BOITE NOIRE de Yann Gozlan (2021)

BOITE NOIRE

Titre Original : Boite Noire
2021 – France
Genre : Thriller
Durée : 2h09
Réalisation : Yann Gozlan
Musique : Philippe Rombi
Scénario : Nicolas Bouvet, Yann Gozlan, Jérémie Guez et Simon Moulairou

Avec Pierre Niney, Lou de Laâge, André Dussollier, Sébastien Pouderoux, Olivier Rabourdin, Guillaume Marquet et Mehdi Djaadi

Synopsis : Que s’est-il passé à bord du vol Dubaï-Paris avant son crash dans le massif alpin ? Technicien au BEA, autorité responsable des enquêtes de sécurité dans l’aviation civile, Mathieu Vasseur est propulsé enquêteur en chef sur une catastrophe aérienne sans précédent. Erreur de pilotage ? Défaillance technique ? Acte terroriste ? L’analyse minutieuse des boîtes noires va pousser Mathieu à mener en secret sa propre investigation. Il ignore encore jusqu’où va le mener sa quête de vérité.

Boite Noire est un thriller Français dont j’avais entendu beaucoup de bien, figurant souvent dans pas mal de top de l’année 2021. Prouvant encore une fois que l’année fut riche en films de tout genre, de tout horizons, et que les heures manquaient pour tout voir. Et c’est bien dommage. Car avec Boite Noire, on a droit à un thriller paranoïaque avec son lot de rebondissements, de complots, de doutes, et on pense immanquablement à tous ces grands films manipulateurs de la belle époque, avec un petit côté Polanski (The Ghost Writer par exemple) ou De Palma (Blow Out, la comparaison est frappante vu le travail sur le son, autant effectué sur le métrage que via le travail de leurs personnages principaux). Dans Boite Noire donc, nous sommes plongés dès la scène d’ouverture dans le bain. Il faut dire que Yann Gozlan ne fait pas les choses à moitié et démontre une rigueur technique et artistique dés son premier plan, avec un travail assez fou au niveau du son, et un faux plan séquence extrêmement bien fichu. C’est donc le drame, et pour une raison inconnue, un avion s’écrase, avec ses 300 passagers à bord, le Paris-Dubaï. Evidemment, une telle catastrophe attire l’attention des médias, et c’est aux équipes de la BEA d’analyser toutes les données à disposition pour comprendre ce qu’il s’est réellement passé, et alors qu’il était sur la touche à cause de son côté maniaque qui ne plait pas toujours à ses collègues, voilà que le jeune Matthieu Vasseur se retrouve chef d’équipe pour décortiquer les événements grâce à la fameuse boite noire retrouvée de l’avion. Et première constatation, toute ma vie fut un mensongère, cette fameuse boite noire, elle est rouge !

Blague à part, Boite Noire met donc en avant un personnage maniaque, travaillant sur le son, et devant analyser dans les moindres détails ce qui est récupérable des enregistrements de l’avion afin de comprendre ce qu’il s’est réellement passé. Accident technique ? Détournement ? Terrorisme ? Négligence ? Tout est possible, les enregistrements sont dans un état pitoyable, il va falloir tout analyser, tout nettoyer, comprendre, faire preuve de jugement, et surtout, ne pas interpréter ce que l’on entend, ou surtout, ce que l’on pense entendre, ou est persuadé d’entendre. Ce qui n’aurait pu être qu’un simple film de bureau avec des gens assis en train d’écouter des pistes audios prend rapidement des airs de thrillers manipulateurs, pour le plus grand plaisir des spectateurs, et surtout pour mon plus grand plaisir, tant Boite Noire accroche immédiatement le spectateur. Avec son scénario, malin, qui sait prendre son temps (et prouve que l’on n’a pas besoin de deux rebondissements à la minute pour s’intéresser à une histoire) et jouer sur les fausses pistes, avec sa mise en scène, calme et maitrisée (qui prouve que l’on n’a pas besoin de simuler du rythme avec un montage épileptique), avec ces acteurs confirmés tout en retenue, avec un design sonore ingénieux et même un savant mélange d’ambiance et de silence qui donne une lourdeur non pas au récit, mais à l’ambiance donc, et nous accroche. Comme dans tous les films du genre, les fausses pistes sont là, notre personnage principal ne veut pas lâcher prise tant qu’il n’aura pas découvert la vérité et en aura les preuves tangibles même lorsque tout le monde est contre lui, et le film nous fait douter, des événements, de ce qu’il nous montre, mais surtout de ce qu’il nous fait écouter, comme si le spectateur devenait le temps du film autant actif dans le déroulement et l’analyse sonore que le personnage.

Et sachant comment le cinéma Français populaire n’ose jamais rien tenter au niveau du son, préférant partir dans le drame social ou la comédie facile sans jamais titiller nos sens, c’est clairement à souligner. Il y a eu un travail énorme qui rend le film particulièrement ludique et prenant. Du coup oui, dés le départ, on sent comme notre héros que quelque chose cloche, que la vérité ne peut pas être aussi simple que ce que l’on trouve aux premiers abords, et on suit ce jeu de piste avec intérêt, au fur et à mesure que ces dites pistes changent radicalement notre vision des choses, la chaîne même des événements qui se sont déroulés et que l’on prenait pourtant pour acquis. Pendant un tout petit peu plus de deux heures, Boite Noire touche au but et démontre que oui, en France aussi, on peut livrer de solides métrages, des métrages travaillés qui ne se contentent pas de filmer simplement une histoire sur un sujet d’actualité, mais que l’on peut livrer un cinéma malin et travaillé, manipuler le spectateur via sa perception du son et des images, et donc, tenir en haleine en utilisant tous les procédés que le cinéma met à disposition. Evidemment, l’ensemble n’est pas parfait, mais on pourrait dire que son intrigue est un peu trop dans l’ère du temps, à une époque où l’on voit des complots absolument partout, ou que son final, pour qui est un peu rodé à ce genre de métrages, peut sembler bien prévisible, vu qu’il utilise des procédés assez classiques du genre abordé. Mais ce serait également bouder le plaisir procuré face au métrage. Oui, en France aussi on peut livrer ce genre de films.

Les plus

Un travail sonore magistral
Pas mal de bonnes idées visuelles
Le casting impliqué et crédible
Une intrigue qui intéresse
Un rythme posé mais parfaitement huilé

Les moins

Un final assez prévisible dans son genre

En bref : Boite Noire est une bonne surprise, une œuvre maitrisée, dont l’enrobage sonore et visuel fait parti intégrante de sa narration et de ses enjeux, et qui tient en haleine un peu plus de deux heures.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A huge work on the sound
♥ A few good visual ideas
♥ A believable and invested cast
♥ An interesting story
♥ It’s slow, it takes its time, but it works
⊗ For its kind, the finale is a bit predictable, that’s true
Black Box is a nice surprise, a well made film, with its visual and sound design being part of its story and its stakes.

8 réflexions sur « BOITE NOIRE de Yann Gozlan (2021) »

  1. Idem. Super film, malgré quelques facilités mais ça va tellement vite, c’est tellement bien fait… qu’on n’y fait pas vraiment attention. Pour l’instant j’ai vu trois films de ce réal et j’aime beaucoup les trois !

  2. La boîte noire est rouge, premier mensonge ! Excellent, je n’avais pas vu les choses sous cet angle, c’est très bien vu.
    Bon tu vois, je n’avais pas menti sur les qualités de ce thriller français qui trouve bien sa place derrière les « blow out » et autres « Conversations Secrètes » draguant leur lot de parano. Interpréter sans surinterpréter, c’est aussi le lot du critique. Il y a une très puissante mise en abime dans ce sujet.
    Superbe article 👏

    1. Je me sentais obligé de faire cette petite blague, surtout qu’en réalité, je me suis réellement demandé pourquoi ce terme a été choisi en particulier vu qu’il ne correspond même pas à la boite en elle-même. Mais je m’égare.
      Mais oui, il est très bien ce thriller Français, qui avait tout pour me plaire dés le départ, BLOW OUT étant mon De Palma préféré et le lien entre les deux métrages étant plus que flagrant. Heureusement que sur nos sites, on ne se laisse pas aller à surinterpréter justement. Même si ça peut ouvrir des pistes, il ne faut parfois pas aller trop loin, mais une fois un film terminé et présenté au public, celui-ci y voit de toute manière ce qu’il veut bien y voir.
      Il faut que je me penche sur le reste de la filmographie du réal maintenant. Un de plus !

      1. « Boîte Noire » avait récolté le prix du public à Reims Polar, il y a deux ans. Mérité selon moi.
        Yann Gozlan était invité à présenter son film préféré cette année. Il a choisi « Burn out » mais je n’ai pas pu me rendre à la séance. Du coup je l’ai chopé en DVD mais toujours pas vu.

        1. Entre LIMBO cette année, BOITE NOIRE il y a deux ans, les festivals et autres événements axés polars en France ont décidemment bon goût, il n’y a pas photo. Et même si je ne suis pas un grand connaisseur, on s’y connait chez nous en polar, que ce soit d’ambiance, plus musclés ou plus lancinants, entre les films de Gozlan, de Jimenez, LA NUIT DU 12 de Moll aussi l’année dernière. J’ai enfin NOVEMBRE de Jimenez à voir, dés que j’arriverais à avoir 2h de suite sans personne pour me déranger.

          1. « Novembre » j’avais très peur vu le sujet mais franchement j’ai trouvé ça vraiment pas mal.
            Pour info, d’après mes sources, « Limbo » sort en France en salle le 12 juillet.

            1. Oui, c’est justement ton avis qui m’avait donné envie de le voir, et le fait d’avoir vu et apprécié BAC NORD peu de temps avant sa sortie. En fait je me rends compte que j’ai énormément de films Français que je met d’office de côté pour voir en priorité d’autres choses. C’est mal je sais, va falloir que je fasse une petite session de rattrapage.

              Bonne nouvelle pour LIMBO, de quoi passer un été sous…. oui non je ne finirais pas cette phrase, mais bonne nouvelle haha.

              1. Dis-toi qu’on sera peut être content de se mettre un peu sous cette pluie si sécheresse et canicule se donnent rendez vous en juillet. 😉

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