DOUBLE WORLD (征途) de Teddy Chan (2020)

DOUBLE WORLD

Titre Original : 征途
2020 – Chine
Genre : Aventures
Durée : 1h50
Réalisation : Teddy Chan
Musique : Peter Kam
Scénario : Fendou Liu et Ning Wen

Avec Xianhua Liu, Rundong He, Chenhan Lin, Luxia Jiang, Zhongqian Luo, Ming Hu, Shi Shi, Haonan Zheng et Minghu Xu

Synopsis : Déterminé à faire honneur à son village, le jeune Dong Yilong amorce un périple dangereux en direction d’un tournoi opposant les guerriers les plus valeureux.

Si Double World est sorti durant l’année 2020 en passant par les toutes petites portes du streaming, autant en Chine via iQiyi qu’à l’international via Netflix, le film n’a pourtant rien d’un petit film. Co-production entre la Chine et Hong Kong, budget estimé à 43 millions de dollars ce qui est énorme pour une production Chinoise, réalisateur confirmé ayant fait ses preuves, Soi Cheang à la production, oui Double World n’est pas un petit film, surtout qu’il adapte en réalité un jeu multijoueur très populaire en Chine, Zhengfu, que l’on pourrait considérer comme le World of Warcraft Chinois. Pas étonnant du coup en effet que le budget soit confortable et que l’équipe responsable du métrage ne soit pas débutante, loin de là. Car le film, il a été confié à Teddy Chan, et sa carrière, elle remonte à loin, même si au départ, surtout en tant qu’assistant (Gunmen par exemple dans les années 80) ou acteur, et même scénariste (Black Mask). Mais comme réalisateur, si ses faits d’armes sont loin d’être toujours glorieux (The Accidental Spy), on remarque tout de même sur son CV Bodyguards and Assassins et Kung Fu Jungle, soit deux métrages avec Donnie Yen. Et ça, ça fait toujours classe sur le CV en Chine. Entrant en préproduction dés 2016 avec un tournage en 2018, c’est donc mi 2020 que le métrage débarque directement sur internet, privé de sortie cinéma pour des raisons évidentes, prévue pour le début de l’année 2020. Quelques records d’audience sur iQiyi, une sortie mondiale, que demander de plus ? Que le film soit bon en effet. Et dans une certaine mesure, il l’est, même s’il souffre de défauts très facilement reconnaissables. Situé dans un monde imaginaire, le film met en scène avant tout un trio de personnages que tout oppose, mais qui va faire équipe pour des raisons diverses et variées et participer à un tournoi organisé par l’empereur avant de représenter leurs terres. Ses trois personnages seront Chu Hun, un déserteur voulant se venger, Dong Yilong, un jeune orphelin voleur, et Jinggang, une jeune femme qui rejoindra le groupe en cours de route.

De la fantaisie, un groupe de personnages, un monde imaginaire, des batailles, des épreuves, des créatures fantastiques dont un dragon, nous sommes clairement dans de la fantaisie pure et dure, qui va à 100 à l’heure quitte à survoler de nombreux éléments d’intrigue, et qui se fait donc diablement prenant si l’on se prend au jeu, puisque du haut de ses 1h50, pas le temps de s’ennuyer. Mais ne pas s’ennuyer, c’est bien, mais ça ne fait pas forcément non plus un bon film pour autant. Non pas que Double World soit mauvais, non, mais il alterne constamment les idées réussies et les idées totalement foireuses. Et ce dans tous les domaines, que ce soit le scénario, les personnages, la mise en scène, les effets spéciaux, voire même parfois le ton du métrage. Un peu comme si les ambitions du métrage étaient tellement grandes que forcément, quelque part, certains éléments n’arrivent pas à suivre et s’écroulent sous le poids du reste. Son scénario par exemple, il est fluide, il va à l’essentiel, tout va très vite pour tenir sur même pas deux heures, et c’est autant un avantage qu’un inconvénient, puisque beaucoup de choses sont si peu développées, alors que l’on sent que derrière, il y a matière à, avec tous ces personnages, ces différents clans, ce monde imaginaire, ces complots. Mais le plus souvent, Double World va à l’essentiel. Au moins, il ne perd jamais son spectateur, c’est une qualité. Niveau personnage, même constat, puisque le tout est extrêmement cliché, et cela rattaché avec son scénario direct et simpliste rend le tout encore plus prévisible. Néanmoins, il faut aussi souligner que bien qu’ils soient clichés, le trio de personnages principaux reste attachant. Un plus ça aussi. Quand aux autres, ils seront si peu développés qu’il n’y a en réalité peu de choses à en dire, si ce n’est l’esclave, interprétée par Jiang Luxia.

Ce même constat allant d’un extrême à un autre, il se retrouve donc au niveau des effets spéciaux. Le budget est là pour mettre les ambitions du titre en avant, avec ses créatures géantes, ses dragons, ses combats, ses citées impressionnantes. Pour une fois, les CGI ont même sacrément de la gueule, et on sent que l’équipe des effets spéciaux a tout donné… sur les éléments importants, au détriment de tous les petits détails qui viennent alors piquer les yeux, comme la fumée ou les flammes. La mise en scène aussi alterne les moments inspirés, les moments épiques avec poursuites, combats, travelling en grand angle qui ont de la gueule, puis tout à coup, une idée foireuse ou un montage qui vient s’emballer un peu trop. Ce grand écart se retrouve dans le ton du métrage, alternant des moments légers presque niais, voire parfois réellement niais, avant l’instant d’après d’aller dans des tons plus graves, sérieux, et réussis d’ailleurs. Certains moments dramatiques, ou certaines morts de personnages fonctionnent très bien, vu qu’ils étaient attachants. Et ce grand écart, il se retrouve forcément dans le verdict final. On passe un bon moment, on ne voit pas le temps passer, on se prend au jeu, mais malgré tout, parfois, ça pique les yeux, où l’on va sourire devant quelques éléments foireux. Double World, c’est donc un divertissement dans la moyenne. Loin d’être mauvais, mais loin d’être inoubliable, mais faisant passer quasiment deux heures appréciables.