PEARL de Ti West (2022)

PEARL

Titre Original : Pearl
2022 – Etats Unis
Genre : Drame / Slasher
Durée : 1h40
Réalisation : Ti West
Musique : Tyler Bates et Tim Williams
Scénario : Ti West et Mia Goth

Avec Mia Goth, Tandi Wright, Matthew Sunderland, David Corenswet, Emma Jenkins-Purro, Alistair Sewell, Amelia Reid et Todd Rippon

Synopsis : Piégée dans la ferme isolée de sa famille, Pearl doit s’occuper de son père malade sous le regard autoritaire de sa mère dévote. Désireuse de mener une vie glamour comme elle l’a vu dans les films, Pearl voit ses ambitions limitées… ce qu’elle n’apprécie pas du tout !

X, de Ti West, fraichement débarqué en France, a su trouver son public. Sans être un grand film car il ne faut pas pousser mémé dans le lac aux crocodiles, nous avions là un bien sympathique slasher, honnête dans sa proposition envers son public, qui nous délivre pile ce qu’il nous vendait, et le faisait avec sérieux, car c’était très sérieusement emballé, avec quelques belles idées de mise en scène. Sauf que Ti West et son actrice principale Mia Goth, ce sont des petits coquins, et alors qu’ils tournaient X qui se déroule dans les années 70, ils tournaient également plus ou moins en secret une préquelle se déroulant en 1918, Pearl donc. Mia Goth d’ailleurs investie à fond dans le projet, puisque si sur X elle tenait un double rôle (l’héroïne, et sous une grosse couche de maquillage, la vieille tueuse), ici, elle tient le rôle de Pearl donc, jeune, mais est aussi coscénariste et coproductrice du film. Rien que ça. Quant à Ti West, il reste réalisateur, coscénariste, coproducteur mais également monteur du film. Pearl, c’est clairement leur bébé. Et alors qu’on pouvait presque s’attendre à un film dans la même veine que X, Pearl m’aura surpris. En étant la majeure partie du temps un drame sur la psychologie un brin dérangée de Pearl déjà. En nous offrant une reconstitution des années 10 sans doute pas si réaliste que ça, mais allant dans le sens de notre vision de ces années-là, via ce merveilleux médium qu’est le cinéma. Pas pour rien que Pearl, le personnage, soit fasciné par ces actrices rayonnant à l’écran. Que ce soit en termes de décors, où on a l’impression de retourner au vieil Hollywood avec ces ruelles construites en studio, l’utilisation des couleurs autant pour le film en lui-même que les accessoires ou les peintures des murs, tout sent l’ancien temps. Tout nous ramène à une époque cinématographique totalement révolue, mais pourtant si délicieusement tangible à l’écran.

Et puis mine de rien, Pearl réussit un exploit, celui de rendre X meilleur après coup, maintenant que l’on en connait bien plus sur le personnage et son passé, personnage donc bien présent dans le film original, mais finalement assez en arrière-plan, et surtout dont on ignorait absolument tout. Pearl donc, c’est une plongée dans une époque sombre de l’humanité, 1918, la première guerre mondiale. Le mari de Pearl est au front, tandis qu’elle reste donc dans la ferme familiale, avec sa mère un brin abusive (ou chiante, au choix), et son père malade et incapable de faire quoi que ce soit. Un quotidien oppressant pour la jeune femme qui rêve de paillettes, de cinéma, de danse, d’Hollywood, de célébrité en fait tout simplement. Elle espère que le cinéma et la célébrité pourront la faire sourire, lui offrir tout ce que la vie ne lui offre pas entre son mari absent, sa mère castratrice et son père que l’on pourrait qualifier de comme mort. Et la bonne surprise, c’est que le film prend tout son temps pour placer son intrigue, et son ambition de drame psychologique, ce qu’il est finalement bien plus qu’un slasher comme le premier film. Sans pour autant être parfait, puisque l’on pourrait critiquer le côté très prévisible et manichéen de la plupart des personnages, que ce soit la meilleure amie blonde de notre héroïne, ou sa mère qui ne fait que remettre chacun de ces décisions en question. Oui, il y a des facilités, des moments prévisibles voir attendus lorsque l’on voit Pearl sur un ponton au bord du lac. Mais tout ça, le film l’efface grâce à pas mal de petites (et grandes) choses. Là où X n’était finalement qu’un petit slasher carré mais limité par son genre même, Pearl ne joue pas dans la même cour, loin de là.

La mise en scène de Ti West, déjà bonne dans X, est ici excellente, et il a su s’entourer d’une équipe qui a fait du très bon boulot. Que ce soit la photographie qui livrera quelques plans sublimes, le cadrage, ou encore une fois comme déjà précisé, la direction artistique qui donne clairement l’impression d’être en 1918 malgré le peu de lieux différents, c’est déjà du très bon travail. Sublimé par le score musical de Tyler Bates et Tim Williams. Si scénaristiquement, on a des facilités, le scénario sait néanmoins jouer à merveille sur les ruptures de ton (ah ce plan final, j’ai adoré), et surtout, le scénario met en avant la plus grande réussite du film, à savoir Mia Goth. La jeune femme est impressionnante dans la plupart des scènes, et un plan en particulier, qui s’étire d’ailleurs pour la laisser pleinement s’exprimer, vaut le détour tant son jeu est parfait. Rien d’étonnant de voir d’ailleurs que le film aurait été encensé lors de sa sortie par Martin Scorsese, louant les mérites du film, de sa proposition cinématographique et de Mia Goth. Finalement, le plus grand défaut de Pearl, c’est qu’en étant une préquelle, et sortant donc après, on sait déjà un peu où tout cela va nous mener.

Les plus

Mia Goth franchement excellente
La direction artistique des années 10
Des ruptures de ton qui fonctionnent
Plus un drame qu’un film d’horreur

Les moins

Une préquelle, donc forcément, une structure prévisible

En bref : Pearl, libéré du genre du slasher, réussi à faire mieux que X. Ti West et Mia Goth maitrisent leur sujet, et donnent tout ce qu’ils ont pour donner vie à la fois à ce personnage dérangé mais aussi à l’époque dans laquelle se déroule le métrage.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Mia Goth is excellent
♥ The art direction
♥ It changes style and genre, and it works
♥ More a drama than a horror film
⊗ As it’s a prequel, it stays predictable
Totally free from the slasher’s genre, Pearl succeeds and does better than X. Ti West and Mia Goth know what they are doing, and give everything they can to give life to this deranged character, and also to this distant past.

4 réflexions sur « PEARL de Ti West (2022) »

  1. Eh bien voilà un réalisateur a l’intérêt croissant ! J’adore cette idée du prequl tourné clandestinement, le concept est super intéressant et visiblement le résultat à la hauteur. Un doublet que je place désormais sur ma liste à voir.

    1. Il a eu de la chance en tout cas que le premier a été très bien reçu et a trouvé son public, sinon le studio derrière n’aurait pas franchement su quoi faire de cette préquelle haha. Mais oui j’ai été surpris, c’est meilleur, très intéressant, visuellement très beau, Mia Goth impressionnante dans certaines scènes. J’ai bien fais d’écouter les conseils (d’une certaine Sarah qui jouait dans mon dernier long et qui m’a poussé à le voir).

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