LAST LIFE IN THE UNIVERSE (เรื่องรัก น้อยนิด มหาศาล) de Pen-Ek Ratanaruang (2003)

LAST LIFE IN THE UNIVERSE

Titre original : Ruang Rak Noi Nid Mahasan – เรื่องรัก น้อยนิด มหาศาล
2003 – Thaïlande
Genre: Drame
Durée : 1h52
Réalisation : Pen-Ek Ratanaruang
Musique : Hualampong Riddim et Small Room
Scénario :  Pen-Ek Ratanaruang et Prabda Yoon

Avec Asano Tadanobu, Sinitta Boonyasak, Laila Boonyasak, Tutaka Matsushige, Takeuchi Riki et Miike Takashi

Synopsis : Japonais installé à Bangkok, Kenji mène une vie solitaire, seulement ponctuée par son travail routinier de bibliothécaire et ses multiples – et infructueuses – tentatives de suicide. Un soir, son frère fait irruption chez lui, accompagné d’un autre homme. Soudain, l’intrus dégaine une arme et tire à bout portant sur son compagnon. Menacé à son tour, Kenji a juste le temps de s’emparer d’un revolver et d’abattre l’assassin de son frère. Fuyant à travers la nuit, Kenji croise Noi, une jeune prostituée dont la sœur vient d’être tuée dans un accident de voiture. Alors que tout les sépare, y compris la barrière de la langue, ces deux êtres déboussolés vont apprendre à se connaître et, peut-être, à s’aimer…

Last life in the universe, petit film d’auteur thaïlandais, est une pure réussite.  Pourtant ce n’était pas forcément gagné dés le départ, l’œuvre optant pour un rythme lent, la caméra étant assez distante envers les personnages, et l’ensemble restant assez contemplatif, même dans ces quelques scènes violentes. L’identification envers les personnages est au départ proche du néant. Kenji, joué par le fantastique Asano Tadanobu (Ichi the killer, Electric Dragon 80,000V) est un japonais vivant à Bangkok, il parle très peu, travaille dans une bibliothèque où il ignore (ou fais semblant d’ignorer) sa collègue, semblant avoir un penchant pour lui, et tente de se suicider. Comme il le précise lui-même, il ne veut pas en finir pour les mêmes raisons que ceux qui tentent habituellement, pas pour une peine de cœur ou un problème financier. Nous faisons donc sa connaissance alors qu’il tente de se pendre chez lui, interrompue par l’irruption de son frère dans son appartement. En quelques scènes, le personnage de Kenji est déjà clairement définit pour le spectateur, la réalisation, tout comme le scénario, vont s’attarder sur les détails pendant que l’histoire va très doucement se dévoiler. Kenji ne parle pas, et surtout, est un gros maniaque du rangement et de la propreté. Chez lui, tout est parfaitement propre, les livres sont empilés les uns sur les autres de manière maniaque, la vaisselle est toujours faite et les bières sont rangées au frigo l’une à côté de l’autre, sans une seule qui dépasse. Tout comme le film, les actions de Kenji seront lentes et réfléchies, et le sens du détail est de vigueur.

La première demi-heure, soit avant l’apparition du titre du film à l’écran, servira de descriptif des différents personnages. En plus de Kenji, nous allons connaître deux prostituées, Noi et Nid. Kenji aura aperçue Nid à la bibliothèque, et leur seconde rencontre sera fatale, puisque Nid se fera percuter de plein fouet par une voiture, et finira par en mourir. Mais Kenji, outre ses tentatives de suicides, n’en est pas à sa première rencontre avec la mort, puisque plus tôt dans la journée, son frère se fera abattre devant lui par un yakuza, qu’il abattra à son tour. Yakuza joué par nul autre que Takeuchi Riki, que l’on a pu voir dans pas mal de films V-Cinema de Miike Takashi, de Fudoh à Yakuza demon, en passant par la trilogie Dead Or Alive. Kenji va alors quitter son domicile après avoir caché les corps et se réfugiera chez Noi, ayant beaucoup de mal à se remettre de la mort de sa sœur. Kenji arrive alors dans un tout autre univers. Noi est harcelée par son employeur, elle vit dans une petite maison de campagne, crade, pas ordonnée. L’opposé de l’univers de Kenji. Et pourtant, ces deux personnes que tout oppose vont se rapprocher, tandis que la caméra de Pen-Ek Ratanaruang restera toujours aussi distante envers eux. Aucun de ses deux personnages ne changera immédiatement au contact de l’autre, gardant leurs habitudes, obligés de se parler dans un anglais approximatif pour se comprendre, et pourtant, ils vont se rapprocher petit à petit l’un de l’autre.

Tout cela, bien que classique, et peu ouvert à l’implication du spectateur, n’aurait pas fonctionné sans les quelques touches d’humour que l’on voit dispersées dans le métrage, apportant une touche de fraîcheur bienvenue, produisant ainsi l’effet inverse de ce que la lenteur, et la contemplation du récit donnait de l’œuvre. Les regards entre les différents personnages, leurs sourires, leurs rires, tous les petits moments de joie, la difficulté de leurs communications via un anglais approximatif, quelques mots de japonais ou de thaï, les rend finalement plutôt attachants, et la distance entre le spectateur et les deux personnages principaux s’efface petit à petit pour laisser place à tout autre chose, une œuvre réaliste, drôle, et triste à la fois, jusqu’au final, où le film offrira au connaisseur un autre caméo : Miike Takashien personne dans le rôle d’un yakuza. Si l’on accepte la lenteur du récit et des actions, soutenues par la mise en scène, Last life in the universe est un film poétique touchant, où le choc des cultures, thème souvent exploité au cinéma, fait mouche une fois de plus, porté par une bande son et un casting de premier choix.

Les plus

Asano Tadanobu excellent comme toujours

Un film lent et sensible

Travaillé à tous les niveaux

Les moins

Certains le trouveront incroyablement trop lent

En bref : Parfois drôle, parfois triste, un film contemplatif mais réussi, où l’on retrouve Asano Tadanobu en grande forme. Les personnages sont bien définis, et leur évolution touchante. Un petit plaisir de cinéma qui ne laisse pas indifférent.

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