SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese (2010)

SHUTTER ISLAND

Titre Original : Shutter Island
2010 – Etats Unis
Genre : Policier / Drame
Durée : 2h18
Réalisation : Martin Scorsese
Musique : –
Scénario : Laeta Kalogridis d’après Dennis Lehane

Avec Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Michelle Williams, Emily Mortimer, Patricia Clarkson, Max Von Sydow, Jackie Earle Haley, Ted Levine et Elias Koteas

Synopsis : En 1954, les marshals des États-Unis Teddy Daniels et Chuck Aule débarquent sur Shutter Island, une île au large de Boston, pour enquêter sur la disparition de Rachel Solando, une patiente d’un hôpital psychiatrique de « haute sécurité » sur l’île, Ashecliffe. À leur arrivée, le docteur Cawley leur explique que cette patiente a tué ses trois enfants en les noyant.

Lorsque j’avais découvert Shutter Island au cinéma en 2010, sans rien savoir de lui si ce n’est qu’il s’agissait du dernier bébé à l’époque de Martin Scorsese, je m’étais pris une belle claque dans la gueule. Si bien qu’une semaine après la vision, j’étais retourné le découvrir dans les salles obscures. Une œuvre profondément noire, parsemée de moments marquants, et d’images qui le sont tout autant, avec une mise en scène se permettant tellement de choses, et un casting 4 étoiles comme toujours excellent, que ce soit dans les premiers rôles, ou les seconds. Bref, Shutter Island parvenait à se hisser parmi mes films préférés de Scorsese, aux côtés d’œuvre tout aussi cultes, telles que Taxi Driver et Casino, ou même aux côtés du moins aimé mais tout aussi désespéré A Tombeau Ouvert. Le genre de film qui marque. Et dont le final laissant le spectateur réfléchir un peu faisait en plus un bien fou. Les visions se sont succédées par la suite, en Blu-Ray, et j’avais même pu faire découvrir le film à ma mère, qui l’avait apprécié (elle a du goût des fois). Bref, il était donc temps que je parle également de mon amour pour ce film sur le site, après une nouvelle vision, confortablement installé dans mon appartement non loin de Shinjuku. Shutter Island donc, c’est Scorsese, qui avec un budget de 80 millions de dollars et un de ses acteurs fétiches avec Leonardo DiCaprio nous livre un subtil mélange entre le polar et le drame, lors que deux marshalls se rendent sur Shutter Island, où se situe un institut psychiatrique peuplé d’individus hauts en couleurs, et où l’une des patientes a soudainement disparue. Et Scorsese, ah il sait y faire pour créer une ambiance, dès ce plan d’ouverture sur ce bateau entouré de brume, et où après une rapidement présentation de nos deux protagonistes joués par DiCaprio et Mark Ruffalo, nous approchons de l’île, alors que retentit lourdement la symphonie numéro 3 Passacaglia, Allegro Moderato, qui a le don de poser le ton en quelques notes.

Immédiatement, avec ses lents travellings, cette approche lourde vers l’institut, quelques habiles plans aussi beaux qu’inquiétants, tout est posé, et les premiers pas de nos héros dans l’enceinte de l’institut ne vont rien changer. Ils doivent remettre leurs armes à feu, les patients autour d’eux semblent étranges, agissant bizarrement. Scorsese pose une ambiance hyper lourde sur le récit, déjà sombre de base. Et après tout, Shutter Island est une adaptation d’un roman de Dennis Lehane, déjà adapté en 2003 avec le génial Mystic River de Clint Eastwood, donc aucune surprise à ce niveau-là. Si l’enquête suit son cours, et se révèle au départ affreusement classique (interrogatoire du personnel, de quelques malades présents, visite des lieux, de la chambre de la disparue), on remarque immédiatement que les à-côtés prennent tout autant d’importance, et bénéficient d’un soin encore plus grand de la part du réalisateur, comme pour bien faire comprendre que finalement, là est le cœur de son récit, et de son film. Les traumas vécus par notre Marshall, annoncés très rapidement par ailleurs, mais que l’on découvrira réellement au fur et à mesure du récit, via quelques flashbacks assez puissants (l’horreur de la guerre) et des scènes de cauchemars hallucinantes de par leur maitrise formelle (pour les traumas plus personnels, concernant la femme du personnage). Scorsese peut même se laisser aller, visuellement, à livrer des plans beaux, sans se soucier de la cohérence (quelques faux raccords volontaires, des coupes abruptes), puisqu’il s’agît bien de cauchemars, et que la cohérence n’a alors pas lieu d’être, seule l’émotion compte. Là aussi d’ailleurs, musicalement, Scorsese a fait le bon choix, avec On the Nature of Daylight, qui m’aura aussi profondément marqué tiens.

Plus le récit avance, puis la noirceur du récit nous enveloppe ainsi que les personnages, plus l’on se permet de douter de ce que l’on voit, de ce que l’on veut bien révéler aux personnages. Il faut dire aussi qu’en personnages secondaires, Scorsese a su s’entourer d’un casting plus que solide, où l’on retrouve par exemples en directeur de l’institut avec bien sobre Ben Kingsley, un Max Von Sydow en docteur allemand, Ted Levine en gardien et même quelques autres têtes plus ou moins connues pour d’autres rôles mystérieux. L’enquête du Marshall se transforme alors en quête bien plus personnelle, pleine de doutes jusqu’aux révélations finales qui, une fois le film revu, coulent de source par moment d’ailleurs. La preuve d’une écriture et d’une mise en scène parfaitement pensées. Et puis, que dire de ce dernier dialogue, absolument glaçant et venant alors mettre encore plus en lumière les choix du personnage, en quelques mots seulement. Du grand art. Pour une fois d’ailleurs, j’ai envie de dire que ce qui compte dans sa dernière demi-heure, ce ne sont pas les twists du métrage, certains pouvant dans les grandes lignes être devinés, mais le cheminement et la structure même du film qui nous auront amenés jusque-là. Et là, Scorsese fait un sans-faute. Je me dois d’ailleurs de citer, avant de conclure, sur ce passage dans le bâtiment C, où résident les patients les plus dangereux, qui possède une ambiance réellement noire, qui pourrait même par certains aspects, rappeler du Silent Hill (les corps en décomposition en moins, tout de même). Shutter Island, c’est noir, triste, déprimant même parfois, mais c’est du grand art encore une fois.

Les plus

Un casting parfait
Une mise en scène aux petits oignons
La noirceur du récit
Les passages de rêves / hallucinations
Une musique marquante

Les moins

En soit oui certains éléments sont prévisibles

En bref : Shutter Island, c’est un Scorsese en grande forme qui adapte Dennis Lehane pour un film entre le policier et le drame, sombre, triste, mais aussi parfois magnifique, même dans sa cruauté. Superbe !

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A perfect cast
♥ The directing is just amazing
♥ A very dark tale
♥ The dream-like sequences
♥ The music is amazingly dark and sad
⊗ Yes, some elements remain predictable
Shutter Island, it’s Scorsese in great shape, adapting Dennis Lehane for a film between thriller and drama, dark, sad, also at times beautiful, even when it’s cruel. Beautiful !

4 réflexions sur « SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese (2010) »

  1. Un super film. Curieusement je n’avais pas trop accroché la première fois, je ne sais plus pourquoi, puis je l’ai revu, re-revu, et je l’adore désormais. Je n’irai pas jusqu’à le mettre au niveau de TAXI DRIVER ou LES AFFRANCHIS malgré tout, mais chacun sa sensibilité.

    Signe d’un grand film : même quand on connait la fin, elle nous étreint, nous fait mal à chaque fois.

    1. Au moins, tu l’as réhabilité depuis. Ça me fait penser qu’il faudrait que je retente GANGS OF NEW YORK, que je n’avais pas aimé à sa sortie, jamais retenté depuis.
      Pour moi, il a clairement sa place aux côtés de TAXI DRIVER, LES AFFRANCHIS, CASINO et quelques autres. Ça me donnerait presque envie de me faire un petit marathon Scorsese tout ça, et de voir les quelques uns que je n’ai toujours pas vu (SILENCE par exemple).

        1. Il divise énormément, adoré par certains et rejeté par d’autres. Pour ça qu’il m’a toujours fait peur et que je ne l’ai jamais tenté…

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