CRAZY BEAR (Cocaine Bear) de Elizabeth Banks (2023)

CRAZY BEAR

Titre Original : Cocaine Bear
2023 – Etats Unis
Genre : Horreur gentille
Durée : 1h35
Réalisation : Elizabeth Banks
Musique : Mark Mothersbaugh
Scénario : Jimmy Warden

Avec Keri Russell, Alden Ehrenreich, O’Shea Jackson Jr., Ray Liotta, Isiah Whitlock Jr., Brooklynn Prince, Christian Convery, Margo Martindale et Jesse Tyler Gerguson

Synopsis : Le film est basé sur un fait divers hallucinant : en 1985 une cargaison de cocaïne disparue après le crash de l’avion qui la transportait, avait été en fait ingérée par un ours brun. CRAZY BEAR est une comédie noire qui met en scène un groupe mal assorti de flics, de criminels, de touristes et d’adolescents qui convergent tous au cœur d’une forêt du fin fond de la Georgie vers l’endroit même où rode, enragé et assoiffé de sang, un super prédateur de plus de 200 kilos, rendu complètement fou par l’ingestion d’une dose faramineuse de cocaïne.

Cocaine Bear, renommé en France pour sa sortie Crazy Bear (à croire que le distributeur avait peur qu’un film avec le mot Cocaïne dans le titre s’attire les foudres de certaines associations conservatrices), c’était sur le papier le projet rêvé. Un concept vaguement basé sur une histoire vraie d’un ours qui serait mort après avoir ingurgité de la cocaïne jetée depuis un avion par un trafiquant, une réalisatrice derrière qui a du métier, un ton que l’on nous vend comme méchant, le tout avec un studio derrière pour donner les moyens des ambitions du projet, et donc en gros, nous faire du gros B fun mais avec du budget. Que demander de plus, à part que le film soit bon ? Ou du moins fun ! Car Cocaine Bear, c’est triste à dire, mais c’est un peu comme M3gan. À savoir un concept un peu foufou, un film propice à toutes les folies et extravagances possibles, mais qui reste beaucoup trop en surface, beaucoup trop sage. Pas désagréable non car on a vu bien pire, mais un potentiel totalement gâché, et qui fait un peu mal au cœur dans le fond, car tout n’est pas raté, loin de là. En plus au début, on y croit à fond, avec ce trafiquant jetant des sacs entiers de cocaïne depuis son avion sur une musique des années 80, semblant totalement à l’ouest. Le spectateur lui sent venir la catastrophe, qui à peine quelques secondes après, arrive et amène à la mort de ce « pauvre » trafiquant. Pas une seconde à perdre, dans les montagnes plus bas, un pauvre petit ours va tomber sur la cocaïne, mais au lieu de s’en prendre une bonne tranche et de mourir comme dans l’histoire vraie, celui-ci devient addict, et va défoncer quiconque sur son chemin, en quête de son prochain sac de poudre. C’est con, c’est assumé, ça a tout pour être fun, ça l’est pendant l’ouverture avec ce couple qui va croiser l’ours et prendre cher, et puis soudain, le film commence réellement, et c’est la douche froide, bien que les intentions elles soit louables. C’est d’ailleurs le premier paradoxe du film. Les intentions, on les voit, on les comprend, elles sont louables, mais ça ne fonctionne pas vraiment. Pourquoi ?

Simple, pendant un bon 35 minutes, nous pouvons dire adieu à l’ours, pendant que le film va prendre son temps pour développer un bon paquet de personnages. Une mère célibataire qui va chercher sa fille qui a fuguée dans les montagnes, deux rangers un peu concon, trois délinquants juvéniles un peu à l’ouest, et un gang fraichement arrivé sur les lieux pour retrouver la drogue, menés par Ray Liotta dans son tout dernier rôle. Sans oublier un flic tenace, amoureux des chiens, et qui veut enfin pouvoir coffrer notre trafiquant. Le second degré est là, ce qui n’empêche pas le film d’être filmé sérieusement, les personnages sont parfois perchés, ils ont tous un minimum de background pour ne pas en faire des coquilles vides, et en ce sens, c’est bien, justement, l’intention de s’éloigner des métrages du genre habituels fait plaisir, on ne va pas suivre des personnages vides se faire trucider les uns après les autres. Mais ne fallait-il pas mieux doser la chose ? Car 35 minutes pour nous présenter tout ce bon monde avant qu’enfin l’ours ne revienne un peu sur le devant de la scène, c’est longuet. Surtout que, et c’est encore plus dommage, les personnages n’ont au final rien de véritablement extraordinaire, la faute à un humour qui parfois fait sourire, mais qui souvent laisse un peu plus de marbre. Les acteurs ne sont pas en faute d’ailleurs. Car le casting aligne des bonnes têtes, des acteurs réputés et surtout qui pour beaucoup n’ont plus rien à prouver. Ils sont bons même. Mais ce sont les personnages qui pèchent le plus souvent. Ray Liotta malgré un temps de présence limité fait plaisir à voir, Keri Russell en mère à la recherche de sa fille est crédible, Jesse Tyler Ferguson est amusant et semble s’amuser dans son rôle de protecteur de la nature, sans oublier Alden Ehrenreich que l’on n’avait plus vu depuis le désastre au box-office de Solo, convaincant en fils de dealer au bout du rouleau. Mais non, ça ne prend pas, et durant toute la première partie, jusqu’à la scène des arbres, le temps paraît long.

C’est au bout d’un bon 45 minutes réellement, soit la moitié du métrage, que celui-ci se rappelle de son titre et de son sujet, et va alors enchaîner, comme pour réveiller le spectateur, sur deux très sympathiques séquences, celle des arbres donc, puis celle de l’ambulance, très fun et rythmée sur du bon son made in 80 (Depeche Mode). Le souci, c’est que passé ces deux moments qui font plaisir et mettent enfin un grand sourire sur le visage des spectateurs, Cocaine Bear tombe dans une petite routine qui fait que le reste n’est pas désagréable, mais anecdotique et tirant quelque peu en longueur. Les gags se répétent, mais ne font plus rire, les effusions de sang se font plus rares ou du moins beaucoup plus sages, les personnages et situations tournent un peu en rond, et surtout, on n’arrive pas à se retirer cette impression de gâchis. Pour un film qui se voulait méchant, Cocaine Bear, à l’exception d’une poignée de scènes, est un film très sage, très propre sur lui, qui n’ose pas. Voir deux enfants trouver un sac de cocaïne et se lancer le défi d’essayer, c’est cool, mais aller au bout de l’idée quitte à leur faire avoir un bad trip, ça aurait été bien plus osé. Que notre ours attaque quiconque sur sa route et coupe quelques jambes ou têtes, c’est cool aussi, mais on comprend bien vite que seuls les méchants trafiquants (pas ceux au grand cœur donc), les petites frappes et les personnages secondaires sans incidences vont y passer, mais qu’il ne touchera jamais encore une fois aux enfants, ou aux personnages jugés bons car ayant une morale au sein du script. On ne peut espérer au final, comme pour M3gan, que le succès du film, que l’on doit surtout à son concept donc, puisse pousser les producteurs à lancer une suite ou un film du genre, mais en assumant pleinement le côté con et méchant de l’entreprise, plutôt que de rester en surface.

Les plus

La scène de l’ambulance
Un casting d’acteurs confirmés
La musique, excellente
Une poignée de bonnes scènes
Pas désagréable en soit

Les moins

Beaucoup trop sage graphiquement
Pas assez méchant envers ses personnages
Un bon 45 minutes avant que ça ne démarre vraiment
La dernière partie tourne en rond

En bref : Cocaine Bear avait tellement de potentiel pour être fun, mais il n’assume pas totalement son concept, en plus d’être trop sage et de mettre un temps fou à démarrer. Mi-parcours, il délivre la marchandise avant de tomber dans une certaine routine.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The ambulance chase, epic
♥ A good cast, many confirmed actors
♥ The excellent soundtrack
♥ A few good scenes
♥ In fact, it can be entertaining
⊗ The film is way too nice
⊗ Not mean enough with its characters
⊗ It takes a while to really start
⊗ The last part, too long
Cocaine Bear had the potential to be fun, but it doesn’t seem to accept fully its own ideas, so it’s too soft and it takes too long to really start. But half way, it suddenly gives us what we wanted.

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