Titre Original : Kinema Junjo – キネマ純情
2016 – Japon
Genre : Comédie
Durée : 1h22
Réalisation : Iguchi Noboru
Scénario : Iguchi Noboru
Avec Hon Yuni, Arakawa Minori, Yanagi Anna, Ueno Sumire, Nakamura Asaka, Yamamoto Airi, Haruno Miko et Ohbu Ayaka
Synopsis : Yoshie est membre du club de théâtre de son lycée. Forcée par sa sœur Keiko, elle se retrouve à jouer dans le minuscule film indépendant de son amie Akari et de la présidente du club de théâtre Aki. Mais la réalisatrice, Naomi les pousse à bout psychologiquement.
Si pendant bien 15 ans, le cinéma d’Iguchi Noboru était parfaitement identifiable, les choses changent. Oui, Iguchi, n’importe qui ayant vu ses métrages sait en général à quoi s’attendre, entre les petits films pervers de ses débuts, puis la vague de métrages comico gore qu’il a un peu lancé malgré lui en signant The Machine Girl en 2008. Les métrages, Iguchi les a enchainés par la suite, en gardant toujours sa ligne de conduite, entre délires légers et métrages plus sanglants. Evidemment, quelques films s’en sortent dans le lot (niveau fun débile, Zombie Ass, et en grotesque plus sérieusement emballé, Tomie Unlimited), mais en général, les défauts habituels du réalisateur prennent le dessus. C’est souvent trop long, filmé n’importe comment, lourdingue, et on se retrouve avec des métrages insupportables comme Robogeisha ou Nuigulumar Z. Deux traumatismes dont je ne suis toujours pas remis. Mais sans prévenir, Iguchi a commencé à changer. En adaptant un roman populaire avec Live (bancal, imparfait, trop long, mais plaisant), ou en signant un sketch pour un film sur le groupe The Blue Hearts, ou encore tout récemment en adaptant un manga populaire avec The Flowers of Evil, sans doute objectivement son meilleur métrage. Et bien Devotion to Cinema, qu’il signait en 2016, c’était déjà plus difficile à cerner. Scénariste et réalisateur comme souvent, Iguchi met en scène un groupe de lycéennes qui veulent faire leur propre film, avec les moyens de bord. Et au départ, je dois bien admettre que malgré des défauts récurrents du réalisateur, on devient curieux, on veut savoir où tout cela va nous mener, entre relations tendues, une réalisatrice tyrannique avec son équipe, un possible triangle amoureux mettant des tensions sur le tournage du petit film, ou encore l’apparition d’une femme aux cheveux longs et au teint livide.
Oui, nous sommes curieux, et prêts à passer sous silence le jeu approximatif des comédiennes (idoles ? une partie du casting va se fourvoyer deux ans plus tard dans le film Ghost Squad toujours pour Iguchi), ou la photographie faisant presque film naturel, voire par moment amateur, ce qui en réalité, fait peine à voir pour un film voulant justement parler de cinéma. Mais malgré tout, oui, le film met en place des pistes intéressantes, et si une bonne partie du casting semble peu à l’aise, nous avons Nakamura Asaka en réalisatrice tyrannique qui s’en sort très bien, et réhausse le film. Ça a beau ne pas être très bien éclairé, la caméra a parfois quelques élans créatifs qui eux par contre font plaisir à voir, et laisse à penser qu’Iguchi a bien des choses à nous dire. Et durant une première demi-heure, on suit les aventures de nos apprentis vidéastes, leurs déboires, leurs tournages qui tournent au drame, entre blessures et baisers lesbiens (Iguchi oblige). Mais rapidement, l’autre gros défaut d’Iguchi rejoint le récit. C’est beaucoup trop long (1h21 seulement pourtant), et ça ne sait pas vraiment où aller. Ou bien tout cela veut aller partout à la fois, ce qui donne un aspect de gros bordel désordonné pas toujours plaisant ou intéressant à voir. Si bien qu’au fur et à mesure des minutes, ce que l’on pardonnait au départ en laissant le bénéfice du doute au métrage devient de vraies lacunes difficiles à passer sous silence. Et comme le spectateur n’a plus de réel élément sur lequel s’agripper pour le reste de l’aventure, puisque le film même à l’intérieur du film part dans des directions parfois contradictoires, Devotion to Cinema devient pénible, et un ratage de plus dans la longue liste des ratages d’Iguchi.
On a souvent l’impression, plus les minutes défilent, qu’Iguchi lâche prise, et abandonne ses prémices d’origine pour revenir vers ce qu’il aime, à savoir des jeunes idoles qui vont s’embrasser, les unes après les autres. Une quelconque recherche ou bien réflexion sur le cinéma, sur la création, sur notre manière d’aborder l’art ? Rien de tout ça ici. Une comédie sur les abus d’une femme réalisatrice (point assez rare pour le souligner) ? Oui, mais tout cela mène à quoi ? Pas grand-chose. Et ce fantôme qui apparaît en arrière-plan sur les différents plans de nos apprenties vidéastes ? Elle est présente, puis parfois disparaît du récit pendant 30 minutes sans que cela ne change quoi que ce soit, avant de revenir pointer le bout de sa chevelure. La seule possibilité, c’est qu’Iguchi a tout simplement livré un métrage pour mettre ses idoles en avant, et en a profité pour mettre des baisers lesbiens un peu partout pour rester fidèle à sa réputation, et c’est tout. Rien de palpitant, rien de vraiment beau à l’écran, aucun éclair de génie passé ses prémices prometteuses, rien de vraiment drôle dans ses tentatives d’humour lourdingues. Peut-être juste moins insupportable que d’habitude grâce au ton légèrement naïf du récit. Par contre, on aura droit aux obligatoires plans culottes ! Pleins, gratuits, furtifs, au ralenti, en gros plan, en plan large…

Les plus
Le début plutôt prometteur
Pleins de plans culottes
Les moins
Que ça joue mal
Que c’est mal filmé
Que c’est lourd
Que ça part dans tous les sens
En bref : Iguchi livre un bien étrange et mauvais film, semblant être fait pour mettre ses actrices en avant, mais qu’il dynamite avec ses obsessions et fantasmes, avant de saboter lui-même le film avec de l’humour raté et en partant dans 40 directions à la fois.
| A FEW WORDS IN ENGLISH | |
| THE GOOD | THE BAD |
| ♥ At first, it looks promising ♥ Lots of panties |
⊗ The acting is terrible ⊗ Badly filmed ⊗ It’s often cringe and annoying ⊗ It goes in every direction |
| Iguchi delivers a strange and bad film, it looks like it was made just to film actresses and their panties, with the usual fantasies of the director, before destroying his own film with bad jokes and with 40 different plots. | |


















