Titre Original : La Setta
1991 – Italie
Genre : Fantastique
Durée : 1h51
Réalisation : Michele Soavi
Musique : Pino Donnagio
Scénario : Michele Soavi, Dario Argento et Gianni Romoli
Avec Kelly Curtis, Herbert Lom, Mariangela Giordano, Michel Adatte, Carla Cassola, Angelika Maria Boeck, Giovanni Lombardo Radice, Niels Gullov et Toma Arana
Synopsis : Une série de meurtres effroyables est perpétrée à Francfort par un groupe de satanistes.
Lors des derniers souffles de vie du cinéma Italien, que l’on pourra situer entre 1985 et 1994, il y a bien un réalisateur qui reste passionnant, et qui, pas de bol pour lui, a démarré véritablement lorsque le cinéma Italien allait déjà mal. C’est Michele Soavi, homme à tout faire, que l’on connaissait notamment comme scénariste et acteur jusque-là. En 1987, il passe enfin réalisateur, sous la supervision de Joe D’Amato à la production, en livrant Bloody Bird. Classique, imparfait, mais qui déjà, laissait présager de bonnes choses pour lui malgré la santé déclinante du cinéma Italien. Mais s’il demeure le cinéaste sans doute le plus intéressant de cette période, ça ne veut pas pour autant dire que son œuvre est parfaite. Et sur les quatre films qu’il aura signé, la suite de sa carrière s’étant faite à la télévision, on voit, aisément, un film après l’autre, le chemin qui l’aura amené à réaliser en 1994 son chef d’œuvre, Dellamorte Dellamore. Et entre Dellamorte Dellamore et Bloody Bird, si vous suivez bien, il y a donc deux films, réalisés ce coup-ci sous la supervision de Dario Argento. Deux films inégaux, qui souffrent des mêmes défauts, mais qui démontraient bien la direction que Soavi voulait prendre, pour quitter l’horreur traditionnelle et partir vers quelque chose de plus onirique, de plus poétique. Du coup, dans le fond, sans ces deux métrages, pas de Dellamorte Dellamore. Si j’avais déjà vu à l’époque Sanctuaire sous son titre Américain de The Church via le dvd zone 1, la redécouverte en HD avec l’édition du Chat qui Fume fut un vrai plaisir, malgré le côté bancal du film, son rythme en dents de scie, ses scènes géniales côtoyant des scènes d’une banalité affligeante. La Secte, La Setta, son troisième film, je ne l’avais par contre jamais vu, pour cause de dvd Français ne contenant qu’une VF, et à la qualité douteuse. Au moins, la découverte donc via l’édition Blu-Ray put se faire dans les meilleures conditions possibles, en HD, et en Italien. Malheureusement, La Secte, c’est un peu comme Sanctuaire, les mêmes défauts, les mêmes qualités, mais l’on pourrait même dire que tout est amplifié.
Quand Soavi se lâche et part vers l’onirisme, il nous livre des scènes prenantes, à l’ambiance unique. En mise en scène pure, il s’affirme encore, livrant des plans sublimes, avec une photographie qui l’est tout autant, le tout aidé ce coup-ci par un score musical signé Pino Donnagio. Malheureusement, La Secte, c’est comme Sanctuaire, ça déborde de défauts, ça part dans tous les sens, c’est parfois incompréhensible, et ça dure quasi deux heures, ce qui est beaucoup trop long. Alors alors, comment résumer la bête ? Après un prologue dans les années 70 avec une secte satanique qui bute des hippies, l’intrigue reprend en Allemagne de nos jours, où l’on est témoin d’un homme qui, croisant une femme dans la rue avec sa bouteille de lait, décide de la suivre jusqu’à chez elle, la tue, lui arrache le cœur, et pas de bol, il se fait arrêter par la police plus tard, et se tire une balle dans la tête. Puis nous suivons un vieux papy qui transporte une boite, voyage en bus, et alors qu’il continue sa route à pied, manque de se faire écraser par Miriam, une professeur, qui l’amène chez elle pour… qu’il se remette de ses émotions on dira. Bon, tout ça, ça tombe bien, car le vieux monsieur, il est louche, il met un cafard dans le nez de madame quand elle dort, avant de faire quasi un arrêt cardiaque. Alors que Miriam part chercher un docteur, papy en profite pour descendre dans une cave secrète de la maison, et y meurt. Pas d’inquiétude, car durant la nuit, le lapin de Miriam, il zappera à la télé, pour s’arrêter sur un spectacle où un magicien sort un lapin de son chapeau. Comment ça c’est bizarre, décousu et ça n’a aucun sens ? Et bien oui, c’est souvent bizarre, onirique, très bien filmé, mais totalement décousu, sans dessus dessous, et pire, parfois, c’est même chiant entre deux idées de génie. Et c’est un problème, quand on se fait chier en fait une scène sur deux. Et encore une fois, sur le papier, avec sa secte bizarre qui fait des trucs… bizarres, et qui sur la fin se mettra à chanter des incantations qui viennent de Lovecraft, ben moi je suis preneur, tout de suite. Mais comme pour Sanctuaire, on a souvent l’impression que le scénario, écrit à trois, est juste un gros bordel.
Pire, que le scénario n’intéressait pas les auteurs, que le plus important pour eux, c’était leurs idées, et que le concept même de structure et de narration, ça les emmerdait, et que tout n’est qu’un prétexte pour relier quelques idées entre elles. Pour ça que parfois, sans raison, les personnages meurent, puis reviennent le temps d’une scène, et un docteur nous dira « oh c’est l’adrénaline, c’est pas la première fois ». Non messieurs les scénaristes, quelqu’un qui meurt après des minutes sur une table d’opération, ça ne va pas se relever, avoir la force de parler, de menacer l’héroïne puis de se trancher la gorge. Ce côté foutraque, et le côté remplissage en fait du film de manière générale, c’est sacrément dommage, car visuellement, Soavi est de plus en plus à l’aise avec la caméra. On est très loin des moments hésitants d’un Bloody Bird (qui ceci dit, donnaient aussi du charme au film), mais avec son rythme totalement bancal, on est aussi très loin de Dellamorte Dellamore. Et honnêtement, tout ça, ça me fait sacrément chier. Car je veux l’aimer ce film, et pas pour ce lapin qui zappe avec une télécommande. Mais pour son imagerie, sa poignée de scènes fortes, sa musique, sa belle photographie, bref, son accomplissement technique. Mais s’ennuyer devant un film, ce n’est jamais amusant, jamais prenant. En réalité, peut-être même qu’en supprimant quelques moments, voire quelques personnages qui ne sont pas réellement utiles pour ramener le film à une durée plus classique de 1h30 pour ce genre de films, La Secte aurait alors été le film qu’il aurait voulu être, un métrage onirique et horrifique prenant, qui sort du lot. En l’état, là, ce n’est qu’un métrage intéressant à voir pour ce qu’il représente, qui parvient à réveiller une scène sur deux, qui impressionne sur le plan technique, mais se plante totalement sur ce qu’il raconte. Dommage.
Les plus
Quelques images marquantes
Techniquement très beau
Des scènes bien vues
Les moins
D’autres scènes laborieuses
Un rythme foiré
Le scénario est un bordel monstre
En bref : La Secte, le troisième métrage de Michele Soavi, est sur le plan technique une réussite indéniable, parsemé de moments marquants et uniques. Dommage que comme pour son film précédent, Sanctuaire, le rythme soit très bancal, si bien que parfois, on s’ennuie.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Some striking images ♥ Technically, it’s beautiful ♥ Nice scenes here and there |
⊗ But others scenes are meeeeeh ⊗ Such a bad pacing ⊗ The script is a mess |
The Sect is the third film directed by Michele Soavi, and technically, it’s a great work, with unique moments. Too bad that like The Church before, the pacing is bad and it’s sometimes boring. |