BURNING PARADISE (火燒紅蓮寺) de Ringo Lam (1994)

BURNING PARADISE

Titre Original : 火燒紅蓮寺
1994 – Hong Kong
Genre : Xu Wia Pian
Durée : 1h40
Réalisation : Ringo Lam
Musique : Brother Hung
Scénario : Nam Yin et Wong Wan-Choi

Avec Willie Chi, Carman Lee, Wong Kam-Kong, Yeung Sing, Maggie Lam Chuen, John Ching, Yuen Gam-Fai et Wu Xi-Qian

Synopsis : Foyer de rébellion, le temple Shaolin a été rasé par les Mandchous. Leurs têtes mises à prix, moines et adeptes s’échappent à travers le pays. Parmi eux, le jeune Fong Sai Yuk … Combattant intrépide, ce dernier est pourtant attrapé et conduit en esclavage au Temple du Lotus Rouge, lieu souterrain immonde où l’oppresseur se livre aux rituels les plus sanguinaires. Décidé à organiser la révolte des prisonniers, Fong Sai Yuk devra d’abord échapper aux innombrables pièges du palais infernal…

En 1994, cela fait déjà des années que Ringo Lam a imposé son style sur des polars souvent sombres et violents. Les Prison on Fire, City on Fire, Full Contact et j’en passe. Son style, il le maîtrise à la perfection, même si on pourra dire qu’il n’a pas encore livré son chef d’œuvre. Et après avoir déjà tourné pour Tsui Hark en coréalisant Twin Dragons avec lui en 1992, film pouvant être considéré comme une pause tant le ton est léger contrairement à ces films habituels, voilà que Ringo Lam continue de travailler pour Tsui Hark en livrant en 1994 ce Burning Paradise, originellement sorti en France chez HK Video sous le nom Le Temple du Lotus Rouge, avant de ressortir fraichement chez Spectrum Films début 2022 sous son titre Anglais. Un Wu Xia Pian, qui retrouve alors une nouvelle jeunesse au début des années 90, justement grâce à Tsui Hark, avec ses Il était une Fois en Chine. Reste que voir Ringo Lam se lancer dans le genre et mettre en scène le personnage bien connu de Fong Sai Yuk a de quoi surprendre, surtout lorsque l’on regarde la première partie du métrage, qui semble véritablement éloignée du style et des préoccupations habituelles du réalisateur. Des étendues désertiques, un moine et son élève en fuite, des soldats à leur poursuite, puis l’irruption d’un personnage féminin, ce qui amènera quelques blagues pour faire passer notre moine pour un pervers. Oui, ça surprend tant on a l’impression d’être devant un produit classique made in Hong Kong plus que devant le nouveau film de Ringo Lam. Sans que cela ne soit déplaisant.

Car le film affiche dés le départ certaines ambitions, et certaines qualités. Déjà, son rythme, très soutenu. Et puis ces combats, que l’on pourrait juger, bien qu’étant par moment aérien, de plus calmes que ce que le genre nous a habitué, mais qui finalement, conviendront plutôt bien à la direction que prendra le métrage, et donc finalement, au style de Ringo Lam. Car passé son introduction dans le désert, et donc, la capture de nos trois personnages, à savoir donc Fong Sai Yuk, son maître et la jeune femme qu’ils rencontrent et qu’il faudra sauver, Dau Dau, les voici emmenés dans le fameux temple du lotus rouge pour y être enfermés. Un lieu moite, sombre, où les moines doivent travailler, où le maître des lieux n’hésite pas à tuer froidement les gêneurs et à garder les femmes pour lui, et où bien entendu, de nombreux pièges et guerriers sont là pour empêcher les moines capturés de s’enfuir. Et au-dessus de tout ça, il y a Kung, joué par Wong Kam-Kong, chef des lieux, figure impitoyable et inhumaine, presque fantastique. Le film passe alors en huis clos, et on retrouve alors tout ce qui fait le cinéma de Ringo Lam. C’est sombre, parfois désespéré, l’humour devient extrêmement rare, les morts peuvent survenir sans prévenir et de manière très graphique pour marquer la rétine du spectateur, sans oublier la présence de certains dilemmes moraux, même si modérés si l’on compare tout ça au reste de la filmographie de Lam. Mais ils ont le mérite d’être là. Le réalisateur impose clairement sa patte sur un genre au départ bien éloigné de ses préoccupations plus humaines et urbaines, sans pour autant oublier ce qui fait le sel du Wu Xia Pian.

Car des affrontements, il y en aura, des tas, puisque le but sera bien entendu de s’échapper de ce temple des horreurs, et que plusieurs ennemis se dresseront devant notre héros au fur et à mesure de son avancement. Des combats très nombreux, bien chorégraphiés, mais qui évitent une trop grande folie dans les enchaînements des coups, ou même finalement dans la manière de filmer ces dits affrontements, ce qui leur donne finalement un côté différent de ce qui se faisait à l’époque, mais bien plus ancré dans l’univers du métrage, et dans son ambiance sombre. Ce qui, à mes yeux, est un excellent point, puisque cela évite un décalage entre les affrontements qui se seraient voulus plus surréalistes et le reste du métrage, un peu comme dans la version de 1992 produite (et coréalisée sans être crédité) par Tsui Hark de l’Auberge du Dragon, qui avait un décalage certains entre ses moments se déroulant dans l’auberge, et ceux se déroulant à l’extérieur, plus fous, aériens et surréalistes. Burning Paradise a pour lui une réelle unité entre les différents éléments composant son intrigue. Il se tient à sa ligne directrice. Si bien que l’humour de la première partie paraît pour moi clairement de trop, même si elle permet de se préparer à ce qui viendra ensuite. Mais trop en décalage malgré tout. Rien de catastrophique non plus, Burning Paradise restant un Wu Xia Pian souvent intense et sombre, et un excellent Ringo Lam de plus.

Les plus

Le côté crépusculaire du huis clos
Les combats, très nombreux et bien chorégraphiés
Hyper généreux et rythmé
Bon casting

Les moins

L’humour de la première partie

En bref : Ringo Lam qui s’attaque au Wu Xia Pian, ça donne forcément un film différent pour le genre. Huis clos parfois étouffant et très violent, rythmé de très nombreux combats tout aussi violents, Ringo Lam parvient à livrer un film passionnant et qui a clairement sa place dans son œuvre.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The dark tone of the film
♥ The fights, there are many and there are well done
♥ Generous and well paced
♥ Good cast
⊗ The tone and jokes of the first part
Ringo Lam delivers a Wu Xia Pian flick, and of course, it’s different from the usual tone of the genre. Almost one location, violent, suffocating, with many brutal fights, Ringo Lam delivers a well made film, and it has the right to be in his long filmography.

4 réflexions sur « BURNING PARADISE (火燒紅蓮寺) de Ringo Lam (1994) »

  1. Extrêmement tentant ! En plus, je suis totalement ignare de la filmo de Ringo Lam (pour moi associé à Van Damme). Le film semble autrement plus prometteur que son affiche nanardesque 😃

    1. À l’opposé, j’ai dû voir quasiment tous les Ringo Lam sauf ses films US. Apparemment pas si mauvais d’ailleurs, comparé à d’autres films de Van Damme. Je te recommende chaudement CITY ON FIRE.

        1. C’est ça, beaucoup plus développé sur l’avant braquage, mais la dernière demi-heure, c’est clairement plus que de l’inspiration pour moi, c’est du Reservoir Dogs, dans l’âme, dans les scènes. Un grand film. Après, il a fait beaucoup de très bons films Ringo. Il y a aussi les deux PRISON ON FIRE (le premier reste meilleur, le second un poil too much parfois), FULL CONTACT (un brin vulgaire, mais très noir, très violent, et beaucoup d’idées innovantes, puis quel cast, Simon Yam, Anthony Wong, Chow Yun-Fat), sans oublier le génial FULL ALERT, que j’ai raté et le blu-ray est épuisé.

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