REVOLVER LILY (リボルバー・リリー) de Yukisada Isao (2023)

REVOLVER LILY

Titre Original : リボルバー・リリー
2023 – Japon
Genre : Policier
Durée : 2h19
Réalisation : Yukisada Isao
Musique : Hanno Yoshihiro
Scénario : Kobayashi Tatsuo et Yukisada Isao

Avec Ayase Haruka, Abe Sadao, Fukikoshi Mitsuru, Furukawa Kotone, Hamura Jinsei, Hasegawa Hiroki, Hashizume Isao, Ishibashi Renji, Itao Itsusji, Jesse, Nomura Mansai et Satô Jirô

Synopsis : En 1924 au Japon, Juri, qui a tué 57 personnes en tant qu’espion, disparaît en devenant la maquerelle d’une petite maison close. Mais sa rencontre avec un jeune orphelin détenant la clé vers une large somme d’argent ayant disparu de l’armée va faire ressortir ses talents.

Avec son titre et sa pochette, Revolver Lily m’avait fait de l’œil lors de sa sortie en Blu-Ray au Japon en Janvier 2024, cinq mois après sa sortie cinéma. Il m’avait tellement fait de l’œil que j’ai été jusqu’à l’acheter. Avant de me rendre compte que le film mettait en avant Ayase Haruka. Du coup, le Blu-Ray, il a trainé sur une étagère, exactement comme je le faisais en France, attendant cinq longs mois avant que je ne me décide à me lancer, avec crainte, même si, en voyant le nom du réalisateur, l’espoir revenait un poil. Yukisada Isao, après tout, ce sont des films comme Parade, River’s Edge, Closed Note, et quelques intéressants pinku. Pouvait-il sauver le film ? Si Kurosawa avait su livrer un honnête film avec Real et ce malgré la présence dans le premier rôle de Ayase Haruka, tout était possible. Et bien malheureusement, tous les défauts et toutes les qualités du film se sont presque retrouvées pile là où je les attendais, pour un résultat pas mauvais, mais extrêmement décevant, parfois laborieux, et au final, très vite oubliable. Mais déjà, avec ses 2h19 devant mettre en avant Ayase Haruka comme une tueuse professionnelle reconvertie en patronne de bordel, le film se tire carrément dès le départ une balle dans le pied. Pas la seule, mais sans doute sa plus grosse, l’actrice n’ayant vraiment pas les épaules pour un tel rôle. Pour le rendre crédible. Pour tenir le film sur ses épaules, un film avec une telle ambition, historique. Et pourtant, on s’en rend compte et ce dès l’ouverture, mais des qualités, le film en a également.

Des qualités visuelles déjà. Si tous les CGI ne sont pas au point, pour le reste, c’est très réussi, appliqué. La mise en scène de Yukisada Isao est de très bonne facture, la reconstitution d’époque souvent bluffant et très jolie à regarder, et une poignée de scènes s’en sortent très bien grâce à ces quelques éléments. Souvent d’ailleurs, ce sera lorsque l’actrice sera filmée de loin, ou ne sera pas le seul élément important à l’écran. On pensera à ce rapide combat au couteau, de nuit, sur un ponton, qui a clairement de la gueule et bénéficie de quelques belles chorégraphies, ou encore de ce passage dans la brume dans la dernière partie. Néanmoins, ces moments de grâce, ils sont bien trop rapidement éparpillés dans le récit, bien trop éparpillés, et entre les deux, et bien ce n’est pas toujours la joie. Quelques beaux plans et de beaux décors ne peuvent pas tout sauver après tout, et Ayase Haruka n’est plus le seul poids lourd à bord du navire. Oh non. Le film a beau adapter un roman, le scénario, écrit à deux, se montre extrêmement brouillon, et ce dès le début. Si encore la première partie du métrage, présentant les personnages et posant les enjeux, ne pose pas de réel souci, par la suite, c’est une autre histoire, et le film accumule alors les choix étranges dans sa narration qui viennent le desservir, et surtout, accuse de très méchantes baisses de rythme. A tel point que suivre Revolver Lily n’est pas toujours bien passionnant, entre une intrigue qui a parfois du mal à démarrer, à trouver son rythme, et quelques choix qui viennent encore une fois ralentir le tout, plutôt inutilement.

Le pire étant bien entendu que lorsque l’on s’ennuie quelque peu devant un film, ces défauts nous sautent immédiatement bien plus rapidement aux yeux, et on les pardonne moins. Outre son scénario brouillon, son rythme bancal et son actrice principale pas vraiment bonne, Revolver Lily a aussi contre lui des séquences d’action allant du bon au raté. Le bon, il a déjà été évoqué plus haut, lors de ses combats à mains nues, ou lorsque ça mise sur l’ambiance. Mais parfois, le film se veut plus ambitieux, avec par exemple un assaut de l’armée sur la maison où travaille notre personnage, et là, on assiste à une fusillade assez molle, avec des ennemis tirant aussi bien que des stormtroopers. Du coup, ça s’éternise, et ce que le film voulait être, à savoir, avoir une certaine crédibilité historique, fou le camp face à cette multitude de petits faux pas. Et arrivé au bout des 2h19 qui constituent le film, on ne peut qu’être un peu triste de voir le réalisateur se fourvoyer dans ce genre de gros films de studios. Pire encore, on peut se poser des questions, en voyant que Ayase Haruka n’a absolument pas évoluée, après plus de 15 ans dans des films, souvent à gros budgets, et auprès de réalisateurs au départ pas mauvais du tout, que ce soit Kurosawa, Yukisada ici, ou encore à l’époque Nakata, lorsqu’il n’était pas encore tombé dans les limbes. Revolver Lily en tout cas, ça a malgré tout quelques beaux restes, mais c’est trop laborieux pour être recommandé.