SHUTTER (ชัตเตอร์ กดติดวิญญาณ) de Banjong Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom (2004)

SHUTTER

Titre original : Shutter – ชัตเตอร์ กดติดวิญญาณ
2004 – Thaïlande
Genre : Fantastique
Durée : 1h37
Réalisation : Banjong Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom
Musique : Chatchai Pongprapagan
Scénario : Banjong Pisanthanakun, Sopon Sukdapisit et Parkpoom Wongpoom

Avec Ananda Everingham, Nattaweeranuch Thongmee, Achita Sikamana et Unnop Chanpaibool

Synopsis : Après une soirée arrosée, Tun et sa petite amie, Jane, rentrent en voiture. C’est là qu’ils percutent une jeune femme, mais ils préfèrent prendre la fuite. Quelques temps plus tard, Tun, qui est photographe, fait développer des clichés qu’il vient de prendre. Des tâches étranges vont leurs apparitions sur les photos, et en les agrandissant, il aperçoit le visage d’une femme qu’il a connut…

La Thaïlande nous livrant un bon film d’horreur, on n’y croyait pas vraiment, leurs rares incursions dans le genre s’étant avérées plutôt désastreuses, que ce soit dans le film de peur, ou le film fantastique à tendance gore (le récent Hell – Narok – par exemple). On avait donc un peu peur pour ce Shutter, et à la fin de la projection, autant dire que l’on est finalement pas déçu du tout. Pourtant, ce n’était vraiment pas gagné, les films de fantômes étant plutôt la spécialité des japonais (ou selon les films, des Coréens, avec la série des Whispering Corridors ou les films de Byeong-ki Ahn – Bunshinsaba, Phone, Apartment). Mais les surprises existent, et Shutter en est une grande. Non pas que le métrage déborde d’une grande originalité, mais il s’avère vraiment efficace lorsqu’il s’agît de faire peur et de créer une ambiance. Les réalisateurs signent ici leur premier film, et il faut saluer cet effort, tant la mise en scène, le montage, et les effets sonores conviennent à merveille. Ce sont eux qui font fonctionner le film. Que ce soit du point de vue visuel ou du scénario, le tout va évoluer sur le thème de la photographie, sujet trop peu exploité au cinéma alors que partout, dans la presse ou sur le net, les fausses photos de fantômes pullulent.

L’intrigue, très classique au départ, reprenant tout ce que l’on sait sur les fantômes asiatiques pour tenter de nous faire peur, avec les sons étranges, la fille aux cheveux longs, les apparitions éclairs, partira petit à petit vers des horizons plus originaux et plus dramatiques. Néanmoins, cette première partie assez classique fonctionne parfaitement, surtout que les évènements vont s’enchaîner à grande vitesse. Passé une petite scène nous présentant les divers personnages principaux (Tun, sa copine, et ses amis), nous assistons directement à l’accident de voiture, où Tun et Jane percutent une jeune femme. Inanimée sur la route, ils préfèrent prendre la fuite. Même si l’utilisation de l’accident est totalement différente, on pense à Ju-On The grudge 2. Ce sera l’élément déclencheur des apparitions du fantôme, et donc, le point de départ de l’intrigue. A partir de là, l’histoire, pour évoluer, va se focaliser sur un élément : l’appareil photo. Idée plutôt originale, puisque jusque là, les fantômes apparaissaient uniquement aux yeux de leurs victimes par le biais de télévision (Ring), de téléphones (Phone, la saga des La mort en ligne) et j’en passe. Le film en profitera pour nous glisser alors des séquences bien flippantes à l’aide de flash d’appareils photos, ou tout simplement par des apparitions spectrales sur les pellicules. Mais le métrage nous en dévoilera plus également sur les nombreuses photos de fantômes circulant dans les journaux et sur Internet, entre les clichés sensés être réels et les montages photographiques faits dans un but purement mercantile.

Le travail visuel et sonore sur le film est donc d’une qualité indéniable, même si on pourra regretter certains emprunts à d’autres films du genre, comme la fille marchant au plafond (La mort en ligne) ou les cheveux dans l’évier (Ju-On et de nombreux autres films). Là où le film se révélera particulièrement juste, c’est dans son traitement des personnages principaux, et dans la trame dramatique (comme le fait parfaitement Byeong-ki Ahn dans ses films). Le tout s’avère plutôt cohérent et bien ficelé, et cela fait bien plaisir à voir, d’autant plus que l’on n’attendait pas franchement grand-chose du métrage. Parvenant ainsi à entretenir une histoire intéressante et des personnages humains, ayant autant de défauts que de qualités, et devant apprendre à vivre avec leurs erreurs passées, tout en essayant de faire peur assez souvent, Shutter est une franche réussite, d’autant que certaines scènes sont véritablement terrifiantes (la scène de l’échelle) et certaines images vraiment magnifiques. Rien que le plan final nous glace le sang. Une réussite donc rare et inattendue pour le cinéma thaïlandais.

Les plus

Des passages bien stressants
Belle mise en scène
Rythmé et intéressant

Les moins

Quelques emprunts
Par moment quelque peu classique

En bref : Dans un premier temps sympathique, peu original, mais stressant, le film s’élève bien vite et nous entraîne entre drame humain, apparitions flippantes, scènes stressantes et une histoire cohérente, le tout emballé par une réalisation réussie.

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