Titre original : Jacob’s Ladder
2019 – Etats Unis
Genre : Thriller
Durée : 1h29
Réalisation : David M. Rosenthal
Musique : Atli Övarsson
Scénario : Jeff Buhler et Sarah Thorpe
Synopsis : Après avoir perdu son frère au combat en Afghanistan, Jacob Singer retourne chez lui. Il est rapidement en proie à de nombreux troubles, des hallucinations et des flashbacks. Jacob voit peu à peu les gens autour de lui se transformer en images troublantes.
Il y a souvent deux raisons majeures pour le report d’un film. Le premier, plutôt rare, c’est quand le studio tente lui-même de saboter le film. Les exemples récents ne manquent pas avec le rachat de la 20th Century Fox par Disney et des multiples reports de Dark Phoenix et The New Mutants, lui toujours en attente de sortie. L’autre cas de figure, c’est que le studio a plutôt honte du produit finit et sait par avance que le film ne marchera pas et ne trouvera pas son public. Parfois à tort, parfois à raison. Jacob’s Ladder se situe dans la seconde catégorie, puisque personne ne voulait voir un remake du superbe film d’Adryan Lyne datant de 1990. Ce film sur le trauma de l’après guerre du Vietnam, tournant au film hallucinatoire qui a par la suite grandement inspiré une des plus grandes licences du monde du jeu vidéo, à savoir Silent Hill. Au départ annoncé en 2013 avec comme scénariste Jeff Buhler, pas manchot mais manquant sans doute de talent pour un tel projet (il est plutôt habitué au bourrin avec Midnight Meat Train ou encore Insanatarium) et James Foley (Comme un Chien Enragé pour citer un excellent film, 50 Nuances plus Sombres pour citer le pire) comme réalisateur, le projet traine, et Foley quitte le projet. Sarah Thorpe débarque pour des réécritures et c’est David M. Rosenthal qui tourne le film en 2016. Résultat des courses, le film sort, avec trois ans de retard. Et on ne va pas faire de détours, ce n’est pas bon. Pourtant, le film tente plusieurs fois de s’éloigner du film original puisque entre 1990 et le trauma de la guerre du Vietnam et 2019 et le trauma des bien trop nombreuses guerres récentes, le sujet n’est plus nouveau. Il faut donc forcément innover, trouver un nouvel angle d’approche, tout en restant fidèle à l’ambiance et surtout aux idées du film d’origine. Un challenge intéressant. Certains y parviennent dans cet étrange et complexe exercice. Je n’avais pas détesté le remake d’Evil Dead par exemple, et le remake de Suspiria était une excellente surprise. Mais dans le cas de Jacob’s Ladder, le résultat ne parvient jamais à convaincre. Pire, il ennuie le plus souvent.
Jacob’s Ladder remplace le Vietnam par l’Afghanistan, les visions fantastiques et flippantes par des jumpscares et des CGI hideux, l’attente et le doute par quelque chose qui fait du bruit, tout ça pour arriver au final à presque la même conclusion, 1h29 après le lancement du film. Et pourtant, au début, on a presque envie d’y croire. Un ton relativement sec en Afghanistan qui n’est pas sans rappeler par exemple les images crues de l’ouverture de The Jacket qui partait presque d’un postulat similaire, une première demi-heure qui sans totalement convaincre parvient à poser quelques idées de scènes sympathiques à même de poser une bonne ambiance et un mystère prenant sans jamais totalement copier l’original. Puis en fait non, tout s’effondre. Le côté paranoïaque de l’original est bel et bien présent, le mystère également, la drogue donnée aux vétérans aussi, et les visions d’horreur s’enchaînent les unes après les autres, dans la rue, à l’hôpital, dans le métro, puis dans des souterrains. Le film tente bien d’amener de nouvelles dynamiques et thématiques avec le frère de Jacob, absent du film original, et ici au centre du récit malgré sa soit disant mort au combat, mais donc malgré tout bel et bien vivant et vivant dans les souterrains. Complot de l’armée, du gouvernement ? Quelle est cette drogue étrange ? Quelles sont l’origine des visions qui hantent Jacob et qui s’en prennent physiquement et mentalement à lui ? Les réponses viendront, mais finalement s’avèrent peu intéressantes, autant pour le connaisseur du film original, qui pleurera, que pour les nouveaux spectateurs, se retrouvant face à un film brouillon, sans originalité, et piochant dans ce que le cinéma de genre fait depuis des années.
Alors on baille, on cherche bien quelques éléments à sauver du désastre, comme par exemple l’interprétation des différents acteurs, pas si mauvaise que ça, et quelques idées éparpillées qui auraient pu donner avec un meilleur développement, mais rien à faire, le résultat final est très pauvre. David M. Rosenthal n’était sans doute pas le bon réalisateur pour un tel projet, sa mise en scène tentant parfois de donner du rythme (artificiellement), mais il livre parfois et surtout tardivement quelques belles images. Non, finalement, on pourrait blâmer les scénaristes, ou même les producteurs pour avoir voulu livrer un remake de l’Échelle de Jacob, pour avoir confié une telle œuvre à des artisans qui ne sont pas nécessairement mauvais de base, mais qui manquent clairement de talent pour s’atteler à un projet aussi mature que tortueux. Pas étonnant donc de retrouver des producteurs habitués au cinéma de genre ou à l’exercice du remake, mais toujours sans éclats (avec par exemple Fright Night et sa suite). Du coup, c’est plat, sans suspense, sans tension. Sans intérêt ? Probablement aussi.
Les plus
Quelques idées
On a envie de revoir le film original
Les moins
Peu subtil
Jamais vraiment intéressant
Les jumpscares et manifestations en CGI
En bref : Un nouveau remake d’une œuvre culte de l’époque. Malheureusement, il n’en a ni la force, ni la réflexion, et s’il hantera les spectateurs, ce sera plus pour quelques jumpscares mal calibrés et ses apparitions ratées que pour la profondeur de son histoire.
Les photos sont hideuses, baignée dans une espèce de filtre grossier.
Ton excellent commentaire ne rattrape pas le coup, bien au contraire. Je reste sur le souvenir du Lyne, je préfère éviter cette version.
Clairement, le film n’est pas beau. En fait, il n’a vraiment rien pour lui, à tous niveau de sa conception. Au pire, si ça peut motiver de nouveaux spectateurs à voir le Lyne, ce sera le gros point positif.
Je suis passé totalement à côté de ce remake, je ne soupçonnais même pas son existence. Pas bien grave, apparemment… Je vais donc rester sur le chef-d’œuvre cauchemardesque et poignant du réal de Flashdance…
Flashdance, dire que j’adorais à l’époque. Bon, au final, L’Échelle de Jacob, c’est un peu l’anomalie de la carrière de Lyne quand tu regardes bien l’ensemble. Mais quelle anomalie ! Il va d’ailleurs falloir que je me prenne le récent Blu-Ray pour le revoir dans les meilleures conditions !
Anomalie, tu l’as dit !
Parce que « 9 Semaines et demi »… À part pour vendre des frigos et des disques de Joe cocker…