LE PORTRAIT DE DORIANA GRAY (Die Marquise Von Sade) de Jess Franco (1976)

LE PORTRAIT DE DORIANA GRAY

Titre original : Die Marquise Von Sade
1976 – Suisse
Genre : Érotique
Durée : 1h19
Réalisation : Jess Franco
Musique : Walter Baumgartner
Scénario : Jess Franco

Avec Lina Romay, Monica Swinn, Raymond Hardy, Peggy Markoff, Martine Stedil et Andrea Rigano

Synopsis : Doriana Gray est une éternelle jeune femme vivant recluse eu Europe. Une journaliste vient l’interviewer. Elle lui révèle la vérité, pourquoi elle vit cachée du monde, et cachée de sa sœur jumelle, nymphomane se nourrissant de l’énergie sexuelle des humains, les faisant ainsi mourir.

Jess Franco est un petit malin. Parfois, il commençait le tournage d’un film sur le tournage du précédent sans que personne ne soit au courant, avant de montrer le résultat au producteur, qui allongeait alors (ou pas, d’où des films inachevés) l’argent pour compléter le métrage. Dans le cas de ce Doriana Gray datant de 1976, c’est une autre histoire, puisqu’il adapte, très librement, à la fois Le Portrait de Dorian Gray mais également les écrits de Sade. À l’écran, on aurait plus souvent envie de dire qu’il s’agît tout simplement ici d’une relecture de La Comtesse Noire qu’il avait tourné en 1973 déjà avec Lina Romay. Un film qui m’avait profondément… endormi ! Oui, la période de Jess Franco commençant grosso modo en 1973 n’est pas la période que je préfère de l’auteur, même si il signait en 1973 ce qui est à mon goût l’un de ses meilleurs film, du moins dans son montage espagnol : Al Otro Lado Del Espejo (Le Miroir Obscène). Mais en bon fan que je suis, il faut parfois se dévouer et être curieux. Pour le coup, je ne regrette pas, même si Doriana Gray ne m’a pas totalement convaincu. Mais en tout cas, il m’a beaucoup plus convaincu que La Comtesse Noire. Reprenant grosso modo la même histoire, Jess Franco semble s’amuser à changer quelques rares éléments, afin d’augmenter à la fois les défauts de l’œuvre originale, mais également ses qualités. Et le pire, c’est qu’une sorte de magie intervient, car cet équilibre semble beaucoup moins fragile.

Ici, Lina Romay joue Doriana Gray. Comme pour la Comtesse Noire, elle vit recluse, elle a son valet, elle marche souvent nue ou recouverte d’un voile de couleur transparent, elle se masturbe. Une fille normale donc !! Normale dans l’univers de Jess Franco. Différence, ici, la jeune femme ne sera pas muette. Comme pour La Comtesse Noire, une autre jeune femme viendra pour l’interviewer. Bon point, Franco peut déjà construire son récit, du moins une partie, autour de ces deux femmes, puisque le dialogue est présent. Doriana Gray n’est donc pas qu’une accumulation de scènes de sexe. Attention, le sexe est présent, bel et bien présent, plus que jamais même. Et ces scènes sont, à mon goût, parmi les ratages du métrage. Franco comme toujours use et abuse du zoom, filmant Lina Romay en gros plan, sous toutes les coutures, nous présentant son intimité avec des plans très rapprochés et pas forcément de bon goût. Oui, un pas de plus est franchit, Doriana Gray, dans ses scènes explicites, ressemble à un porno.

Mais à côté, Jess Franco réussit son film, et le sauve totalement. C’est bien simple, sa mise en scène, à base de zoom, de flous volontaires, vient donner une atmosphère étrange à son métrage, une atmosphère onirique. On se croirait souvent devant un rêve, témoins d’instants figés dans le temps. Étonnement, ces longs moments, où Doriana Gray discute, se fait interviewer, se révèle un peu, voir même déambule le regard vide mais avec une vraie présence à l’écran, ce sont ces nombreux instants dans le métrage qui contiennent une vraie charge érotique. Ces échanges de regard, cette attente. Là, Jess Franco réussit clairement son métrage, l’encre dans le genre fantastique alors que cet aspect est si peu présent à l’écran. Walter Baumgartner, qui avait déjà travaillé avec le réalisateur sur quelques films (et continuera) livre un enveloppage musical simple, mais contribuant encore une fois à livrer une atmosphère onirique au métrage. Alors oui, si l’on retire les scènes de sexe, ou du moins les plans ouvertement pornographiques, Le Portrait de Doriana Gray perd facilement la moitié de sa durée. On pourra aussi critiquer son final, ramenant encore une fois à La Comtesse Noire. Mais si l’on supprime tout ça du récit, que reste-t-il ? Et bien la moitié du métrage, avec sa superbe ambiance, une Lina Romay avec une présence divine, une tension érotique constante. Un film d’extrême donc !

Les plus

Une belle atmosphère onirique
Lina Romay
Le style Jess Franco

Les moins

Les scènes de sexe, vulgaires et ratées
Le final

En bref : Relecture de la Comtesse Noire, Jess Franco en amplifie les défauts et les qualités, mais y trouve un meilleur équilibre.

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