AN EYE FOR AN EYE (唯我獨尊) de O Sing-Pui (1990)

AN EYE FOR AN EYE

Titre Original : 唯我獨尊
1990 – Hong Kong
Genre : Policier
Durée : 1h29
Réalisation : O Sing-Pui
Musique : Lowell Lo
Scénario : Chan Kiu-Ying

Avec Joey Wong, Max Mok, Wilson Lam, Lung Fond, John Ching Tung, Ricky Yi, Leung Gam-San, Mai Kei, Melvin Wong et Lo Hung

Synopsis : Deux flics sont tous les deux amoureux de Wong Fung, la fille d’un important chef de triade. Lorsque ce dernier est arrêté par la police, Wong Fung est tout naturellement placée à la tête de cette gigantesque société. Des tensions s’installent entre elle et ses subordonnés. Mais un des gangsters, par avidité, la manipule et prend le contrôle de la compagnie.

Je n’avais jamais entendu parler de An Eye for An Eye, jusqu’à récemment, et me retrouve donc en possession de la bête, intégralement remasterisée, et il faut l’avouer, dans une copie absolument sublime. Pourtant, les polars made in Hong Kong, j’adore ça, et quand on jette un œil au métrage, on a de quoi être au moins intéressé. Déjà car niveau action, nous avons deux chorégraphes plutôt doués (Benz Kong To-Hoi, qui a bossé sur Magnificent Warriors ou Black Cat, et Poon Kin-Kwan, lui aussi sur Black Cat, ou Les Anges Déchus et As Tears Go By chez Wong Kar-Wai), bien qu’assez méconnus il est vrai, mais pas que. Niveau casting déjà, les connaisseurs seront immédiatement attirés par la présence dans le premier rôle de Joey Wong (Histoires de Fantômes Chinois), mais niveau seconds rôles, il y a aussi de quoi attirer, avec Max Mok (vu dans un tas de seconds rôles depuis 1983) et Wilson Lam en flics, Lung Fong en grand méchant sadique à la carrière s’étendant du début des années 70 au début des années 2000. Et pour compléter tout ça, on peut signaler que la bande son, certes pas toujours le point fort des productions HK, est signée par Lowell Lo (The Killer), ce qui est immédiatement un plus tant niveau sonore, il a souvent fait du bon boulot. Étonnant donc que An Eye for An Eye soit tombé dans l’oubli et était difficile à trouver pendant des années. Il est donc temps que le film sorte un peu de l’ombre, et justement, pour l’avoir vu, puis traduis, je vais vous en parler. Ceci dit, il faut aussi avouer que si le film était un peu oublié, son scénario doit y être pour quelque chose, tant le tout est finalement assez banal, et s’est retrouvé, lors de sa sortie, noyé parmi les dizaines et dizaines d’autres polars sortant sur les écrans HK, certains étant devenus cultes, d’autres étant honteux.

Mais An Eye for An Eye, aussi classique son intrigue soit-elle, a tout de même, niveau scénario, fait des efforts. Ces personnages sont bien définis, le duo de flic ainsi que la nouvelle chef de la Triade, Joey Wong donc, sont plutôt attachants et aident à s’intéresser à l’intrigue et à ses rebondissements, même si prévisibles. Il est donc question, évidemment, de triangle amoureux et de guerre de gangs. Comme souvent. Joey Wong, après l’arrestation de son père, se retrouve à la tête de la Triade. Ce point, central d’ailleurs, même si ne bouleversant pas la narration, est assez rare à mes yeux (une femme chef de Triade, dans un film n’étant pas un Girls With Guns). Et évidemment, comme elle sortait avec un flic bossant justement dans la brigade anti-triade, et bien ça coince fortement. Pour ne pas arranger les choses, il y a Chung, meilleur ami de notre héros flic, qui en pince aussi pour la belle Joey (on le comprend), et fait preuve de bien plus de tolérance envers les récents événements. Mais rassurez-vous, le film n’est pas une romance, on est bien dans un polar, avec des hommes de mains très méchants qui vont vouloir prendre possession de l’entreprise, une Joey Wong qui va en prendre clairement plein la tronche la pauvre, des règlements de compte bien brutaux qui se révèlent souvent être des scènes mémorables et marquantes, et une mise en scène finalement hyper sympathique qui fait passer le tout comme une lettre à la poste, le tout baignant dans une photographie typique de son époque, avec ses nuits éclairées aux néons et ces quelques filtres de couleurs bleutés. En réalité il n’y a clairement que son manque d’originalité que l’on pourrait lui reprocher.

Ou dans une moindre mesure, quelques rares moments, extrêmement courts, un brin too much, comme ce coup de batte de baseball lors du final. Dommage oui, tant le film s’inscrit dans un contexte brutal et réaliste. C’est pour ça d’ailleurs que les rares affrontements du film sont de grands moments. La première mise à mort entre les membres du gang, survenant assez tôt dans le métrage, en est un bel exemple de par sa brutalité. Même si tout ça, ce n’est rien comparé à la scène du règlement de compte, longue, commençant en intérieur avant d’amener le chaos dans le rue. Hallucinant. J’aimerais bien vous dire que ce que l’on retient, outre sa violence, c’est Joey Wong, décidemment incapable à rabaisser à l’écran tant elle est radieuse, même si les personnages l’insultent, la rabaissent, la frappent… Mais non, ce que l’on retiendra, ce sera Lung Fong, le « grand méchant » de toute cette histoire, cet homme avide de pouvoir, capable des coups les plus bas, de tromper tout le monde juste pour son propre intérêt. Le genre de personnage qui, minute après minute, va toujours plus loin, à tel point que le spectateur finira bel et bien par le détester, très vite, et qu’il marque. Du coup, on a malgré tout de bons personnages, des romances crédibles, des affrontements hyper violents et viscéraux, et une intrigue certes classique mais bien menée et qui fonctionne. Je recommande évidemment !