendra nous surprendre d’une façon ou d’une autre. Tous les éléments attendus sont présents, des tensions entre les membres de l’équipe, des doutes de nos réalisateurs, en passant par les quelques échanges finalement bienveillants entre les différentes équipes, aux coups de blues et autres malaises endurés par les personnages, aux doutes et moments de joie. Le métrage ne surprendra pas non plus stylistiquement, se faisant propre, et nous donnant finalement là aussi ce que l’on attendait de lui, avec de multiples inserts à l’écran pour montrer l’audience lors des diffusions des épisodes, les réactions du public écrites à même l’écran au-dessus de leur tête, ou encore ce passage obligatoire et presque musical où toute l’équipe se met à redoubler d’efforts dans un montage dynamique abusant alors de travellings avant la dernière ligne droite, un peu comme pour un entrainement final avant un combat dans un film sportif. Le genre est respecté à la lettre, la formule est appliquée, et le réalisateur, signant là son second long métrage en images réelles, sait clairement ce qu’il fait. Et au final, après deux heures de métrage, on en ressort avec un sourire et une bonne humeur communicative. Ni plus, ni moins. Mission accomplie !