THE BIG 4 de Timo Tjahjanto (2022)

THE BIG 4

Titre Original : The Big Four
2022 – Indonésie
Genre : Comédie d’action
Durée : 2h21
Réalisation : Timo Tjahjanto
Musique : Bembi Gusti, Tony Merle et Aghi Narottama
Scénario : Timo Tjahjanto et Johanna Wattimena

Avec Abimana Aryasatya, Putri Marino, Lutesha, Arie Kriting, Kristo Immanuel, Marthino Lio, Michelle Tahalea, Kho Michael et Budi Ross

Synopsis : Quatre ex-assassins reprennent du service lorsqu’ils croisent la route d’une flic modèle, fille de celui qu’ils considéraient comme un père. Traqués, le groupe va devoir s’allier pour survivre et découvrir qui était derrière le meurtre de leur père, et ainsi le venger.

C’est avec une certaine tristesse que je remarque que depuis maintenant quelques années, le réalisateur Indonésien Timo Tahjanto, que j’apprécie énormément, ne tourne plus que des films à destination des plateformes de streaming. On me criera dessus en me disant qu’ainsi, il peut continuer de tourner, et qu’en plus, les films sont facilement trouvables et visibles hors de leur pays d’origine. Alors c’est le cas, mais c’est aussi oublié qu’après le raz-de-marée que fut The Raid et surtout sa suite The Raid 2, le cinéma Indonésien a attiré quelques regards, permettant par exemple au film Killers, co-réalisé par Tjahjanto, de sortir chez nous en Blu-Ray. Leur cinéma est violent, direct, en plus d’être visuellement intéressant, et du coup… les plateformes de SVOD se jettent elles-aussi dessus, si bien que The Queen of Black Magic, May the Devil Take You et sa suite, The Night Comes for Us, et maintenant The Big 4, c’est du digital only, souvent chez Netflix. Tristesse. Maintenant, il faut voir aussi le bon côté, si ça permet de donner de la visibilité aux œuvres, et à de courageux éditeurs de racheter les droits d’ici quelques années, pourquoi pas. Et donc, on en arrive à The Big 4, sortant mi-décembre 2022, tardivement donc dans l’année, le dernier métrage de Timo, alors que depuis quelques temps, nous attendons tous comme des petits enfants une possible suite au dévastateur et gore The Night Comes for Us. Changement de fusil d’épaule ici, puisque Netflix lui aurait demandé un film plus léger, plus « family friendly ». Notez bien les guillemets, car pour Timo Tjahjanto, le terme veut dire qu’il faut ajouter de l’humour dans le film, mais par contre du coup, on peut toujours mettre des explosions de corps, une quinzaine de morts dés les premières minutes, et un des plus beaux headshots vu au cinéma depuis des années, gerbes de sang et effet gore à l’appui. Family friendly je vous dis ! Mais est-ce qu’au-delà du goût immodéré pour le sang de la part du réalisateur et ce depuis son premier film (Macabre, ça commence à dater), The Big 4 vaut le coup ?

Clairement oui, même si le réalisateur ne signe pas là son meilleur métrage, la faute déjà a une durée un peu trop grande pour le propos du film, 2h21 au compteur. Et ensuite car le côté bien plus léger, avec blagues tout le long, bien que donnant un côté assez plaisant au métrage, voir parfois savoureux, et bien, il ne fonctionne pas toujours. Une partie des gags font mouche, c’est vrai, tandis que l’autre, beaucoup moins. Et cela vient donc amplifier les impressions de film trop long par moment, quand pendant de longues scènes, l’humour est l’élément venant faire évoluer l’intrigue. L’intrigue donc, parlons-en. Rien de révolutionnaire, le réalisateur continue d’évoluer dans des univers qu’il connait. 4 tueurs qui travaillent pour celui qu’ils considèrent comme leur père, et qui sont hyper doués. Jusqu’au jour où leur « père » leur annonce vouloir se retirer. Après tout, il a une fille, une vraie fille de sang, qui rentre dans la police le lendemain, et ce n’est pas trop compatible avec son passe-temps. Mais le jour même, le père est assassiné, et l’intrigue reprend donc 3 ans plus tard, alors que nos 4 assassins sont à la retraite, et que la fille, Dina, va les retrouver, elle-même prise en chasse par un groupe militaire bien décidé à buter tout le monde. Des groupes de tueurs, une hiérarchie, de l’action qui dépote, des morts qui font mal, des chorégraphies sèches et rapides, oui, tout est là. Et dés l’ouverture, on est rassuré, l’humour a beau être de la partie, le réalisateur ne s’est absolument pas modéré sur aucun autre élément de son métrage, réutilisant même des thèmes qui lui semblent chers au fur et à mesure de sa filmographie. La violence est toujours là aussi donc, tout comme cette caméra fluide et parfois virtuose, suivant l’action avec précision. Le casting lui a pour une fois des têtes un peu moins connues du genre. Pas d’Iko Uwais et compagnie ici, le rôle principal sera tenu par Abimana Aryasatya, que l’on avait furtivement vu dans The Night Comes for Us (et qui prenait cher, très cher), tandis que Dina, personnage principal féminin donc, est tenu par Putri Marino, plutôt nouvelle dans la profession (enfin, nouvelle, 2017, mais rien de notable ou connu).

Notons la présence dans le rôle de la tueuse Alpha de Lutesha, que le réalisateur avait déjà dirigé en 2020 pour May the Devil Take You Too, et qui semble s’éclater, en plus d’être charismatique à l’écran. Bref, un casting compétent, qui semble s’éclater, de l’action bien sympathique, dont un final qui envoie du lourd et se place donc au-dessus du reste du métrage, un métrage au ton léger et donc éminemment sympathique à regarder, mais néanmoins un film trop long et à l’humour pas toujours bon. Le souci, comme je le précisais, c’est quand ces deux éléments se liguent ensemble, notamment dans la première partie du métrage, passé l’introduction de tous les personnages. Lorsque l’aventure reprend trois ans plus tard, et que Dina va donc partir en quête de vérité et chercher les fameux Big 4, la présentation des personnages et de leur nouvelle vie, ainsi que donc la narration, mettent le paquet sur l’humour, et c’est là qu’il aurait été parfois utile de couper dans le lard pour réduire le métrage à la simple durée de deux heures. Et oui, il aurait été très simple de couper, comme ce long passage où Dina se retrouve à halluciner, qui ne sert en réalité à rien, ne fait rien avancer, et donc, fait stagner l’aventure pour jouer uniquement sur l’humour, pas très fin, et donc là peu nécessaire. Moins percutant donc que The Night Comes for Us ou dans un genre totalement différent May the Devil Take You, mais assez pro et jouissif malgré tout, The Big 4 est un très bon divertissement, qui veut sans doute en faire trop, ce qui explique sa durée, mais qui délivre la marchandise attendue, pour un petit moment pas prise de tête. Ça aurait juste été encore meilleur avec la sublime Julie Estelle au casting, mais on me dit dans l’oreillette que l’on ne peut pas tout avoir.

Les plus

L’action de bonne facture
Le final qui se lâche totalement
Un bien bel headshot
Certains gags font mouche

Les moins

Trop long
Certains gags moins glorieux

En bref : Timo Tjahjanto ne signe pas son meilleur film avec The Big 4, mais un divertissement plus léger que d’habitude, tout en nous offrant toujours de l’action de qualité et quelques moments saignants de bon goût.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The action is good
♥ The finale is crazy, action packed and gory
♥ A glorious headshot
♥ Some jokes are pretty funny
⊗ Too long, 141 minutes
⊗ Some jokes aren’t that good
Timo Tjahjanto doesn’t make his best film here with The Big 4, but a lighter in tone entertaining movie, still packed with the usual quality action and bloody moments.

6 réflexions sur « THE BIG 4 de Timo Tjahjanto (2022) »

    1. Sorti ce vendredi pour The Big 4. L’Indonésie depuis que certains réalisateurs mettent le paquet, ça se réveille un peu. J’en ai encore un de 2022 à voir qui est apparemment très bien.

  1. Je te rejoins sur la plupart de tes critiques. Une partie de l’humour fonctionne et l’autre non. PAS DU TOUT. Un gag sur deux n’est pas passé avec moi (c’est beaucoup sur plus de deux heures de film). J’étais même parfois mal à l’aise tellement les gags tombaient à plat, voire dans le ridicule – ou alors je ne suis pas réceptif à l’humour indonésien ? Et les acteurs et actrices qui en font des tonnes… parfois je n’en pouvais plus, plus du tout… Par exemple j’ai eu la sensation que l’actrice qui incarnait Dina n’était pas du tout à l’aise avec la comédie, alors que Lutesha, si (raaaaah Lutesha !!). Et comme toi je ne comprends pas pourquoi c’est si long, punaise mais toute la séquence avec Dina droguée, MAIS COMMENT CA A SURVÉCU AU MONTAGE ?!?!? Ah et un dernier truc : les combats au corps à corps sont top, les gunfights un peu moins, à de nombreuses reprises les méchants peuvent tirer mais ne le font pas, ils ont une espèce de décalage (lag comme dans les jeux vidéo ahahah ?) d’une ou deux secondes, laissant une fenêtre de tir aux héros. On me dira que c’est souvent le cas dans ce genre de films, mais ici ça m’a vraiment frappé.
    Mais ça reste rudement sympa, je me suis même dit que le LUPIN de Kitamura aurait dû ressembler à ça (enfin, avec moi de sang !). En cas de suite, je suis partant – mais avec moins d’humour lourdingue SVP.

    1. Je savais que tu étais un homme bien, et un homme de goût, et je pense que l’humour qui m’a laissé sur le carreau est donc exactement le même pour toi 😉 Mais tu as raison, je pense que c’est une différence culturelle, pour ça d’ailleurs qu’avant l’arrivée de réalisateurs comme Timo, Gareth Evans et quelques autres, j’avais beaucoup de mal avec le cinéma Indonésien. Je me souviens que quand j’avais tenté la première fois il y a plus de 15 ans, je tombais sur des films, que ce soit horreur ou thriller, avec de l’humour lourd dedans, et je le rejetais totalement.
      Mais du coup, un oui, et surtout un GRAND oui pour Lutesha, elle se donne à fond, elle est pétillante, niveau fight elle gère pas mal (le combat contre l’autre fille lors du final, top, mais tout le final dés que ça se tape, il est top). Le « lag » niveau fusillades, je l’avais ressenti déjà dans HEADSHOT que Timo avait coréalisé, mais ici ça m’a moins dérangé, vu le ton léger du métrage 😉

      La bonne nouvelle je pense, pour toi, pour moi, pour le moooonde, c’est que sur son twitter, le réal a partagé une photo de son dernier scénario bouclé, qui indique le titre, et le sous titre : « In the world of The Night Comes for Us » ! Du coup je pense qu’on peut le dire, son prochain sera énorme !!! Même si ça sera encore en streaming, il est un des réals les plus prolifiques et qualitatif dans cette branche (car si tu les as pas vu, oui, mate aussi ses deux MAY THE DEVIL TAKE YOU, du bon hommage généreux à EVIL DEAD).
      Mais LUPIN de Kitamura…. je préférerais l’oublier celui-ci tant là c’était 2h de trop pour 15 minutes sympa…

      1. WHAT?!? Une suite pour THE NIGHT COMES FOR US?! Yeeeeeeeeeeeeeeeeeah !!! Je l’ai déjà revu une fois. Je pense le refaire une troisième avant la fin de mes vacances d’hiver.

        Les MAY THE DEVIL TAKE YOU je ne les ai pas vus, ils ne sont ni sur Amazon ni sur Netflix, je les avais déjà cherchés il y a un moment.

        1. Oui oui, il a posté la photo il y a quelques jours !!! Revu au début du mois tiens pour ma part, et je l’avais déjà vu deux fois (seul, puis pour faire découvrir aux potes).

          C’est vraiment la misère ces films juste dispos en SVOD. Car le premier MAY THE DEVIL TAKE YOU, « film Netflix », donc pas de soucis, dispo aux states et en France (mais donc pas au Japon), mais le 2, film diffusé en Amérique sur Shrudder (une plateforme vod horrifique), et en France, inédit du coup. Bon je te les passerais à l’ocaz si tu veux, ils sont bien sympa (tout comme THE QUEEN OF BLACK MAGIC, de l’autre réalisateur du duo, Kimo Stamboel, et les deux SATAN’S SLAVES de Joko Anwar, découvert ce mois-ci d’ailleurs).

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