LE MESSAGER DE LA MORT (Messenger of Death) de J. Lee Thompson (1988)

LE MESSAGER DE LA MORT

Titre Original : Messenger of Death
1988 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h31
Réalisation : J. Lee Thompson
Musique : Robert Ragland
Scénario : Paul Jarrico

Avec Charles Bronson, Trish Van Devere, Laurence Luckinbill, Daniel Benzali, Marilyn Hassett, John Ireland, Jeff Corey, Gene Davis et John Solari

Synopsis : Garret Smith, célèbre reporter au Denver Tribune, couvre une affaire de massacre horrible d’une famille de mormons, toutes les épouses et les enfants ayant été assassinés. Il semble que l’affaire s’explique par les mœurs étranges des mormons, qui admettent qu’il faut parfois tuer pour sauver l’âme de celui qui est sous l’emprise de l’Antichrist. À y regarder de plus près, l’affaire n’est peut-être pas si interne aux mormons que cela…

Il était forcément temps de s’y attaquer un jour, aux dernières années de la Cannon Films, aux derniers films signés J. Lee Thompson, et aux derniers métrages de Bronson pour la Cannon, mais aussi derniers métrages pour les salles de cinéma avant des années 90 calmes à destination des vidéo clubs. Nous y voilà donc, 1988, après une année 1987 peu glorieuse, autant pour Thompson que pour Bronson, que pour la Cannon au final. En 1987, Thompson ne signa qu’un film, Le Justicier Braque les Dealers, un métrage moyen malgré quelques trouvailles qui relevaient l’intérêt. Pour Bronson, ce n’était pas mieux, avec le même film cité juste avant, mais aussi un Protection Rapprochée, dernier métrage signé Peter Hunt, vraiment pas bon. Et la Cannon dans tout ça en 1987 ? Un Allan Quatermain 2 franchement pas terrible, un American Ninja 2, et surtout, trois énormes flops financiers : Over the Top, Les Maîtres de l’Univers et Superman IV. 1987 marquait donc la fin d’une époque, et ce malgré la sortie de quelques perles (Barfly). La Cannon n’allait pas ralentir le rythme pour s’en sortir, loin de là, bien au contraire, mais les budgets et ambitions sont revues à la baisse. 1988, c’est Portés Disparus 3 qui tend clairement vers le nanar, le très sympa Bloodsport mais qui n’a pas du coûter un bras non plus, le film Héros avec Chuck Norris en mode polar urbain misant beaucoup sur l’ambiance, ou le film qui nous intéresse aujourd’hui, sorti en Septembre 1988, Le Messager de la Mort. Un film assez étrange, puisque si dans les faits il adapte un roman de Rex Burns, datant de 1983, il semble souvent s’en éloigner pour aller piocher dans un film culte légèrement plus ancien : Chinatown de Roman Polanski. Un reporter, menant l’enquête sur un meurtre, qui va l’amener à une histoire beaucoup plus complexe de complot économique mettant en avant un état, une société de traitement des eaux et j’en passe. Oui, on a souvent l’impression de voir un film très fortement inspiré du Polanski, et sans jamais atteindre sa rigueur, d’écriture, d’interprétation, ou de mise en scène. Car il faut savoir que J. Lee Thompson, qui signait donc là son avant dernier film, fut malade sur le tournage, qui fut complété par son assistant réalisateur.

Et outre sa flagrante inspiration prise chez Polanski, on remarquera également l’ajout dans le film de deux scènes extrêmement influencées par Duel de Spielberg. Et malgré tout, et même si le film ne bénéficie pas d’une mise en scène exceptionnelle, d’un gros budget, souffre forcément de la santé défaillante de son studio, et bien Le Messager de la Mort, passé son titre débile et son marketing affichant Bronson fusil en main, a été une plutôt bonne surprise. Pas le genre de films que l’on recommandera à ses potes cinéphiles, mais tout à fait regardable, et surprenant sur plus d’un point. Le premier point positif, ce sera sa scène ouverture, à la fois radicale et trompeuse. Le point de départ, c’est le meurtre, froid, expéditif, d’une famille entière de mormons, femmes, hommes, enfants, tout passe sous le canon d’un fusil, et trépasse. Radical, froid, osé, prenant, mais gratuit. Et finalement, trompeur, puisqu’absolument pas représentatif de la suite de l’aventure. Un élément choc qui fonctionne, qui fait son petit effet, avant que l’intrigue ne se lance et aborde un ton plus sobre, moins violent. On suit l’enquête de notre journaliste, la caméra est posée, les excès de violence extrêmement rares. Mieux, Bronson parvient à surprendre, puisqu’il ne joue plus son rôle habituel de dur à cuir qui lui colle à la peau depuis qu’il tourne pour la Cannon. D’ailleurs, c’est simple, il ne tuera personne du métrage, rendant donc le titre du film, Le Messager de la Mort, un peu trompeur et étrange. Bronson cherche plutôt à éviter le carnage, à sauver des vies. Et si forcément, l’acteur âgé de 67 ans à l’époque était fatigué, il trouve là un rôle différent et bienvenu. Pas le flic qui va descendre la moitié de New York, mais juste un journaliste, qui va suivre des pistes, réfléchir, tenter d’empêcher d’autres personnages de s’entre tuer. Et puis, fatigué ou pas, Bronson a toujours un certain charisme à l’écran. En plus, heureusement, il est ce coup-ci entouré pour les seconds rôles d’un casting plutôt solide, avec quelques têtes connues des amateurs, comme Jeff Corey et John Ireland.

Bronson va même rapidement retrouver Gene Davis, qui était quelques années plus tôt le tueur dans Le Justicier de Minuit. Plutôt solide donc, et étonnement, très peu violent, étant en un sens l’opposé de ce que le studio nous habitue depuis des années. Et malgré ses grossiers emprunts à d’autres films comme dit plus tôt, qui l’empêchent donc d’être un vrai grand film mais en fait un spectacle tout à fait honorable, et du coup inespéré, il est encore plus dommage de se dire que le Messager de la Mort commence mal, et finit mal. Qu’il emprunte beaucoup à d’autres œuvres, c’est un fait. Qu’il soit plutôt bien rythmé, sobre et plaisant à suivre, c’est tout à son honneur. Que Bronson tienne là un rôle qui lui convient plus que celle du justicier papy, c’est bien. Mais il est dommage du coup d’avoir ce générique très religieux avec une musique déplacée, et qui ne correspond finalement pas vraiment au reste du film, et d’avoir voulu conclure tout ça par une poignée de scènes un peu plus musclées, où Bronson, 67 ans on le rappelle, mettra à genoux un tueur beaucoup plus jeune, et surtout, tueur expérimenté et professionnel, à la seule force de ces bras. C’est là que le film perd la crédibilité qu’il avait réussi à se bâtir durant 1h30. Car oui, encore une fois, c’est un métrage pas exceptionnel mais tout à fait compétent, et même les rapides scènes en voiture rappelant fortement Duel, avec ses camions à sa poursuite, elles sont plutôt bien troussées. Et surtout qu’au final, le film, il est tout à fait potable, alors que la chute à la fois du réalisateur, de l’acteur et du studio semblait bien entamée l’année précédente. Cette relative force, le film l’avait sans doute à sa sortie, même s’il fut un échec (3 millions au box office, c’est très peu), et l’a toujours aujourd’hui, avec toute l’histoire connue du studio, sa chute, et donc le peu d’attentes que l’on peut avoir du film vu son année de production. Dommage au final qu’il soit si fragile.

Les plus

Bronson dans un rôle plus posé
L’intrigue se suit plutôt bien
Des moments efficaces (l’introduction, la scène des camions)
Un casting compétent

Les moins

Une intrigue pompant pas mal Chinatown
Un final qui perd en crédibilité

En bref : Le Messager de la Mort n’est pas un grand film, mais demeure une tentative intéressante pour Bronson de jouer un rôle différent, malgré tous les emprunts à d’autres œuvres bien plus importantes. Ça se regarde bien.

2 réflexions sur « LE MESSAGER DE LA MORT (Messenger of Death) de J. Lee Thompson (1988) »

    1. Je pense qu’il est encore plus intéressant quand tu le sens au sein de la filmographie de leurs auteurs, mais oui, je l’ai trouvé intéressant et sympathique. Ça aurait été bien en fait si la Cannon, Bronson et Thompson en étaient restés là.

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