THANKSGIVING de Eli Roth (2023)

THANKSGIVING

Titre Original : Thanksgiving
2023 – Etats Unis
Genre : Slasher
Durée : 1h46
Réalisation : Eli Roth
Musique : Brandon Roberts
Scénario : Jeff Rendell

Avec Patrick Dempsey, Ty Olsson, Gina Gershon, Lynne Griffin, Karen Cliché, Nell Verlaque, Rick Hoffman, Derek McGrath, Katherine Trowell et Jalen Thomas Brooks

Synopsis : Après la tragédie d’une émeute du Black Friday, un mystérieux tueur inspiré par Thanksgiving terrorise Plymouth, dans le Massachusetts, le berceau de cette fête tristement célèbre.

Le slasher en ce moment, ça revient, même quand ce n’est pas glorieux. Ou plutôt, ça refuse de mourir, que ce soit avec de nouvelles licences (Terrifier et sa suite), ou d’anciennes qui prouvent qu’il n’y a plus grand-chose à dire ou à faire dans le genre (les nouveaux Halloween, les nouveaux Scream). Bon après, ça fonctionne au box-office, donc pourquoi les producteurs se priveraient. Dans le fond, cela prouve que le public, il veut toujours voir des jeunes cons se faire trucider de manière horrible. Mais si Terrifier et sa suite donnaient au public ce qu’il voulait (c’était méchamment gore et violent), pour les autres, c’était bien plus du pétard mouillé. On pensera au pétard mouillé Scream 6 en 2023, violent mais pas si gore que ça, et incroyablement stupide, en plus d’avoir peur de tuer ses personnages. Ou les deux derniers Halloween, allant à l’opposé l’un de l’autre, alors qu’ils font partie tous les deux de la même trilogie. Bref, on ne peut pas dire que le genre se porte bien. Et voilà que débarque, un peu sans prévenir, Eli Roth et son Thanksgiving, adaptation d’une fausse bande-annonce que l’on avait pour la plupart oublié. Eli Roth, c’est d’ailleurs un cas un peu spécial au niveau horrifique. Car souvent, les films ne tiennent jamais les promesses initiales (non, Hostel n’est pas insoutenable, et The Green Inferno ne sait pas rester assez sérieux pour être aussi choc que les films auxquels il rend hommage), mais est-ce que cela en fait des films désagréables pour autant ? Non, et c’est bien le paradoxe de son cinéma en général. Nous sommes toujours déçus, mais on ne passe jamais véritablement un mauvais moment. Et bien devinez quoi ? Oui, Thanksgiving, c’est exactement ça. Pas un grand film d’horreur, jamais aussi choc qu’il ne voudrait l’être, mais jamais désagréable.

Sanglant mais inoffensif, amusant mais jamais tordant non plus, divertissant mais oubliable, mais au final, meilleur que Scream 6 et c’est déjà bien lorsque l’on n’en attend rien. L’histoire ? Oh, du grand classique, il ne faudra pas chercher une once d’originalité là-dedans. Après une amusante ouverture où un drame a lieu pour le Black Friday, montrant de manière sans doute un peu trop réaliste la connerie monumentale de l’Américain moyen lors de ce fameux jour, le métrage reprend l’année suivante. Le groupe d’amis est forcément fracturé après les événements, et un mystérieux tueur va en profiter pour s’en prendre à tous ceux concernés de près ou de loin, un par un. Et donc, Thanksgiving, et bien, c’est divertissant. Jamais surprenant, incroyablement prévisible (oui c’est frustrant de deviner l’identité du tueur au bout de 20 minutes), sanglant, parfois un peu débile aussi comme souvent avec Eli Roth, mais néanmoins, assez rythmé, sanglant et honnête dans sa proposition pour divertir et faire passer un bon moment pendant 1h45. Tous les clichés du genre sont réunis dans le métrage, entre les fausses pistes, les parties de cache-cache entre le tueur masqué et divers personnages, les meurtres sanglants, ceux tellement gros qu’ils font sourire, et ce jusque la découverte de l’antre du tueur, la final girl, le petit twist final que l’on a vu venir à 30 kilomètres. Eli Roth et son scénariste connaissent parfaitement le genre, et respectent la formule établie depuis déjà si longtemps à la lettre, sans grosses fausses notes, mais sans jamais tenter de surprendre ou de dévier justement de cette formule que l’on connait forcément un peu trop bien aujourd’hui. Après, dans le fond, lorsque l’on voit certaines déviations actuelles (Halloween, Scream 5 et 6, le dernier remake de Black Christmas), on peut aussi se dire qu’être classique et prévisible, ce n’est pas si mal.

En réalité, la grosse déception du film, outre son côté classique, c’est que le métrage, avec sa narration façon Souviens-toi l’été Dernier, deviendrait alors presque gentillet, alors que sa scène d’ouverture, pas mémorable mais au ton tellement décalé que l’on pourrait la considérer comme du South Park en live. On passe d’un ton débile, méchant mais avec ce petit quelque chose (critique de la consommation, critique de l’Amérique, tout ce qu’on veut) avant de partir vers une simple petite vengeance prévisible, ponctuée de meurtres sanglants qui font plaisir certes, mais qui aurait au final pu être bien plus. Plus méchant, plus mémorable. Mais ne boudons pas non plus l’intégralité du film. Les meurtres restent violents, souvent over the top et donc amusants, et ils interviennent assez souvent pour ne pas ennuyer. Le reste a beau être un simple petit slasher de base sans grosses surprises, et parfois un peu gros, il se suit avec plaisir, sans fausses notes. C’est compétent visuellement, pas plus mal écrit qu’ailleurs, et ça ne détruit pas une mythologie comme beaucoup trop de suites tardives. On l’oubliera très probablement avec le temps, mais il amuse sur le moment et reste divertissant, ce qui est la moindre des choses à attendre d’un slasher certes. Maintenant la vraie question, c’est de savoir si les deux derniers faux trailers de Grindhouse vont devenir eux aussi un jour des longs métrages !