THE CROW : LA CITE DES ANGES (The Crow City of Angels) de Tim Pope (1996)

THE CROW : LA CITE DES ANGES

Titre Original : The Crow City of Angels
1996 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h24
Réalisation : Tim Pope
Musique : Marco Beltrami
Scénario : David S. Goyer d’après le comic de James O’Barr

Avec Vincent Perez, Mia Kirshner, Richard Brooks, Iggy Pop, Thomas Jane, Vincent Castellanos, Thuy Trang, Eric Acosta, Ian Dury et Tracey Ellis

Synopsis : Los Angeles est devenue une annexe de l’enfer, le royaume de Judah Earl. Le bras droit de celui-ci, Curve, assassine un homme dénommé Ashe, et son petit garçon. Comme le fit jadis Eric Draven, Ashe reviendra d’entre les morts aux yeux de la jeune Sarah, accompagné du funeste Corbeau, afin d’assouvir son implacable vengeance.

Je vais vous surprendre, mais pour une fois, je vais dire du bien de Miramax et Dimension Films. Et donc par extension des frères Weinstein. Espérons que cela n’entraine pas la fin du monde. Mais si The Crow a pu sortir en 1994, c’est en partie grâce à eux, qui, après le triste décès de Brandon Lee, ont financé la fin du tournage pour compléter le film, avant de la distribuer avec, grande surprise de leur part, une promotion honnête ne cherchant pas du tout à capitaliser sur la mort de l’acteur. Une promotion respectueuse donc. Sauf que, Wesintein oblige, dés que le film devient un succès et rapporte de l’argent, le naturel revient au galop, et voilà, une suite est sur les rails. Et le souci principal des frères Weinstein reste bien là, si bien que comme pour de très nombreux films, comme Halloween 6, Hellraiser Bloodline ou encore Cursed (dont Wes Craven est le seul d’ailleurs à être resté malgré tout jusqu’à la fin, admirons son courage), les voilà à valider un scénario, à laisser un réalisateur faire le film qu’il veut, mais une fois le montage devant les yeux, non ça ne plait pas, faut tout changer. Qu’une idée semble bien sur papier mais au final rende mal à l’écran, ça arrive, très souvent, et il n’est pas rare de devoir effectuer quelques changements, mais quand c’est tout le film qui change, on se dit juste que les producteurs ne lisent pas le scénario en début de production mais valident tout de même, ou bien qu’au départ, ils se sont levés du pied gauche en début de production, mais qu’arrivé au montage, mince, ils se sont levé du pied droit, et donc rien ne va plus. Car The Crow : La Cité des Anges, première suite du grand film d’Alex Proyas, partait avec les meilleures intentions du monde. David S. Goyer est au scénario (en écrivant durant la production un certain Dark City, pour Alex Proyas), Tim Pope est embauché comme réalisateur, Marco Beltrami revient à la musique, tout le monde est d’accord pour s’éloigner le plus possible du film original par respect pour l’acteur, et tout simplement pour ne pas refaire la même chose et étendre l’univers.

Sauf que quand Tim Pope livre son montage aux frères Weinstein, déjà le métrage dure près de 3h, et il est trop éloigné du premier film. Du coup, le duo ordonne un remontage intégral, des coupes drastiques et le retournage de quelques séquences. Le réalisateur, ainsi que le scénariste d’ailleurs, claquent la porte, et voilà comment The Crow 2 se retrouve à passer de 3h à 1h25. Voilà comment stylistiquement, le film tente de ressembler au premier. Voilà comment on se retrouve avec un film qui des fois, prouve qu’il a quelques idées, les dévoile, puis les oublie, sans doute car le développement des dites idées est coupé au montage… Car dans les faits, le résultat final de The Crow 2 est bancal, pas totalement mauvais car cela reste un film de cinéma fait par une équipe compétente, mais insignifiant, car tentant beaucoup trop de refaire The Crow, au point d’accumuler les similitudes, et donc d’avoir parfois l’air d’être un remake avec moins d’argent et de savoir-faire. C’est d’ailleurs le constat principal après vision du métrage. Vincent Perez n’est pas Brandon Lee, la musique de Marco Beltrami n’est pas mauvaise mais n’égale pas son travail sur le premier film, la mise en scène a quelques idées mais celles-ci sont parfois saccagées par le montage qui accumule les effets de styles pour se donner un air cool, et le scénario a parfois des éclairs de génie, quelques pistes intéressantes, dans sa rapport à la mort, en mettant tout cela en parallèle avec la fête des morts, et en délocalisant l’aventure dans un Los Angeles limite post apocalyptique qui nous ferait presque croire que Snake Plissken va débarquer au détour d’une sombre ruelle, mais non, en coupant allégrement dans le lard, le scénario ne reste alors qu’une simple copie du film original. Le principal reproche que l’on pourra faire au métrage, outre son final raté abusant de CGI tout aussi ratés (1996 oblige), c’est que le film tel qu’il a débarqué sur nos écrans à l’époque n’est pas déshonorant en soit, mais totalement inutile.

Pas déshonorant pour toutes les raisons évoquées, mais pas que. Le scénario oui, en l’état, c’est quasi un remake du premier film, Vincent Perez remplaçant Brandon Lee, la vengeance pour la femme de sa vie étant remplacée par une vengeance pour son enfant. Mais par endroits, quelques idées pointent le bout de leur nez, comme lorsque notre héros rentrera dans une église et qu’on lui expliquera le concept de la fête des morts, pour renvoyer les esprits chez eux, avant que tous les occupants ne se tournent vers lui, conscient qu’il n’est pas dans son monde. Même chose lorsqu’après un dialogue avec Sarah (personnage issu donc du premier film, sorte de lien), notre héros s’interroge sur l’après vengeance, s’il doit retourner de là où il vient, et nous lancera subtilement qu’il aimerait peut-être rester dans le monde des vivants. Le conflit n’est pas inintéressant, mais ne mène à rien, et à force de coupes dans le montage, arrive un peu sans prévenir, sans justifications. Si la mise en scène émule parfois le premier film, avec des plans aériens simulant le vol du corbeau, une violence assez poussée, le fait de délocaliser le tout à Los Angeles change un peu l’identité graphique du métrage, avec des tons orangés, et des rues qui semblent issues d’un post apo. Même constat finalement pour le casting. Si le métrage ne fera jamais oublier le casting du premier film (pas que Brandon, mais aussi tous les autres, jusqu’à Tony Todd dans un minuscule rôle), il n’a pas à rougir, et quelques acteurs viennent cabotiner et se faire plaisir, comme Thomas Jane affublé d’une perruque et Iggy Pop souvent en roue libre. Pas mal d’éléments parfois sympathiques, et laissant parfois entrevoir le film que The Crow City of Angels aurait dû être. En l’état, ce n’est pas vraiment bon, mais pas honteux pour autant. Mais la saga ne s’arrête pas là…

Les plus

Pas un film désagréable en soit
On perçoit quelques idées ci et là
Le casting semble s’amuser (Thomas Jane et Iggy Pop)

Les moins

Un film charcuté
Beaucoup trop proche de l’original
Vincent Perez n’est pas Brandon Lee

En bref : The Crow City of Angels, comme énormément de productions Miramax des années 90, a souffert d’une post production compliquée, réduisant le métrage de la moitié de sa durée et le changeant stylistiquement et thématiquement. On peut toujours percevoir des restes de ce qu’il aurait dû être, ainsi que quelques trouvailles intéressantes, mais du coup, la comparaison avec le film original est forcément présente, et ça ne joue pas en sa faveur.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Not totally a bad movie
♥ We can still see a few interesting ideas here and there
♥ The cast is having fun (Thomas Jane and Iggy Pop)
⊗ The film was butchered
⊗ Way too close to the first film
⊗ Vincent Perez isn’t Brandon Lee
The Crow City of Angels, like many Miramax films from the 90s, had a complicated production, with the final film being half its original duration and its looks changed. We can still see some ideas and things of what it should have been, but the final film is compared to the original, because it’s way too close… and it doesn’t help it.

4 réflexions sur « THE CROW : LA CITE DES ANGES (The Crow City of Angels) de Tim Pope (1996) »

  1. Pas déshonorant mais sous la moyenne quand même 😉
    Je confesse n’avoir même pas vu le premier qui pourtant est aujourd’hui objet de vénération par tous les gothiques de la planète. Alors le 2… Quand même, il y a Iggy, et rien que pour ça, j’ai envie d’y jeter un oeil. Et tant pis si les Weinstein sont derrière, à ce compte là on peut jeter aussi presque tous les Tarantino et un paquet de très bons films.

    1. Disons que pas déshonorant, mais si tu as vu le premier, alors là forcément, ça fait quand même un peu mal à cause du charcutage et de la comparaison constante avec l’original. Mais tente le hein l’original, il est très bien, je suis pas gothique et pourtant j’adore. Mais t’inquiètes pas, on va refaire un ou deux tours de l’alphabet niveau articles, et prochains tours en C, tu auras mon avis sur The Crow Salvation et The Crow Wicked Prayers, les opus 3 et 4 qui eux sont des DTV fauchés.
      En ce qui concerne les Weinstein, évidemment je suis contre un « boycott » ou que sais-je de ce qu’ils ont produit, mais il faut avouer que dés que ça touchait les petits budgets de genre, ils faisaient bien chier vu le nombre de films charcutés, reniés par les réalisateurs et j’en passe, et le nombre de suites DTV faites au rabais. Tarantino lui a eu la chance de rencontrer dés ses débuts le succès public et critique, et du coup d’avoir la paix totale de leur part.

        1. Ah oui tiens c’est vrai, alors que Scorsese, pas n’importe qui dans le milieu, et pourtant. Après, je ne suis pas un grand fan de Gangs of New York, je crois même que c’est le Scorsese que j’aime le moins au final.

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Loving movies

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading