THAGHUT de Bobby Prasetyo (2024)

THAGHUT

Titre Original : Thaghut
2024 – Indonésie
Genre : Fantastique
Durée : 1h42
Réalisation : Bobby Prasetyo
Musique : Aghi Narottama
Scénario : Lele Laila

Avec Yasmin Napper, Arbani Yasiz, Ria Ricis, Whani Darmawan, Dennis Adhiswara, Hana Saraswati, Keanu Azka, Nasarius Sudaryono et Joanna Dyah

Synopsis : Ainun a découvert que son père biologique, Abah Mulya, était en fait un maître spirituel qui enseignait l’hérésie et s’éloignait de la Qibla. Ainun pourra-t-elle les guider à nouveau sur le droit chemin ?

Un peu de culture avant tout ! Thaghut, c’est un terme islamique qui désigne l’adoration d’une autre divinité en dehors de Dieu. Ça, je l’ignorais avant de lancer le film. Thaghut donc, c’est un film Indonésien de 2024 réalisé par Bobby Prasetyo, réalisateur plutôt nouveau (son premier métrage date de 2018) mais qui carbure depuis, avec notamment en 2023 deux films (le très moyen Kultus Iblis et le très sympathique Pamali The Corpse Village, suite de son Pamali de 2022) et quatre films en 2024. Enfin, trois et demi puisque le dernier est un film à sketchs réalisé à deux, et pas très bon en plus (The Devil’s Horns). Un réalisateur qui semble donc très inégal, mais qui en veut, qui bosse dur et enchaîne les projets dans le genre horrifique, et du coup moi ça me rend curieux. Car s’il est inégal, ça veut dire qu’une fois sur deux, il est bon, et j’avais réellement bien aimé son Pamali The Corpse Village. Pas parfait, mais avec une belle ambiance horrifique. Et avec Thaghut, on est pile dans l’entre-deux. Pas mauvais, mais pas toujours convaincant. Toujours mieux que Kultus Iblis donc. Notre personnage principal, la jeune Ainun, est dévastée le jour où elle apprend que la personnalité qu’elle adore, Abah Mulya, un pseudo guérisseur avec des pouvoirs surnaturels médiatisé à la télévision, est décédé. Elle l’est encore plus quand ses proches lui révèlent enfin le secret. Abah Mulya était son père, et sa mère avait tout fait pour que jamais elle ne l’apprenne, de son vivant du moins. Avec deux amis, la jeune femme part donc sur place, en quête de réponses, sur son passé, ses racines, sa famille, son père surtout, sans se douter qu’elle se jette dans la gueule du loup. Sauf si vous comprenez le titre avant de lancer le métrage.

Comme d’habitude avec l’Indonésie, on ne change pas une formule gagnante, et on a donc dans le mix, un petit village reculé, des croyances différences, un démon pas content, des possessions, des morts violentes, et un peu de religion. Là où Thaghut marque des points, c’est dans sa gestion de l’ambiance horrifique. Le réalisateur avait déjà prouvé par le passé qu’il maitrisait au moins cet aspect-là, et c’est encore une fois le cas ici, et ce dès l’ouverture, avec champs de maïs (sans enfant, du moins pour l’introduction), nuit inquiétante, ambiance pesante et cadavre décapité. Tout au long du film, le réalisateur parvient à placer une ambiance lourde, et marque parfois quelques points lors de quelques scènes bien fichues. Ou dans le design de sa créature, apparaissant souvent furtivement, mais qui s’avère plutôt original, et donc par extension, intriguant. On veut en savoir plus, on veut en voir plus. Mais le film ne cède que très rarement aux sirènes de l’horreur frontale, et c’est tout à son honneur, surtout quand cela permet de rendre les scènes violentes plus impactantes. Dans les grandes lignes, l’histoire du film est prévisible, et se repose sur des piliers que l’on connait un peu trop bien aujourd’hui. Quand ça demeure efficace, ça passe malgré tout, et il faut avouer que certaines scènes horrifiques fonctionnent très bien. On aurait sans doute pu en attendre plus venant de la scénariste Lele Laila, mais vu son rythme d’écriture (18 scénarios depuis 2022), il n’y a rien d’étonnant au final, surtout qu’on la retrouve derrière des films déjà assez portés sur la religion comme Siska Neraka ou KKN. Et justement, Thaghut partage un point avec ses deux métrages.

A savoir un aspect religieux qui devient parfois très frontal et envahissant. Alors, évidemment, avec un tel sujet, un village vénérant un démon autre que Dieu, c’était logique, surtout que l’on trouve la même chose de l’autre côté du globe avec les films de possessions et autres exorcismes par exemple, mais quand on nous annonce que la seule manière de vaincre le mal est juste de réciter le Coran, chez moi, ça coince un peu. C’est trop frontal, trop manichéen, sans détours pour que ça fonctionne clairement. Trop simpliste également, en gros il suffit que n’importe qui connaisse par cœur les écrits pour se débarrasser du mal. Dans la première partie du récit, ça fonctionne pourtant, mais plus ledit récit avance, plus ça se fait insistant et envahissant, ne laissant alors plus de place au folklore mais juste à la religion. On me dira qu’il faut de tout pour faire un monde, et c’est vrai, mais lorsque Lele Laila travaille par exemple avec Kimo Stamboel, elle sait livrer des scénarios efficaces (mais tout aussi classiques), sans détours, sans religion. Peut-être au final que le métrage n’était juste pas pour moi ? Dommage en tout cas, car ça reste plutôt efficace la majeure partie du temps, et donc divertissant, mais le tout s’effrite au fur et à mesure.

Les plus

Une belle ambiance horrifique
Les effets sanglants
La première heure franchement sympathique

Les moins

Très prévisible
L’aspect religieux trop poussé
Le final un brin raté

En bref : Thaghut est une production horrifique Indonésienne qui ne fera pas date. Pas mauvais, mais trop bancal pour retenir l’attention.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A nice horrific atmosphere
♥ The bloody effects are nice
♥ The first hour is really nice
⊗ Very predictable
⊗ It goes too far in the religious aspect
⊗ The finale, bad
Thaghut is another horror film from Indonesia, and it won’t be remembered. Not bad, but too predictable to leave a mark.

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