LOVE EXPOSURE EXTENDED TV CUT (愛のむきだし 最長版 THE TV-SHOW) de Sono Sion (2008)

LOVE EXPOSURE EXTENDED TV CUT

Titre original : Ai No Mukidashi – 愛のむきだし 最長版 THE TV-SHOW
2008 – Japon
Genre : Drame
Durée : 4h35 (découpés en 10 épisodes)
Réalisation : Sono Sion
Musique : –
Scénario : Sono Sion

Avec Nishijima Takahiro, Mitsushima Hikari, Andrô Sakura, Watanabe Atsurô, Watanabe Makiko et Shimizu Yutaka

Synopsis : Yu est un fils modèle, qui ne fait jamais rien de mal. Sa mère meurt quand il est jeune, et son père décide de devenir prêtre et rejoint l’église catholique. Tout bascule lorsque son père rencontre Kaori et en tombe amoureux. Kaori le quitte après trois mois et le père se métamorphose, faisant souffrir son fils et le forçant jour après jour à se confesser… sauf qu’il n’a rien à confesser. Yu va d’abord inventer, puis comme pour faire plaisir à son père, faire tout son possible pour pécher. Mais sa vie ainsi que celle de son père va basculer avec l’irruption dans leur vie de la belle Yoko, enfant victime des assauts de son père, et Aya, travaillant pour une secte, l’église Zéro.

Tout le monde connaît mon amour pour Love Exposure, film monstre de Sono Sion datant de 2008. Découverte du film au hasard à l’époque, véritable claque rejoignant le panthéon des films que je place tout en haut du panier. Ces films ayant peu de défauts, et que l’on passe clairement outre face à la puissance de l’œuvre, à son émotion, ses thèmes, sa complexité. Oui, Love Exposure a rejoint le panthéon de mes films favoris, aux côtés de Twin Peaks Fire Walk With Me et de Donnie Darko. Je n’ai pas le titre du film en Kanji tatoué sur l’avant bras gauche pour rien, mais là, je m’égare. Mais de base, Love Exposure, ce n’est pas le film facilement accessible pour le grand public. De par sa durée déjà, 3h57. De par son mélange de genre, passant du drame à la comédie, au film social au film sur la religion ou la sexualité, et n’ayant pas peur de tous les excès. Et puis, un film n’appartenant qu’à son auteur. Une voix off constante et un découpage en chapitres comme dans Noriko’s Dinner Table, des changements de tons, de style, et dans les deux rôles principaux, deux idoles, Nishijima Takahiro et Mitsushima Hikari, desquels le réalisateur tire le meilleur, quitte à les malmener quelque peu sur le tournage, qui ne fut pas de tout repos. Et pourtant, aujourd’hui, Love Exposure a participé à forger la réputation du réalisateur à l’international, et se retrouve même très souvent cité dans les listes des 100 films à voir avant de mourir, rien que ça. Un tel engouement que le film a été remonté pour être diffusé comme une série TV au Japon, et ayant eu droit à son Blu-Ray, remasterisé, en 4K, contenant donc les 10 épisodes de 30 minutes, et avec une durée qui passe donc de 3h57 à 5h35. Ah ça, ça ne plaisante pas, et cette version dont je vous parle aujourd’hui est à réservé aux fans du film, et à ceux qui ont du temps. Même si son découpage en 10 épisodes d’environ 30 minutes, en plus de son découpage narratif en 5 chapitres rend l’ensemble facilement regardable par petits bouts. Mais c’est surtout l’occasion pour moi de vous reparler de ce film, des années après mon précédent article concernant la version cinéma de 3h57.

Bon alors, qu’est ce que ça donne, si on allonge tout ça de plus d’une heure ? Premier point, l’aspect visuel 4K. Love Exposure n’a jamais été aussi beau, et ce malgré son tournage en 1080p (donc, en 2K) et pour certaines scènes, en 16mm. Les couleurs sont éclatantes, l’image précise, et pour certaines scènes, on a clairement l’impression de redécouvrir le métrage. Même chose au niveau du son. Techniquement, sans doute la meilleure manière de découvrir, ou bien de redécouvrir le film. Le fond du film, avec ses très nombreux ajouts donc, reste passionnant de bout en bout, abordant des thèmes variés, des tons variés, des styles variés, mais le tout retombant quasi miraculeusement sur ses pattes en reliant le tout. La famille (dysfonctionnelle, comme toujours chez Sono Sion), la religion, en particulier le Christianisme, l’amour, l’acceptation de soit, la perversité, les sectes, la sexualité et tant d’autres choses. Tout ce qui était présent dans la version cinéma l’est toujours dans sa version longue. À cela, certains diront qu’il n’était donc sans doute pas nécessaire de sortir une version allongée, si elle n’ajoute rien au propos. Pourtant, en plus de se regarder de manière tout aussi fluide que la version cinéma, les ajouts donnent un plus au métrage. Non pas dans ses thèmes abordés, mais dans ces personnages. Le personnage de Koike notamment, travaillant pour l’église zéro, haut placée dans une secte, et qui jette son dévolu sur nos deux personnages principaux et bien différents, Yu et Yoko, a droit à un développement qui lui donne presque un nouveau visage. La version cinéma s’attardait déjà sur son passé au début du chapitre 2, mais ici, elle dévoile aussi par moment un côté plus doux, plus fragile, ce qui la rend plus humaine. Quand à ses deux amies qui la suivent partout, il faut avouer que l’on ne savait strictement rien d’elles. On les découvre cette fois-ci dans des flashbacks, recrutées par Koike, et donc, nous avons un court aperçu de leur vie d’avant. Le bon point, c’est que ces ajouts, ces nouvelles scènes, voir parfois ces bouts de scènes s’insèrent parfaitement dans le récit, mais aussi dans le montage.

Malgré le côté parfois désordonné du montage, brusque, déjà présent dans la version cinéma, Sono Sion fait preuve d’une belle maitrise. Un bordel organisé en quelque sorte ? C’est exactement ça. Un métrage qui n’hésite pas le temps d’un chapitre entier d’une trentaine de minutes de nous développer un personnage avant de revenir à son intrigue, qui n’hésite pas du coup à changer également de narrateur en fonction du personnage, à passer de moments doux à des moments beaucoup plus durs, à parler de Jesus comme s’il était aussi cool que Kurt Corbain, de mettre en relation le grand amour avec le fait d’avoir une érection, et de parler des travers autant de certains milieux comme la religion, que d’autres comme celui des AV. Mais là, je m’égare et repart de nouveau sur le fond, passionnant, du métrage, plutôt que de vous parler de cette version longue. En réalité, cette version longue, qui peut encore plus faire peur de par sa durée, y gagne également en terme de structure, de nombreuses scènes se retrouvant, grâce aux ajouts, avec des scènes miroir apparaissant bien plus tardivement, et absentes de la version cinéma. Même en terme de narration, là où certains éléments pouvaient paraître quelque peu rushés dans la version cinéma, bien que l’on n’y faisait pas du tout attention face à la générosité de l’ensemble et la multitudes de sujets abordés, ici, les événements s’enchainent parfois de manière plus logique et nous en disant bien plus sur les personnages. Une petite perle parfaite ? À mes yeux, oui, encore une fois. Surtout que ma plus grande peur était de voir tout simplement les scènes coupées présentes sur divers Blu-Ray se retrouver tout simplement insérées dans le métrage. Hors non, ici, un choix a été fait, des choix de montage, de narration, pour insérer le tout proprement, quitte à faire parfois quelques choix, payants. À savoir insérer des bouts de scènes pile là où il faut, remixer le tout, retravailler la bande son, quitte à sacrifier également quelques moments. Dans sa version Extended, ou TV Cut en tout cas, Love Exposure conserve tout ce qui faisait le sel du métrage, sa sève. Yu va toujours faire des péchés pour son père, le prêtre qui a une relation interdite, Yoko déteste toujours les hommes et se croit lesbienne, Koike va toujours manipuler tout ce bon monde, et finalement, tout le monde va en apprendre bien plus sur le monde qui les entoure, sur eux-mêmes, sur l’amour, quitte à faire quelques détours dans des mondes qui ne sont pas les leurs, qui ne leur correspondent pas, se mentant alors à eux-mêmes.

C’est complexe, c’est passionnant, le rythme est parfait, même lorsqu’il se calme sur la seconde partie et n’hésite pas alors à se poser un peu plus (avec même des plans larges caméra sur pieds), et on passe d’un sentiment à un autre. Parfois, on rigole de bon cœur, comme lorsque Yu se déguise en Sasori (la Femme Scorpion), ou bien son entrainement pour prendre des pantsu shot (plans de petites culottes dans la rue), à d’autres moments, l’ambiance se fait bien plus lourde (la première rencontre avec Koike, la scène dans le bus), par moment juste belle, et à d’autres, les larmes ne sont pas loin… Voir totalement là pour moi, comme sur la scène de la plage, ou le final. Et reconnaissant également le flair de Sono Sion pour avoir embauché deux idoles sur qui personne n’aurait parié à l’époque, moi le premier, en particulier Mtisushima Hikari, vue auparavant dans… Rebirth of Mothra 2 lorsqu’elle était enfant, et les deux métrages à l’allure de téléfilms Death Note en 2006. Ici, elle explose à l’écran, nous fait parfois pleurer, et continuera par la suite une carrière intéressante, souvent portée vers le cinéma indépendant (Sawako Decides, Villain, le remake de Hara-Kiri pour Miike, Rabbit Horror pour Shimizu, le drame sur l’homosexualité Kakera). Bref, si vous n’avez jamais vu Love Exposure, foncez, peu importe la version, bien que pour éviter les coupes toutes les 30 minutes avec un mini générique, je conseillerais plus la version cinéma. Mais encore aujourd’hui, 13 ans après, et face à la timidité générale au cinéma, autant au Japon que dans le monde, Love Exposure reste une œuvre forte et rare, celle qui déborde d’idées dans tous les coins, parfois au sein d’une même scène voir d’un même plan, et qui montre bien que lorsqu’un auteur s’exprime avec tout un panel d’émotions variées et une liberté totale dans le ton, cela donne un film d’une intensité assez rare, et qui nous happe, quitte à regarder 4 ou 5h d’affilé, peu importe l’heure qu’il est.

Les plus

Les personnages attachants
La multitude de thèmes abordés
Les changements de ton
Prenant de bout en bout malgré sa durée
Les acteurs souvent parfaits
Parfois, on rigole énormément
Mais parfois on pleure également

Les moins

…..

En bref : Love Exposure était un très grand film dans sa version cinéma de déjà 3h57, il n’est tout autant dans son montage étendu pour la télévision avoisinant les 5h. Toujours aussi riche, drôle, triste, passionnant.

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