MURDER ROCK (Uccide A Passo Di Danza) de Lucio Fulci (1984)

MURDER ROCK

Titre Original : Murderock Uccide a Passo di Danza
1984 – Italie
Genre : Giallo
Durée : 1h32
Réalisation : Lucio Fulci
Musique : Keith Emerson
Scénario : Vincenzo Mannino, Gianfranco Clerici, Roberto Gianviti et Lucio Fulci

Avec Olga Karlatos, Ray Lovelock, Claudio Cassinelli, Cosimo Cinieri, Giuseppe Mannajuolo, Berna Maria do Camo, Belinda Busato, Marla Vittoria Tolazzi, Geretta Marie Fields et Angela Lemerman

Synopsis : Alors qu’un groupe de danseurs et danseuses se préparent pour une nouvelle comédie musicale sur Broadway, une étrange série d’assassinats va les toucher…

Pour beaucoup, dès 1982, Fulci est sur la descendante, livrant mauvais film après mauvais film, et ce depuis La Malédiction du Pharaon, ou Manhattan Baby. Et ce n’est pas totalement faux, malgré quelques sursauts ci et là. Petit récapitulatif. En 1982, Fulci livre deux films, séparant les deux composantes importantes qui constituaient son cinéma depuis des années. L’Eventreur de New York gardait ainsi la violence macabre et le sadisme, et Le Malédiction du Pharaon quant à lui gardait l’ambiance. En résultaient donc deux films bancals, mais tous les deux sérieusement réalisés. C’est direct après que ça se gâte, avec un Fulci qui cède aux modes du moment et délaisse sa patte. C’est ainsi que l’on se retrouve en 1983 avec Conquest, puis 2072 Les Mercenaires du Futur. Mais direct après, Fulci tente ce qui, sur le papier, est un retour aux sources. La ville de New York, un tueur, des femmes nues et Keith Emerson (Inferno) à la musique. On jubile. Sauf que Murder Rock, c’est sans doute un des pires films de son auteur. Un film douloureux. Et la revision en HD ne fut pas meilleure que la précédente en DVD. Alors oui, pour certains, avec les années, Murder Rock a été un poil réhabilité, et on trouve par exemple des extraits du film dans le clip musical Le Perv de Carpenter Brut (et Carpenter Brut, c’est génial). Pas pour moi. Murder Rock, c’est l’horreur, dans quasi tous les sens du terme, sauf celui souhaité par le film. Déjà, 1984 oblige, le film va, comme souvent en Italie, surfer sur les vagues du moment pour donner un petit côté original à ce qui ne serait qu’un énième giallo sinon, et surtout, encore un giallo signé Fulci tourné à New York. Dites donc adieu à l’ambiance poisseuse et dérangeante de l’Eventreur de New York, et dites bonjour à Flashdance.

Alors, Flashdance, même si ça peut avoir un capital sympathie (bon, j’aime la musique, le film je l’ai retenté, jamais achevé, ma nostalgie a des limites), ça n’a pas bien vieillit. Alors imaginez une copie de Flashdance au rabais, éclairée avec les pieds, avec une musique dance atroce par-dessus. Ben voilà, vous avez Murder Rock. Tout ceci fut d’ailleurs une demande du producteur, le projet étant au départ un giallo pur et dur. Et au moins, Fulci, il ne cherche pas à nous tromper, la viol visuel et auditif commence dès le générique. Enfin non, directement après le générique, car malgré son manque de goût, ce court générique, on peut naïvement le rapprocher d’un Breakin, le film made in Cannon réalisé peu de temps avant. Puis l’aventure commence dans le studio de danse, avec projecteurs qui nous éblouissent (traduction, nous explosent la rétine), musique qui nous fait saigner des tympans, et en bonus, une chorégraphie totalement risible pour les acteurs… Si on peut les appeler ainsi, vu le niveau général de l’acting dans le film. En l’espace de quelques secondes, le peu d’espoir que l’on pouvait avoir dans le film s’écroulent lamentablement. Alors, on se dit, naïvement, que les meurtres vont remonter le niveau. Pendant une fraction de secondes, j’y ai cru, avec ces lumières qui vont et viennent (même si ça n’a strictement aucun sens dans une salle de douche), cette jolie blonde qui se dénude (on ne dit jamais non), puis le tueur arrive, endort la jeune femme, et passe à l’acte, de manière soft, avec une mignonne petite aiguille dans le cœur (étrangement situé vers le dessous de la poitrine de madame, m’enfin, je ne suis pas un pro en anatomie hein). Et c’est là que l’on réalise que le tueur conservera ce « modeste » mode opératoire jusqu’à la fin. Traduction, on va rapidement s’emmerder à voir des meurtres tout sauf inventifs, jamais sanglants, et donc ennuyeux au possible. Il y a bien une enquête de police, inutile comme souvent à côté.

Il y a les coupables potentiels, dont ce blond tête à claque qui n’est jamais crédible une seule seconde, peu importe qu’il doive jouer la tristesse, l’indifférence ou l’énervement. Il y a ces jeux de miroirs, au départ intéressants, mais tellement insistants que ça en devient lassant et symboliquement bien trop logique. Et au milieu de tout ça, une poignée de scènes oniriques oscillant entre le ridicule le plus total (pauvre Keith Emerson à la musique sérieux) et le réussi. Alors oui, de temps en temps, sans prévenir, Fulci semble un poil se réveiller, livrant un ou deux passages plus inspirés que le reste, qui affiche en général une esthétique assez moche, très proche d’un téléfilm tourné à l’arrache, et surtout souvent bien trop éclairé pour créer la moindre atmosphère. Les actrices sont jolies mais ne savent pas jouer, Fulci zoome souvent sur les yeux mais ça ne suffit pas à nous rappeler ses bons films (enfin si, justement, ça nous donne envie de revoir les bons), et le métrage reste, dans les grandes et petits lignes, un ratage quasi intégral, dont on peut seulement avoir un peu de sympathie vu que Fulci commençait à être malade, et que le cinéma Italien commençait à montrer une santé défaillante aussi. Ainsi, sans doute, que pour une toute petite poignée de scènes où l’on en viendrait à rêver de ce que Fulci aurait pu faire sur une telle base des années plus tôt. Car là, c’est bancal, mauvais, en plus d’être si peu intéressant à suivre. Et d’être finalement assez avare en meurtres. Oui, même si c’est soft et toujours pareil, c’est malgré tout rare et on en viendrait à en espérer plus, pour au moins pouvoir en rire. Par contre, on peut rire en sachant que le film a eu le prix de la peur (oui oui) à Avoriaz en 1986.

Les plus

De jolies actrices…
Un mode opératoire original…
Quelques rares moments oniriques qui marchent…

Les moins

… Qui jouent comme des quiches
… mais soft et répétitif
… et d’autres totalement risibles
Que c’est longuet et peu intéressant
Une musique souvent horrible
Une mise en scène peu inspirée

En bref : Murder Rock, c’est une agression pour nos yeux et nos oreilles, en plus d’être un film très soft et peu intéressant, mal écrit, très mal joué… sans doute un des pires films de Fulci.

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