AMERICAN MARY de Jen et Sylvia Soska (2012)

AMERICAN MARY

Titre original: American Mary
2012 – Canada
Genre : Horreur
Durée : 1h43
Réalisation : Jen et Sylvia Soska
Musique : Peter Allen
Scénario : Jen et Sylvia Soska

Avec Katharine Isabelle, Antonio Cupo, Tristan Risk, David Lovgren, Paula Lindberg et John Emmet Tracy

Synopsis : Désabusée par une profession qu’elle admirait tant et à court d’argent, Mary Mason, étudiante en médecine, se retrouve plongée malgré elle dans le milieu de la chirurgie clandestine et la modification corporelle.

Lorsque j’ai découvert American Mary, je ne savais rien du métrage. Une pochette, une actrice que j’apprécie, deux réalisatrices à la barre ce qui est assez rare pour le souligner, le tout pour un film d’horreur Canadien, pays capable de films originaux et prenants (Ginger Snaps, avec Katharine Isabelle également justement), et parfois dans le pire des cas, terre d’accueil pour des productions à petits budgets pour des chaines de télé que je ne citerais plus à force. Et American Mary fut l’effet d’une grande surprise, sans pour autant être dénué de défauts, loin de là. En effet, lorsque tout commence, nous avons simplement l’impression de nous retrouver devant un film d’horreur facile. Présentation d’un personnage classique de jeune étudiante, milieu de la médecine, milieu facile pour jouer sur la peur et le dégoût du spectateur dans un film d’horreur. Sans pour autant être désagréable, notamment grâce à une interprétation convaincante de Katharine Isabelle et une mise en scène sobre mais agréable à l’œil, cette introduction ne semble que vouloir nous mener vers un film d’horreur classique et prévisible comme on en voit tant. Et pourtant, alors que notre personnage principal, Mary, se retrouve dans un club privé à devoir soigner un blessé grave, en ayant peur pour sa propre vie vu la situation dans laquelle elle se retrouve et surtout le milieu qui se présente face à elle, le film bascule dans l’horreur pure, mais pas forcément celle que l’on attendait.

Car malgré le milieu de la médecine et de la chirurgie pouvant permettre au métrage tous les débordements graphiques qu’un film d’horreur facile et récent se permet, le film va lorgner vers une horreur toute autre, avec la rencontre entre Mary et Beatress. Car si Mary est bel et bien le personnage principal, et par la même occasion, un personnage intéressant de par ses caractéristiques qui peuvent parler à un grand nombre (les soucis d’argent, les études et le métier qui nous intéresse qui nous déçoit), c’est de Beatress que le film tirera dans un premier temps sa force. Dès sa première apparition dans l’appartement de Mary, la jeune femme dérange. Visage totalement refait ne ressemblant plus vraiment à grand-chose et provoquant peur et incompréhension, voix de crécelle tour à tour énervante et stressante, Beatress dégage quelque chose de malsain face à un univers que le public finalement ne connaît que peu. Et c’est véritablement suite à sa rencontre avec Beatress que la vie de Mary va basculer totalement dans l’horreur de la chirurgie, mais surtout, des modifications corporelles les plus folles. Ainsi, il ne sera pas rare de voir des clients s’entretenir avec Mary pour se faire retirer des organes génitaux voir plus afin de perdre toute identification sexuelle, ou même pire, en se faisant « échanger » un bras avec sa propre sœur jumelle. Un milieu que Mary ne connaissait pas, et dans lequel elle va totalement plonger, au départ juste par besoin d’argent, avant de s’imprégner totalement de cet univers et d’en faire son univers à elle.

Original, American Mary l’est, sans pour autant s’éviter certaines facilités, autant dans le déroulement de l’histoire que dans la construction de ces différents personnages, et le tout jusqu’à un final imprévisible certes, mais survenant surtout beaucoup trop d’un coup pour remporter l’adhésion, même si celui-ci constitue la dernière étape logique de l’histoire, et de la quête du personnage de Mary, qui ne commençait que comme une étudiante se cherchant avant de se former une image, une identité, en modifiant l’identité des autres. Malgré ses thèmes, American Mary ne se montre pas forcément très visuel, préférant montrer de temps en temps l’horreur avant de nous suggérer le reste, préférant ainsi nous plonger dans une horreur que l’on imagine au vu des informations que l’on a. A ce niveau, c’est particulièrement réussi encore une fois malgré quelques facilités par moment, et Katharine Isabelle retrouve enfin un rôle fort pour elle, se permettant d’ajouter une note d’humour de par son jeu dans le bon ton, après de nombreuses déceptions (son passage chez Syfy avec Ogre, ou encore récemment 13 Eerie). Si l’on échappera pas aux facilités comme dit plus haut, notamment sur certains aspects de l’histoire plus classique, on ne peut que saluer l’initiative des deux réalisatrices (qui jouent dans le film également) pour tenter de livrer un film d’horreur différent sur un sujet pourtant facile.

Les plus

Un film fait avec sérieux
Une horreur pas forcément visuelle
Katharine Isabelle
Le personnage de Beatress

Les moins

Quelques facilités
Un final arrivant d’un coup

En bref : American Mary est une excellente surprise, bien qu’imparfait, qui la plupart du temps ne va pas où on l’attendait. Katharine Isabelle retrouve enfin un rôle intéressant.

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