CARTER (카터) de Jung Byung-gil (2022)

CARTER

Titre Original : Kateo – 카터
2022 – Corée du Sud
Genre : Action
Durée : 2h12
Réalisation : Jung Byung-gil
Scénario : Jung Byung-gil et Jung Byeong-sik

Avec Joo Won, Lee Sung-jae, Jeong So-ri, Byeon Seo-yun, Jung Jae-young, Kim Bo-min, Jung Hae-kyun, Camilla Belle et Mike Colter

Synopsis : Un homme se réveille amnésique. Dirigé par une voix mystérieuse provenant d’un dispositif implanté dans son oreille, il se lance dans une périlleuse mission de sauvetage.

Indirectement, le grand public connait le réalisateur Jung Byung-gil, puisque son précédent film, The Villainess, avait eu droit à une ovation à Cannes, une sortie en France, et donc, à une certaine visibilité en plus de faire parler de lui. Bon, c’était un bien beau bousin, un film d’action où malheureusement pour lui, le pire dans le métrage, c’était l’action, rendue illisible par cette envie de plans séquences où la caméra se mettait dans des endroits improbables, comme pour nous taper sur l’épaule et nous dire « t’as vu, ma caméra elle fait ça ». Alors oui, mais sans l’utilisation de coupes et de morceaux de plans en CGI, tes plans séquences, ils sont impossibles, et donc la prouesse même du plan tombe à l’eau, puisqu’il n’y a derrière aucune prouesse à la caméra, aucune prouesse des acteurs faisant un combat ou une poursuite de cinq minutes, puisque tout est faux, et que l’improbabilité de l’ensemble nous crie constamment à la gueule que c’est faux. Mais il faut croire que le réalisateur n’a pas retenu la leçon, n’ayant retenu de The Villainess que son ovation étrange à Cannes (les cocktails avant de la projection devaient être corsés), puisqu’avec son nouveau métrage débarquant sur Netflix, Carter, il a décidé de faire la même chose, puissance 1000. En gros donc, étendre ce qui était raté dans son précédent métrage à l’intégralité du film, un faux plan séquence de 2h10 qui se prend constamment les pieds dans le tapis, en plus d’être d’une laideur monstre, avec des effets totalement foirés et donc une illusion de plan séquence absente, puisque brisée toutes les 45 secondes en moyenne, et qui prouve une fois de plus que Netflix achète tout et n’importe quoi. Eux dont les abonnements sont en train de chuter à vitesse folle, ce n’est pas en achetant des films comme Carter qu’ils vont ramener du public. S’ils pouvaient couler et ainsi permettre aux quelques bons films de leur catalogue de sortir au format physique (hein Apostle, The Night Comes for Us), ce ne serait pas plus mal après tout, et leurs choix vont finir par les amener droit dans le mur.

Mais revenons à Carter. Ou à Jason Bourne, puisque basiquement, nous avons là un agent amnésique traqué par la CIA, pendant 2h10, et puis voilà c’est tout. Mais là où Jason Bourne, malgré quelques passages illisibles avec la mise en scène de Paul Greengrass savait malgré tout rester efficace et faire monter une certaine tension par moment, avec Carter, rien. On a juste un film purement visuel qui ne raconte rien, ne tente pas de faire stresser, qui n’intéresse pas dés que les personnages se posent pour parler, et anéantit le concept même de cinéma, de montage. Là où un réalisateur choisit ses plans pour une certaine raison, pour faire passer son message, pour mettre des éléments en avant, la mise en scène ici est intégralement vide, se contentant de tourner, suivre l’acteur constamment traqué, à passer d’un acteur à un autre dés que ça devient bavard. Visuellement donc, c’est mauvais, vide, sans âme. Et pour enterrer tout ça, bien entendu, il y a l’action, et la durée conséquente du métrage, 2h10, qui vient retirer le peu de fun que le métrage aurait pu contenir. Car plus qu’un Jason Bourne plus long et en faux plan séquence (on insistera sur le faux), on a l’impression d’être devant un Hardcore Henry encore plus pénible, et affreusement trop long. L’esbrouffe visuelle, pour fonctionner, doit au moins être utile au récit ou à une quelconque supercherie, comme les plans séquences ou les split screens chez De Palma, ou savoir se modérer sur la durée pour devenir digeste. Carter lui voit les choses en grand, et se plante, devenant simplement inintéressant passé 25 minutes. Et sans jamais oser poser sa caméra, comme pour justifier ses raccords désastreux. Car il va bien falloir parler du pire du pire, à savoir, l’action et sa mise en scène. Dés l’ouverture, tout paraît faux, et dés que l’action débarque, c’est pire. Car nous n’avons pas là un vrai plan séquence comme dans un The Raid 2 qui s’amusait avec des plans longs pour impressionner, ou le plan séquence certes pas fou mais au moins réel et stable de No Time to Die pour rester dans les films récents.

Dans Carter, non, la caméra est en mouvement perpétuel, ce qui révèle très vite la supercherie. Une caméra qui zoome un peu trop durant l’action et on remarque immédiatement qu’un acteur ne se déplace plus à la même vitesse, ou qu’il ne se déplace plus exactement dans le même axe. Un figurant passant devant la caméra et on remarque les mêmes éléments qui trahissent la technique. De même lorsque la caméra veut que l’objectif soit recouvert de sang, qui part comme par magie après quelques secondes, juste le temps de camoufler un raccord entre deux plans. Sans forcément avoir un œil averti, on remarque immédiatement les coupes, parfois abusives tous les deux ou trois coups. Et le réalisateur, comme pour camoufler ça, inflige donc au spectateur une mise en scène intégralement en faux plan séquence, et où la caméra est sans cesse en mouvement, lors d’un dialogue, lors d’une action banale. Un peu comme si, pour filmer quelqu’un ouvrant une canette de coca, la caméra avait besoin de tourner autour de la canette en accéléré avant de cadrer l’acteur puis de passer derrière sa tête lorsqu’il boit… Et ça, sur 2h10, c’est juste imbuvable, inintéressant, jamais impressionnant, jamais techniquement pertinent, et jamais bon. Car si l’on doit ajouter la petite cerise sur le gâteau de ses faux plans séquences raccordés avec le cul, on pourrait parler des CGI, et des plans où les personnages sont remplacés par des marionnettes en CGI (la chute libre après l’explosion de l’avion)… Non, tout est catastrophique !

Les plus

Il y a une équipe qui a été payé pour faire ça
Dans les faits, de l’action, des trahisons, des poursuites…

Les moins

Une mise en scène insupportable
Hideux visuellement
Les faux plans séquences, raccordés n’importe comment
Un scénario jamais intéressant
Des enjeux dont on se contrefiche vu que le film ne se pose jamais

En bref : Comment résumer Carter en un mot ? En étant mauvaise langue, on pourrait dire « Netflix ». En étant plus réaliste, le mot « catastrophe » correspond tout aussi bien. En étant cynique, je dirais que le plat Picard Japonais fut fort bon pendant la vision.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ There is a crew paid to film that
♥ Action, betrayals, pursuits…
⊗ Unbearable directing
⊗ Visually hideous
⊗ This long fake one shot film, with horrible editing
⊗ Never interesting
⊗ We don’t care at all for the issue
How to describe Carter in one word? I could say “Netflix”. Being more realistic, the word “disaster” fits just as well. Being cynical, I would say that the Japanese dish I ate was very good during the screening.

5 réflexions sur « CARTER (카터) de Jung Byung-gil (2022) »

  1. « Un peu comme si, pour filmer quelqu’un ouvrant une canette de coca, la caméra avait besoin de tourner autour de la canette en accéléré avant de cadrer l’acteur puis de passer derrière sa tête lorsqu’il boit… Et ça, sur 2h10, c’est juste imbuvable »

    Qu’est-ce qui est imbuvable ? Le Coca ou la réalisation de ce Sud-coréen ? Ou les deux ?! ^^

    The Villainess, j’avais détesté. Suis allé voir sur IMDB, je lui avais mis 3/10. Ce fut vraiment pénible… CARTER : je ferai l’impasse !

    1. Alors fuis, loin, très loin, ne pose même pas tes yeux sur un trailer ou quoi que ce soit. En plus comme je le dis, le public ne s’est pas fait avoir ou ne s’est pas aveuglément emballé ce coup-ci, le film a des retours très très tièdes, voir carrément négatifs (j’en parlais il y a une heure ou deux sur twitter à quelqu’un qui lui n’a pas pu dépasser la demi-heure). Ce qui est con car son premier film, bien que pas exceptionnel, était sympa et très loin de ses deux derniers films boursouflés et hideux (toi tu n’as vu que le remake Japonais avec Fujiwara de ce film).
      2022, j’ai vu 3 films avec le grand N rouge et une série, et il y a 2 trèèèèèèès mauvais produits, 1 très moyen et 1 tout juste passable. Faut que la boite arrête de produire ou acheter n’importe quoi s’ils ne veulent pas couler vite.

  2. Effrayant! Et dire que « Villainess » est classé parmi les meilleurs films coréens…
    Dans le genre « j’ai tenu 30 minutes » hier : « tick, tick… Boom! »

    1. Ah sérieusement pour THE VILLAINESS ?…….. Parfois je ne comprend pas du tout le grand public. Autant des plaisirs coupables, des films bas du front qui défoule, on en a tous, mais le minimum est au moins de comprendre ce qu’il se passe à l’écran quoi…
      Promis, les deux prochains films Coréens que je dois mettre en ligne seront bien meilleurs, car là le film se bat pour la première place du futur flop de l’année, et il y a de fortes chances qu’il gagne !
      Tick Tick… Boom ? Je… n’en avais strictement jamais entendu parler avant là maintenant. Ca vaut mieux apparemment.

      1. Comédie musicale dans le style Bob Fosse réalisée par Miranda, l’actuel coqueluche de Broadway. Andrew Garfield a chopé un Golden Globe et avait été nommé aux Oscars pour le rôle principal.
        C’est sa’s doute moins horrible que ce mchin coréen, mai je n’étais pas d’humeur à la chansonnette.

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