PROJECT SILENCE (탈출: 프로젝트 사일런스) de Kim Tae-gon (2023)

PROJECT SILENCE

Titre Original : 탈출: 프로젝트 사일런스
2023 – Corée du Sud
Genre : Suspense
Durée : 1h36
Réalisation : Kim Tae-gon
Musique : Shim Hyun-jung et Alan Tyler
Scénario : Kim Tae-gon, Kim Yong-hwa et Park Joo-suk

Avec Lee Sun-kyun, Ju Ji-hoon, Kim Hee-won, Moon Sung-keun, Ye Soo-jung, Park Hee-von, Park Ju-hyun, Kim Tae-woo et Kim Su-an

Synopsis : Le pont menant à un aéroport menace de s’effondrer, alors que les survivants de la catastrophe tentent de survivre, livrés à eux-mêmes face à une horde de chiens féroces, résultats d’expériences expérimentales, le Project Silence.

Présenté, hors compétition, à Cannes en 2023, Project Silence aura pris une année avant de sortir enfin sur les écrans, et ce pour de tristes raisons. L’acteur principal, Lee Sun-kyun, connu en France surtout pour son rôle dans A Hard Day (remaké partout à toutes les sauces depuis) et dans le Parasite de Bong Joon-ho, aurait été, en Octobre 2023, sous enquête pour possession et consommation de drogue. L’enquête aurait quelque peu piétinée, avec en prime de l’infidélité alors qu’il était marié depuis 2009, puis en Décembre 2023, le drame, avec la découverte de Lee dans sa voiture, après un suicide. Bon, sauf qu’ici, on parle cinéma, et non pas de la vie des stars, surtout quand finalement, on ne connait pas vraiment le fin mot de l’histoire, et que cela ne changera rien à la qualité ou non du métrage. Toujours est-il que c’est toujours triste, et que je l’aimais bien moi, comme acteur. Project Silence, c’était sur le papier le petit film pas prise de tête parfait. 1h36 seulement au compteur, un pont de nuit, sous la brume, qui menace de s’effondrer, alors qu’une horde de chiens féroces rode dans les environs, et qu’une galerie de personnages va bien entendu tenter de survivre coûte que coûte. Parmi ses personnages, un employé d’une station-service, une golfeuse, un couple de personnes âgées, et notre héros, politicien, ainsi que sa fille. Ça ne respire pas l’originalité, même parmi les personnages, on sent directement qui va survivre ou pas (enfin, presque), on sent venir le père courageux qui va tout faire pour sauver sa fille malgré des tensions entre les deux. Mais voilà, c’est court, ça pourrait être efficace, et les chiens tueurs un brin modifiés, j’aime bien (Max le Meilleur Ami de l’Homme). Si on place tout ça sur une nuit, sur un pont qui peut s’effondrer à tout moment, le tout avec une brume qui fait qu’on ne voit pas à cinq mètres, tout était là pour un film à suspense efficace.

Et Project Silence l’est, efficace. Malgré quelques défauts qui sont clairement dommages. On pourra par exemple trouver dommage que les plans sur les chiens sont parfois en CGI, et que ça manque de naturel, dans leur animation. Ce qui ne les rend jamais véritablement inquiétants, alors qu’ils devraient l’être. Pareil au niveau des personnages, qui ont certes tous leur petit background et leur petit trauma à surmonter durant le film, mais qui ne respirent jamais l’originalité. La golfeuse peu sûre d’elle qui va pouvoir briller lors d’une séquence en mettant ses talents en avant, le père politicien qui va se réconcilier avec sa fille et se trouver une meilleure conscience lorsque le film avance, le scientifique à l’origine de tout qui va avoir des remords, le petit con de la station-service qui va au fur et à mesure un peu plus respecter les autres et se transformer presque en héros au grand cœur. Bref, du grand classique. Mais à côté, avec sa courte durée et sa technique souvent bien rodée, Project Silence est sans temps morts, et n’ennuie jamais malgré la prévisibilité de son script de manière générale. Car oui, chaque petit événement, on le voit venir à l’avance. Une puce pour appeler les chiens et ainsi s’en débarrasser ? On se doutera bien que ce chien que l’on a vu auparavant se cogner la tête contre un mur va voir sa puce ne plus fonctionner. Les militaires qui débarquent et la voie qui semble libre ? On sait pertinemment que c’est un piège. Les personnages qui arrivent enfin à enfermer les chiens dans un espace clôt, leur permettant de fuir ? On se doute qu’un élément perturbateur fait qu’ils vont devoir revenir se mettre en danger. C’est ainsi.

Mais Project Silence encore une fois ne cherche pas forcément à renouveler la formule, et vise le divertissement en premier lieu. Enfin j’espère pour lui, mais en tout cas, de ce côté, il y arrive. C’est bien rodé, bien filmé, bien photographié, efficace et rythmé, et si les chiens ne sont jamais effrayants, et parfois pas toujours crédibles, suivre leurs attaques et les tentatives de survie du groupe qui diminue à vue d’œil se fait avec un certain plaisir. Même si on regrette que finalement, le film soit un efficace divertissement oui, mais qui cherche à rester tout public. Malgré la violence de certaines attaques, il n’y aura rien de véritablement choc à l’écran, aucune attaque de véritablement vicieuse, même lorsque les personnages le méritent. C’est finalement probablement ma plus grande déception vis-à-vis du film. Ça manque de mordant, ironiquement. Ce n’est jamais méchant ou viscéral. Le plus souvent, ça se regarde plutôt comme un petit film d’exploitation des années 90, avec ce que ça implique d’expériences, de complots, de méchants qui seront forcément punis, et de gentils qui triomphent. C’est de toute façon ainsi qu’il faut voir le film. Un divertissement tout public dans les grandes lignes, qui fera peut-être illusion pour les plus impressionnables, très divertissant pour les autres, efficace, mais trop gentil et prévisible pour pleinement convaincre. On en viendrait d’ailleurs à se demander pourquoi le film fut présenté hors compétition à Cannes !