MOTHER OF TEARS (La Terza Madre) de Dario Argento (2007)

MOTHER OF TEARS

Titre original : La Terza Madre
2007 – Italie
Genre : Fantastique
Durée : 1h42
Réalisation : Dario Argento
Musique : Claudio Simonetti
Scénario : Dario Argento, Jace Anderson et Simona Simonetti

Avec Asia Argento, Cristian Solimeno, Adam James, Moran Atias, Daria Nicolodi et Udo Kier

Synopsis : Sarah, jeune américaine étudiant l’art à Rome, ouvre malencontreusement une urne maléfique, d’où s’échappe la pire sorcière de tous les temps. Les sorcières du monde entier se rendent alors à Rome pour rendre hommage à leur chef, tandis que Sarah use de son pouvoir psychique pour tenter de contrecarrer les plans de la sorcière…

Vingt huit ans déjà. Vingt huit ans depuis la réalisation de Inferno, le second opus de la trilogie des Trois mères, qui faisait suite à Suspiria réalisé en 1977. Vingt huit ans que l’on attendait le métrage sur la dernière mère, la mère des larmes, mais également que l’on craignait ce métrage. Il faut dire que depuis la moitié des années 80, Argento n’a cessé d’évoluer entre le très bon et le beaucoup moins bon. Du côté des bons, il y a eu Ténèbres, Phenomena, Le syndrome de Stendhal et Le sang des innocents. Pour les autres, Opera souffrait d’un scénario mauvais (malgré une réalisation exceptionnelle), Trauma et Card player n’étaient que de sympathiques petits films de genre auxquels il manquait une âme, et nous ne parlerons même pas du plus gros ratage d’Argento, Le fantôme de l’opéra. On avait donc un peu peur que ce nouvel opus, devant clore la trilogie des trois mères, et donc, faisant suite à deux fantastiques films, ne se situant pas du mauvais côté de la balance. Lors de sa sortie italienne, les critiques furent plutôt mauvaises, et l’accueil plutôt froid lors de sa présentation au festival de Gérardmer. On pouvait donc craindre le pire, et finalement, oui, Mother of Tears est une énorme déception, lorgnant beaucoup plus du côté du navet (ou du nanar involontaire) que du grand film venant clore une trilogie. Faisant suite à Suspiria et Inferno, Mother of Tears n’en conserve peu de choses, ce qui n’est peut être pas si mal. Argento ne va pas tenter de faire une nouvelle fois le même travail (Inferno ressemblait parfois un peu trop à Suspiria à mon goût) et va mettre en scène cette nouvelle mère dans un environnement plus crédible, plus classique dirons-nous, moins surréaliste. En quelque sorte, Argento va tenter, tout se permettant des hommages à ses propres métrages et à d’autres du cinéma de genre italien des années 80, mais également à des écrits ou peintures, de situer son film dans un univers plus froid, plus actuel, comme il le faisait dans ses derniers films. Finit les couleurs primaires des deux premiers films. Argento, avec beaucoup de courage, modernise son histoire, et l’ironise quelque peu (parfois volontairement, parfois non, malheureusement), mais il le vulgarise également, et ne le maîtrise pas franchement. Absolument pas en fait.

Par certains aspects, on pourra tout de même dire que Argento est en forme, après un Card Player absolument pas sanglant et parfois un poil trop classique. Et par d’autres, comme le scénario, le rythme, certaines idées, la direction des acteurs, on retrouve un Argento à côté de la plaque, même si comparé à un Giallo qu’il fera juste après, nous ne sommes pas encore tout en bas du panier. Le ton est donné lors de l’ouverture, avec ce générique orné de peintures diverses rappelant les précédents opus ou les images picturales du Syndrome de Stendhal. Le tout accompagné par la musique, absolument magnifique, de Claudio Simonetti (pour ceux qui ne connaissent pas, il faisait parti des Goblin, qui a composé la musique de Suspiria, Zombie, Les frissons de l’angoisse, avant qu’il ne continue sa carrière en solo, et qu’il ne compose les bandes sons de Opera et Card Player). Le ton est donné, le film peut commencer, et frappe fort, très fort, dés les premiers instants, à la fois par la sauvagerie et le côté nanar qui semble assumé du premier meurtre que par la platitude de sa mise en scène et ses choix. Niveau meurtres visuels, oui, Argento est en forme, laissant son imagination faire ce qu’il souhaite. Pas de temps à perdre, le scénario ira lui aussi à l’essentiel, pour le meilleur, mais également pour le pire. Excellente initiative, afin de moderniser un peu son récit, et la vision de cette dernière mère, la plus cruelle, Argento n’enferme pas son histoire dans un lieu unique (comme c’était le cas dans Suspiria et Inferno), mais dans la ville de Rome. Une urne est trouvée dans un cercueil, et son ouverture va libérer les forces maléfiques, et redonner à la mère des larmes ses forces. Le chaos va alors pouvoir régner sur Rome, où toutes les sorcières vont se réunir afin d’y installer le chaos le plus total, la décadence. Dans un sens, l’idée n’est pas inintéressante, loin de là, mais à l’image, c’est chaotique et parfois catastrophique, avec quelques figurants jouant la folie de manière stupide dans les rues de la ville. A force de trop moderniser son récit, les dites sorcières deviennent totalement ridicules également, abordant un look aguicheur et se comportant comme des salo**s.  Cette nouvelle vision déçoit totalement, Suspiria et Inferno ne montraient pas cet élément de l’histoire, et finalement, ça fonctionnait mieux. Mais il y aura d’autres fautes de goût, outre le look des sorcières, le chaos s’abattant sur Rome étant parfois ridicule, la faute à un manque de budget, ou d’ambitions, ou une panne d’inspiration…

Niveau acteurs, c’est en quelque sorte un petit retour aux sources, puisque l’on retrouve dans le rôle principal Asia Argento, la propre fille de Dario. Elle n’est pas à sa première collaboration avec son père, puisqu’il l’avait déjà dirigée dans Trauma, Le syndrome de Stendhal et Le fantôme de l’opéra. Même ces débuts dans le monde du cinéma ont été effectués sous l’œil attentif de son père à la production (Sanctuaire, Démons 2). En second rôle, c’est avec un plaisir non dissimulable que l’on retrouve, tout d’abord, Daria Nicolodi, co-scénariste de Suspiria et actrice dans de nombreux films de Argento, mais également son ex-femme. On retrouve également Udo Kier, figure importante du cinéma fantastique des années 70 et 80, qui faisait déjà une apparition dans Suspiria. Ici, il joue un prête au destin quelque peu tragique, qu’Argento ne se privera pas pour étirer en longueur, pour le plaisir de nos yeux. Pas grand chose à dire pour le reste du casting, inconnu. Malheureusement, il faut bien l’avouer, tout le monde joue mal. Extrêmement mal. Les dialogues sonnent faux, certains semblent peu à l’aise en anglais, d’autres pas du tout concernés, c’est presque une catastrophe totale. Heureusement, Asia est  toujours aussi belle, mais ça ne fait pas tout. Mais Mother of tears n’est pas un film que l’on regarde pour la prestation des acteurs, mais pour le spectacle visuel, et dans une moindre mesure, scénaristique, qu’il a à nous proposer. Seulement, au niveau du scénario, le bon va côtoyer le moins bon. Outre la représentation des sorcières différente de l’idée que l’on pouvait en avoir avec les deux premiers films, le scénario va insérer un petit singe dans l’histoire, qui servira à repérer les proies des sorcières. Dans sa course contre la montre pour la survie, Sarah (Asia Argento) devra faire attention aux sorcières, mais également à ce satané petit singe, que l’on verra finalement bien peu, heureusement tant il est ridicule. Des idées comme ça, le film en a à la pelle, et selon l’humeur, on pourra en rire, ou en pleurer.

La mère des larmes était censée être la plus cruelle, et face aux images du métrage, aucun doute à ce sujet, tant le sadisme et la sauvagerie des meurtres dépassent de loin Suspiria et Inferno. Argento va alors se permettre de mélanger sang et sexe, comme il commençait à le faire dans Jenifer pour la série Masters of horror, et les atrocités iront parfois loin (un empalement au niveau du vagin, des orgies se terminant dans le sang). Cette vision cauchemardesque de la sorcellerie fait mouche par moment, tout comme la violence grandissante dans les rues de Rome, montrant à grand coup de métaphore ce que notre société et les instituions religieuses sont en train de devenir. Dans un certain sens, comme dans les deux premiers opus, Mother of tears souffrira d’un final bâclé et surtout, vite expédié, nous laissant quelque peu sur notre faim. Ajoutons à cela des effets parfois ratés dés que ceux ci sont numériques (un homme en feu parcourant Sarah dans les escaliers d’un appartement, peu crédible), et d’autres idées mal venues (la mère de Asia Argento revenant en fantôme, ridicule).

Les plus

Quelques meurtres bien gore
Quelques idées sympas
On rigole si on est dans le bon ton

Les moins

Des idées ridicules
Des effets numériques atroces
Des acteurs à côté de la plaque
Un côté vraiment poussif et très nanar

En bref : Des défauts de scénario, des effets numériques ratés et un final expéditif, avec en plus des idées ridicules et autres. Mother of Tears déçoit le fan et ceux qui attendaient un chapitre final, mais on peut en rire, parfois.

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