Titre Original : Mickey 17
2025 – Etats Unis
Genre : Science-Fiction
Durée : 2h17
Réalisation : Bong Joon-ho
Musique : Jung Jae-il
Scénario : Bong Joon-ho
Avec Robert Pattinson, Steven Yeun, Naomi Ackie, PatsyFerran, Cameron Britton, Mark Ruffalo, Toni Collette et Anamaria Vartolomei
Synopsis : Héros malgré lui, Mickey Barnes se tue à la tâche… littéralement ! Car c’est ce qu’exige de lui son entreprise : mourir régulièrement pour gagner sa vie.
Même si je n’ai pas tout vu, et pas tout aimé au même niveau, je suis toujours preneur du cinéma de Bong Joon-ho. Barking Dogs Never Bite, Memories or Murder, The Host, Mother, Snowpiercer, Okja, Parasite… Voilà bien là une filmographie passionnante abordant souvent toujours des thèmes similaires. La patte d’un auteur. En 2019, Parasite, c’était la consécration, avec des prix partout. Si bien que la Warner a voulu se payer les services du réalisateur, lui octroyant un magnifique gros chèque estimé à 118 millions de dollars pour adapter à l’écran le roman de science-fiction Mickey 7. Un livre dans lequel la pauvre Mickey est un expendable, un homme qu’on envoie bosser sur des tâches extrêmement dangereuses où il peut (et doit) perdre la vie, avant d’être imprimé à nouveau pour continuer ses tâches, et ainsi, permettre des avancées technologiques, scientifiques et qu’importe quoi d’autre, aux autres. Son job, c’est littéralement de mourir. Bong Joon-ho récupère donc le roman, n’en livre pas une copie conforme (d’où Mickey 7 devenant Mickey 17, de quoi le tuer 10 fois de plus), insère ses thèmes de prédilections dans le script, mélange comme d’habitude les genres, entre drame, comédie, science-fiction, critique sociale bien appuyée, et pour être sûr de ne pas se faire bouffer par le géant Américain qui va très mal en ce moment, ajoute dans son contrat un final cut. Ce qui ne veut pas dire non plus que tout s’est bien passé, puisque Mickey 17 a été retardé d’une année, et que la Warner aurait tenté d’imposer au réalisateur un montage différent. Au final, il est encore trop tôt pour savoir le niveau d’interférence du studio, et ce malgré l’échec total du film au box-office (ça par contre, quoi qu’il arrive, c’est triste), mais ce qui est certain, c’est que même si la Warner a réussi à imposer des idées, des scènes ou autres, ce qui est fort probable vu le côté bordélique du film, Bong Joon-ho a néanmoins eu le final cut.
Mickey 17 en tout cas, ce n’est clairement pas le meilleur film de son auteur. Un mauvais film ? Absolument pas non plus, puisqu’en plus de déborder d’idées, le métrage possède, au choix, une poignée de scènes folles, une autre poignée de scènes fort amusantes, les thèmes de son auteur, et peu compter en prime sur un casting qui a de la gueule, comme c’est souvent le cas de ces films, peu importe que le casting soit totalement Coréen, ou international comme pour Snowpiercer et Okja (qui restaient, malgré tout, des productions Coréennes). Mickey, c’est Robert Pattinson, acteur sur lequel je n’aurais pas parié un seul dollar à ses débuts et qui prouve de film en film qu’il aime prendre des risques, tenter de nouvelles choses et repousser ses propres limites. Une filmographie qui force le respect depuis la fin de la saga Twilight, puisqu’on l’a retrouvé chez Cronenberg (Cosmopolis, Maps to the Stars), chez David Michôd (The Rover), chez Anton Corbjin (Life), James Gray (The Lost City of Z), Robert Eggers (The Lighthouse), mais aussi chez Christopher Nolan (Tenet) ou chez Matt Reeves (The Batman). Mickey, on l’envoi sur Niffheim, une planète lointaine et de glace, pour aider à la colonisation de ladite planète. Autour de lui gravitent tout un tas de personnages, de sa copine Nasha au politicien raté Kenneth Marshall et sa femme Ylfa, son ancien pote Timo, des scientifiques, des militaires, des agents de sécurité. Et pour coloniser la planète, on envoie souvent Mickey en première ligne. Savoir si l’air est respirable ou contient des virus ? Hop on envoie Mickey. Explorer la planète voir quels dangers elle cache ? Hop, Mickey est là. De la science-fiction classique que le réalisateur s’amuse à dynamiter avec humour, via des situations folles, et des personnages qui le sont tout autant. Et avec ses 2h17 au compteur, Mickey 17 est un divertissement qui tente beaucoup de choses, et s’avère hautement divertissant, tout en ayant quelques belles idées par moment (le design des créatures vivant sur la planète). En plus de pouvoir donc compter sur un bien beau casting, car aux côtés de Pattinson, on trouve Naomi Ackie (même si on l’oubliera dans Star Wars 9), Mark Ruffalo (le Hulk du MCU), Toni Collette (toujours excellente), Steven Yeun (connu du grand public avec The Walking Dead, et qui avait déjà tourné avec Bong Joon-ho dans Okja) ou encore la fort charmante Anamaria Vartolomei.
De plus, le film aborde des thématiques passionnantes, sur le double, la personnalité, le capitalisme de l’extrême, la colonisation, et un peu de lutte des classes comme toujours. Alors où est-ce que ça coince ? Surtout que jusque-là, je n’ai dit que de bonnes choses du film, de son casting. Et que je pourrais ajouter que les effets spéciaux sont de manière générale convaincants, que certaines scènes sont très drôles, que l’on ne s’ennuie pas une seconde, et que le métrage aborde une multitude de sujets, avec en tête de liste finalement, ces sociétés qui dans ce futur, parviennent à appliquer le capitalisme sur l’humain lui-même. Et bien justement, il y a ce sentiment de trop dans le film. Trop d’intrigues et sous-intrigues, trop de personnages, trop de tout. Si bien qu’évidemment, le film devra parfois faire des choix pour garder sa ligne directrice, et que l’on se retrouve parfois avec des pistes intéressantes qui sont tout simplement oubliées ou laissées de côté. Les deux éléments les plus flagrants sont, d’un côté, l’intrigue concernant Timo (Steven Yeun), ami de Mickey qui a fuit la terre avec lui pour éviter quelques petits soucis, qui revient faire coucou dans le métrage a plusieurs occasions, comme pour rappeler qu’il existe et qu’il faudrait boucler son intrigue, et d’un autre côté, ce qui concerne le personnage de Kai (Anamaria Vartolomei), agent de sécurité, qui mi-parcours, commence à sympathiser avec Mickey (le 17ème) pendant que Nasha s’occupe de Mickey (le 18ème), voir à montrer des débuts de romance, et qui, passé la révélation auprès des autorités de la présence des deux Mickey, disparaît tout simplement du récit pour ne refaire qu’une apparition en arrière-plan sur la fin. Et c’est dommage, car son personnage semblait au final presque plus sympathique que celui de Nasha. Et puis, il faut bien en parler, il y a Kenneth Marshall (Mark Ruffalo), sorte de parodie de tous ces chefs d’état ou d’entreprise à l’égo démesuré, et sa femme Ylfa (Toni Collette) qui en fait dicte tout ce qu’il dit. Par moment fort amusants et dotés de scènes bien vues (la scène du repas), mais par moment, en faisant tellement des caisses que ça en devient lourd au possible, notamment dans le final, que l’on aurait d’ailleurs imaginé plus impressionnant, et donc, plus satisfaisant. Mais pas de quoi descendre le film en flèche, même si ça en fait une déception. Car au final, le plus amusant dans tout ça, est-ce que ce ne serait pas le simple fait que Bong Joon-ho ai accepté le gigantesque budget de la Warner tout en sécurisant son final cut, pour livrer un film qui critique ouvertement toutes ces sociétés visant le profit sans se soucier de l’humain derrière ? Et ça, c’est fort.
Les plus
Robert Pattinson comme toujours excellent
Des moments très amusants
Un film qui a des choses à dire, sur beaucoup de choses
Divertissant
Visuellement abouti, rare pour un blockbuster récent
Les moins
Trop de sous-intrigues parfois oubliées
Mark Ruffallo qui en fait parfois beaucoup trop
En bref : Mickey 17 est loin d’être le meilleur film de son auteur, mais reste une proposition rafraichissante et originale dans le paysage cinématographique US. Bordélique, avec trop de choses à dire, mais amusant, parfois pertinent, et hautement divertissant. Puis voir Bong Joon-ho avoir un budget énorme de la part de la Warner, juste pour livrer un film critiquant ce genre de grosses sociétés qui n’a que faire des employés, on appelle ça une sacrée ironie.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Robert Pattinson, excellent as always ♥ Some very funny moments ♥ The film has many things to say, on a lot of things ♥ Entertaining no matter what ♥ Visually well done, rare for a recent blockbuster |
⊗ Too many subplots, sometimes forgotten ⊗ Mark Ruffallo does too much sometimes |
Mickey 17 is not the best film from the director, but it is a refreshing proposition for sure. With way too many things to say, but amusing, interesting and highly entertaining. Plus, to see Bong Joon-ho with a huge budget from Warner, just to deliver a film that criticize the big companies looking for profit without caring for the humans behind it, it’s ironic. |