Titre original : Suspiria
1977 – Italie
Genre : Fantastique
Durée : 1h39
Réalisation : Dario Argento
Musique : Goblin et Dario Argento
Scénario : Dario Argento et Daria Nicolodi
Avec Jessica Harper, Stefania Casini, Flavio Bucci, Miguel Bosé, Alida Valli, Joan Bennet et Udo Kier
Synopsis : Suzy, une jeune étudiante américaine, arrive à Fribourg pour rejoindre une prestigieuse académie de danse. À son arrivée, elle croise une étudiante affolée qui s’enfuit. Plus tard dans la nuit, elle est assassinée. Suzy fait connaissance avec une amie de la victime et va découvrir les secrets que renferment son école…
Après plusieurs essais au début des années 70 dans le genre du giallo, c’est finalement la sortie en 1975 de Profondo Rosso, alias les Frissons de l’Angoisse, qui propulse Dario Argento comme réalisateur culte, mais surtout, comme un réalisateur talentueux, stylisant ses plans et préparant sa mise en scène au millimètre près. Alors que la giallo est son genre de prédilection, il décide de casser les codes et surtout ce que l’on attend de lui en livrant en 1977 la bombe Suspiria, considéré par beaucoup (dont moi) comme son meilleur film. Si l’on pourra en cour de visionnage à plusieurs reprises voir certains emprunts aux giallo, Suspiria prend finalement un chemin fort différent, dans la forme comme dans le fond. Si meurtres de jeunes femmes il y aura, pas de tueurs gantés ici, ni d’enquêtes, puisque Suspiria est une œuvre expérimentale dont la narration importe finalement peu, préférant offrir une expérience visuelle et sonore unique aux spectateurs en lui parlant de sorcières ! Une œuvre très étrange, très viscérale également, où l’histoire, finalement mince, n’est qu’un prétexte pour nous offrir une œuvre forte, un mélange de couleurs vives, de plans baroques, d’ambiances uniques et de sons venant renforcer une ambiance surréaliste totale. Suspiria donc, où l’histoire de Suzy, une jeune américaine qui arrive un soir d’orage à Fribourg pour rejoindre une académie de danse classique.
Un métrage que Dario visualisait se dérouler dans une école pour jeunes danseuses de 12 ans, mais que son père, Salvatore Argento, finit par convaincre de vieillir à 20 ans afin de permettre au film de sortir, vu la violence de celui-ci. Rien d’étonnant donc à voir des dialogues ou des réactions de la part des personnages qui semblent quelque peu surréalistes, enfantins, puisque Dario, s’il vieillit ses personnages, ne toucha absolument pas au scénario. Un élément de plus faisant de Suspiria une œuvre à part, une œuvre étrange, mais surtout une œuvre hypnotisant. Il suffit de regarder les 15 premières minutes pour s’en convaincre. Après une narration (par Dario himself), nous arrivons à Fribourg, et immédiatement, la mise en scène se montre virtuose. Éclairages vifs, plans travaillés, mélange habile du son et des images, une Jessica Harper magnifique (comme dans Phantom of the Paradise quelques années plus tôt), décors baroques… Oui, Suspiria se montre sublime dés les premiers instants, et nous propose surtout une ambiance jamais vue, ambiance que l’on retrouvera dans sa suite beaucoup plus discutable en 1980, Inferno. Suspiria est une expérience, une expérience qui se vit, mais ne se raconte pas.
De toute façon, il n’y a pas grand-chose à raconter, le film prenant le plus souvent la forme d’une expérience abstraite, à laquelle on adhérera, ou pas. Il faut savoir mettre ses acquis de côté pour profiter pleinement de l’expérience proposée, une expérience pouvant s’avérer aussi prenante qu’éprouvante à de nombreuses reprises. Les moments marquants ne manquent pas. Non pas parce que le film nous implique dans sa narration, mais parce qu’il nous implique émotionnellement dans une succession de scènes toutes plus étranges les unes que les autres. L’arrivée à Fribourg sous la pluie, avec le magnifique thème du film et ses plans colorés à l’intérieur du taxi, le premier meurtre du métrage, violent, surréaliste mais surtout virtuose, la première nuit passée dans l’école dans le hall où les lits sont entourés de draps blancs, la scène de la piscine, ou encore celle de l’aveugle… Chaque scène est prévue et montrée comme étant un tableau surréaliste de plus, formant un ensemble expérimental et psychédélique, prenant et éprouvant, hypnotisant et magnifique, et ce jusqu’à son final, dont malheureusement quelques effets d’incrustation accusent le poids des années. Oui, Suspiria est à mes yeux, malgré quelques défauts, un chef d’œuvre tenant bien plus de l’expérience sensorielle que du vrai film. Un coup d’essai hors du genre de prédilection de Dario Argento qui est aisément un coup de maître, qu’il ne parviendra jamais à atteindre une seconde fois, que ce soit avec le néanmoins bon Inferno (mais plus brouillon) que le nanardesque Mother of Tears des années plus tard. Alors oui, un remake est prévu avec Dakota Johnson, et non, je ne veux pas le voir !
Les plus
Une expérience unique
Incroyablement beau
Le mélange d’images surréalistes et de sons
Absolument hypnotisant
Les moins
Quelques effets vieillots
En bref : Suspiria, plus qu’un film, est une invitation à un voyage surréaliste et baroque, où l’intrigue importe peu. Une succession de scènes étranges et magnifiques, une imagerie unique, pour un film marquant et maîtrisé d’un bout à l’autre.
Un 20/20 amplement mérité ! Je l’ai revu l’été dernier en salle (deux fois, quel pied) et l’expérience est toujours aussi foudroyante. « Alors oui, un remake est prévu avec Dakota Johnson, et non, je ne veux pas le voir ! » : finalement, tu l’as vu – et apprécié – ce remake avec Dakota ! 😀
Rah la chance, je n’ai pas pu le voir au cinéma (et ça manque à ma cinéphilie, moi qui ai pu voir sur grand écran quasiment tous les Carpenter par exemple). Après je dois avouer que je l’ai vu tellement de fois depuis l’adolescence que je connais tous les plans, absolument tous les dialogues par coeur en Italien, ce qui est ironique, sachant que je ne parle pas du tout Italien…
Et oui bon, chut, il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis on dit 😀