A HERO NEVER DIES (真心英雄) de Johnnie To (1998)

A HERO NEVER DIES

Titre original : Chan Sam Ying Hung – 真心英雄
1998 – Hong Kong
Genre : Policier
Durée : 1h26
Réalisation : Johnnie To
Musique : Raymond Wong
Scénario : Szeto Kam-Yuen et Yau Nai-hoi
Avec Leon Lai, Lau Ching-wan, Fiona Leung, Yoyo Mung, Henry Fong et Yen Shi-Kwan

Synopsis : Jack et Martin sont hommes de main dans deux clans opposés. Après une confrontation où ils sont laissés pour morts, ils sont abandonnés par leurs clans respectifs.

Beaucoup vouent un culte à Johnnie To. Pas moi, étant donné que sur le peu de films du monsieur que j’ai vu, j’en ai beaucoup aimé certains (Fulltime Killer, Drug War) et rejeté totalement d’autres (PTU, pourtant adoré de beaucoup). Johnnie To sait filmer, il sait créer une ambiance, c’est indéniable, mais parfois, ça tourne en rond, traîne en longueur, ça ne me passionne pas. Mais quand ça fonctionne, il faut avouer qu’il a souvent un style à l’opposé d’un John Woo. Pas de sur-stylisation de la violence, mais une violence rare, rapide et sèche (le final de Drug War par exemple). Mais comme John Woo, c’est pour ces polars qu’il est connu principalement, et A Hero Never Dies est un de ses plus connus, que l’on m’a souvent conseillé. Un film étonnant puisqu’il tente de reprendre les codes du genre tels qu’ils ont étés non pas instaurés mais sublimés et popularisés par John Woo durant les années 80 et début des années 90 (Le Syndicat du Crime, The Killer, À Toute Épreuve). Le plus étonnant étant que A Hero Never Dies date de 1998, après la rétrocession de Hong Kong à la Chine donc, à une heure où beaucoup de réalisateurs tentaient leur chance en Amérique (Tsui Hark et John Woo y étaient). Ici donc, on nous raconte l’histoire de deux tueurs, qui travaillent pour deux clans différents. Ils sont donc ennemis, mais ont un respect mutuels l’un pour l’autre. Une amitié étrange puisqu’ils savent au final qu’un jour ou l’autre, l’inévitable arrivera et que l’un des deux mourra, des mains de l’autre. Un point de départ intéressant, avec une amitié impossible un peu à la manière de The Killer entre ce tueur et ce flic, mais sans flic ici. Mais le premier élément différent ici, ce sera l’importance des rôles féminins.

Rarement les rôles féminins ne sont aussi développés dans ce genre de films, dans ces univers hautement masculins. Certes, dans The Killer de John Woo, le tueur du titre s’accroche à une chanteuse devenue aveugle par sa faute, qu’il va chercher à protéger, mais dans A Hero Never Dies, les deux hommes ont chacun leur femme, là pour les soutenir moralement, et parfois bien plus, allant jusqu’à leur sauver la vie et à mettre leur vie en péril pour assurer le respect de leur mari. Mais on ne va pas mentir, malgré toutes les éloges entendues sur le film, il n’est pas parfait, et souffre même de quelques défauts gênants, notamment dans sa première partie, totalement brouillonne. Après un début en Thaïlande voulant jouer sur l’humour (et même avec l’humour de répétition par la suite), To nous offre une première scène d’action sur une autoroute, de nuit, et… et non, on ne comprends pas grand-chose. Ça tire dans tous les sens, il fait nuit, on ne voit rien, on ne sait plus qui est qui, qui est où. Pour une première scène d’action débarquant à peine dix minutes après le début du film, forcément, ça fait peur. Heureusement, la mise en scène s’améliore grandement par la suite, se faisant bien plus lisible. Il faut dire qu’ensuite, To se calme et pendant bien 30 minutes, se contente de développer ses personnages principaux. Leon Lai (Les Anges Déchus) joue un des tueurs, tandis que Lau Ching-Wan avec son chapeau de cowboy joue l’autre tueur. To se focalise à la fois sur leur rivalité et leur amitié, non sans humour, et avec un premier duel surprenant (en cassant des verres de vin). Il faut donc attendre facilement 45 minutes pour que l’action ne revienne, et pour que l’histoire se mette véritablement en place, avec nos deux tueurs laissés pour mort, délaissés par leur clan respectif, et qui vont tant que bien que mal vouloir se venger.

On entre clairement dans la partie plus classique du récit dans le fond, celle que l’on attend d’un tel film, mais surtout la partie qui fonctionne le mieux. Après le fameux duel qui en fait des tonnes, poussant donc la patte John Woo dans ses derniers retranchements, avec des dizaines et dizaines de balles mais des personnages tenant toujours debout, le film prend un tournant plus sombre et plus dramatique, avec les tueurs déchus, un vivant finalement loin et laissant tout derrière lui avec sa femme qui a payée le prix fort en voulant le sauver, et l’autre qui se retrouve handicapé, privé de ses jambes, soutenu par sa femme qui veut que son mari continue d’obtenir le respect qui lui est dû après tout ce qu’il a accomplit. Mais là encore, malgré des moments sombres et dramatiques, et d’autres moments clairement épiques, aidés par un score musical réussi (bien que répétitif) de Raymond Wong, tout n’est pas parfait, et on se rend compte que si A Hero Never Dies ne dure que 1h38, et bien, il lui manque clairement quelque chose. Des scènes s’enchaînent parfois trop vite comme s’il manquait des bouts d’histoire, ou pire, certains éléments sont tout simplement éclipsés (le réveil de Jack – Leon Lai de son coma) alors qu’ils auraient étés intéressants pour le développement des personnages. Ce sont ce genre de petits défauts qui abaissent le verdict final d’un film qui se voulaient bigger than life. Plus de drame, plus de mélancolie, plus d’héroïsme, de l’action encore plus folle qu’ailleurs. Et en partie, le film délivre ça. En partie seulement.

Les plus

Une seconde partie plus sombre et intéressante
Quelques bons moments épiques
Les personnages féminins utiles

Les moins

Un début trop brouillon
Beaucoup d’ellipses
Tout ne fonctionne pas

En bref : Johnnie To signe là un polar intéressant qui essaye de repousser les limites du genre, de tous ces aspects. Si par moment, ça marche, que la démarche est intéressante et que le film a beaucoup de bonnes choses, il reste néanmoins bancal sur pas mal de niveaux, et semble parfois aller trop vite, si bien qu’il manque des choses.

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