KILL BOK-SOON (길복순) de Byun Sung-Hyun (2023)

KILL BOK-SOON

Titre Original : 길복순
2023 – Corée du Sud
Genre : Thriller
Durée : 2h17
Réalisation : Byun Sung-Hyun
Musique : Lee Jin-Hee et Kim Hong-Jip
Scénario : Byun Sung-Hyun

Avec Jeon Do-Yeon, Sol Kyung-Gu, Kim Si-A, Esom, Koo-Kyo-Hwan, Lee Yeon, Park Kwang-Jae, Jang In-Sub, Choi Byung-Moà, Park Se-Hyun et Lee Jae-Wook

Synopsis : Côté pro, c’est une tueuse à gages réputée. Côté perso, une mère célibataire dépassée. Si tuer ne lui pose aucun problème, élever sa fille adolescente est une tout autre histoire.

Débarqué fin Mars sur Netflix, j’ignore si Kill Bok-Soon a été un succès sur la plateforme, mais il a bénéficié d’un plutôt bon accueil, comme peuvent le prouver certaines moyennes sur des sites de cinéma généralistes. Et après avoir pu voir le métrage et après avoir survolé certains avis, je me dis qu’il serait peut-être temps que certains sites mettent en place une modération plus poussée. Non pas que Kill Bok-Soon soit mauvais ou dénué d’intérêt, mais gonfler une moyenne voire accumuler certains avis mettant 10/10 car tel ou tel acteur joue dans un film, c’est inoffensif dans les faits, sauf que ce serait tout de même mieux si, sur un site de cinéma, on notait le film, et non pas l’acteur que l’on apprécie. Vous vous en doutez, si Kill Bok-Soon n’est pas un mauvais film, j’en ressors malgré tout avec une grosse déception, et le sentiment que ceux qui semblent avoir adoré le métrage ne l’ont pas aimé pour ce qu’il est, mais tout simplement pour le casting qu’il a choisi de mettre en avant. Vendu par certains comme le John Wick Coréen, il est en effet facile de faire le rapprochement, puisque notre héroïne est une tueuse, et tout un monde existe derrière sa profession, avec des sociétés, des contrats, une hiérarchie, des règles. Seulement le métrage fait le choix de ne pas nous offrir 2h17 d’action non-stop, mais de développer au sein de cet univers la relation entre Bok-Soon donc, tueuse professionnelle qualifiée avec un fort haut taux de réussite, et sa fille, adolescente qui se cherche au quotidien, dans ses relations amicales, amoureuses, dans ses études aussi. Ecole privée, camarades de classes un peu chiants, gentille relation avec une amie pour qui elle tombe amoureuse. Rien de neuf sous le soleil on nous dira, et c’est vrai.

Mais comme toujours avec la Corée du Sud, le métrage bénéficie pour mettre en avant son intrigue d’une mise en image solide. Magnifique photographie, effets de styles même s’il est vrai souvent totalement gratuits, mais quelques plans qui malgré tout, de temps en temps, nous font dire que oui, ça a de la gueule et que ce plan est magnifique. Une technique rodée mais il est rare de voir un film Coréen techniquement à la ramasse de nos jours. Mais l’aspect technique, on y reviendra quand il faudra toucher quelques mots sur l’action du titre. Si le fond, son intrigue, n’est pas nouvelle, le métrage tente de développer un minimum ces personnages, et ça, c’est plutôt bienvenu dans le fond. Même s’il semble quelque peu déséquilibré entre ces deux approches, celle de développer le social et celle d’en mettre plein la vue. Car passé une scène d’ouverture au final pas si impressionnante que ça, jouant beaucoup trop sur la stylisation environnementale plutôt que sur les chorégraphies, le film veut avant tout mettre en avant la vie personnelle de notre tueuse et ses difficultés à comprendre sa fille, ainsi que sur son lien avec les deux personnalités à la tête de la société où elle travaille, le tueur qui l’aura recruté plus jeune et sa sœur un brin manipulatrice et sadique. Un personnage dont j’aurais d’ailleurs voulu voir un peu plus à l’écran. Le métrage prend donc son temps, nous présente d’autres tueurs, une nouvelle recrue que Bok-Soon va devoir former, le tout entrecoupé des difficultés quotidiennes. Pourquoi pas, même si avec ses 2h17 au compteur, l’ensemble semble parfois un peu trop étiré. Ça tire quelque peu en longueur le temps de tout mettre en place, et si ce n’est pas désagréable, une impression assez classique de « tout ça pour ça » s’en ressent, mais pour certains, c’est souvent le cas avec ces métrages Coréens lorgnant bien trop souvent autour des 2h20.

Mais qu’importe, il reste l’action certains me diront. Sauf qu’au final, exception faite d’une scène sympathique dans un petit restaurant intervenant assez tardivement, c’est bien là ce qui m’aurait le plus déçu du métrage. Déjà car en voulant absolument focaliser son intrigue sur les à-côtés de la vie de Bok-Soon, l’action est assez rare et le point de non-retour de l’intrigue débarque malgré tout au bout de 1h20 environ, ensuite car chaque scène semble venir tirer ses inspirations ailleurs, et notamment, dans le cinéma Américain. Quand Bok-Soon visualise les différentes solutions au problème qui se tient devant elle, avant de faire le bon choix, comment ne pas penser à la même capacité chez Sherlock Holmes de Guy Ritchie. Quand la caméra se décide de filmer une fusillade dans un bar en un seul plan suivant les actions du personnage, comment ne pas penser à la scène de l’église de Kingsman de Matthew Vaughn. Quand tout à coup, deux personnages affrontent des tueurs dans deux salles communicantes et que la caméra se met à tourner autour de l’action en passant par des trous dans le mur, on retrouve tout simplement le plan signature d’un certain Michael Bay, qu’il avait utilisé dans le premier Transformers, ainsi que dans Bad Boys 2. Pas mal de moments clairement voulant impressionner et styliser l’action se retrouvent en fait à piocher leurs idées ailleurs, et souvent en moins bien, déjà car en moins surprenants, et donnent à Kill Bok-Soon un aspect patchwork pas toujours très bien pensé, un aspect de film de fan sans aucune réappropriation des différents éléments balancés ci et là dans le récit. Elle est là la grosse déception du titre. Encore une fois, un film pas forcément mauvais, qui peut faire passer le temps, mais ni une claque, ni impressionnant, mais plutôt avec cette sensation de déjà vue, de déjà vu ailleurs, et en mieux.