12 SUICIDAL TEENS (十二人の死にたい子どもたち) de Tsutsumi Yukihiko (2019)

12 SUICIDAL TEENS

Titre original : Jûni-nin no Shinitai Kodomotachi – 十二人の死にたい子どもたち
2019 – Japon
Genre : Drame / Thriller
Durée : 1h58
Réalisation : Tsutsumi Yukihiko
Musique : –
Scénario : Kuramochi Yutaka d’après le roman de Ubukata Tow

Avec Takasugi Mahiro, Fuchino Yuto, Furukawa Kotone, Hashimoto Kanna, Arata Mackenyu, Kuroshima Yuina, Sugisaki Hana, Hagiwara Riku, Kitamura Takumi, Bando Ryota, Yoshikawa Ai et Takeuchi Aisa

Synopsis : 12 filles et garçons se réunissent dans un hôpital abandonné pour se suicider ensembles, pour des raisons variées. Mais arrivés sur place, ils découvrent le corps d’un jeune homme, déjà mort. Ils vont alors tenter de découvrir qui a tué le garçon.

J’ai beau apprécier relativement bien le cinéma de Tsutsumi Yukihiko, il faut bien admettre qu’en jetant un rapide coup d’œil à sa filmographie, je ne connais absolument rien de son œuvre ou presque, ayant entre les films et des épisodes de séries plus de 70 œuvres à son actif. Ça fait pas mal, surtout quand j’ai du en voir personnellement trois ou quatre. Oui, je l’avais découvert au début des années 2000 avec son très sympathique 2LDK, puis il avait adapté le jeu Forbidden Siren en 2006. Sa carrière semblait alors s’orienter un peu plus vers le grand public par la suite, ce qui ne m’avait pas empêché de beaucoup aimer son film musical Beck en 2010. Et puis c’est tout. C’est un peu par hasard que je suis tombé sur 12 Suicidal Teens, vendu comme un thriller, un film plein de mystères, de suspense. Pourquoi pas, si le sujet peut sembler vu et revu, il est toujours un sujet bien trop présent au Japon pour ne pas oser le traiter au cinéma, que ce soit de manière positive ou non. Et ça commence plutôt bien, voir très bien en plus, avec l’arrivée des 12 personnages dans l’hôpital désaffecté où ils se sont tous donnés rendez-vous. Pas de dialogues, des plans léchés, une très jolie photographie, un montage acéré, une musique d’ambiance qui rend l’ambiance lourde. Oui, ça sait mettre en confiance, et ça prouve que même si je n’avais rien vu de lui depuis 10 ans, Tsutsumi Yukihiko maîtrise toujours la caméra. Il ne va pas tarder à révéler ses personnages, et le point de départ, pour ne pas perdre de temps. S’étant tous donnés rendez-vous là, 12 jeunes personnes, pas si jeunes que ça en vrai (après vérification, car je suis pointilleux, seule une des actrices semblait avoir 20 ans lors de la sortie du film en 2019, les autres étant plus âgés, ce qui fait sourire lors du fameux dialogue « ah, encore une mineure qui fume dans notre groupe »), veulent mettre un terme à leur vie, mais dans la pièce préparée pour cela, avec de jolis lits, une large table pour débattre et s’ouvrir, voilà qu’une treizième personne se trouve déjà sur place, un jeune homme, qui ne respire plus, et qui pourrait presque passer pour une autre personne ayant voulu mettre un terme à ses jours.

Presque, car le jeune homme semble être en fauteuil roulant, ce qui rend l’accès au bâtiment même compliqué seul, et que la disposition du corps et de son « environnement » sonne faux, avec des plaquettes de somnifères vides, mais qui ne rendraient pas le suicide possible, ni le fait que le corps soit aussi « clean », sans avoir vomi. Le doute s’installe, une personne parmi les 12 est sans doute un tueur, et certains d’entre eux se questionnent, et questionnent leur propre geste. Car durant les 2h du métrage, nos jeunes vont enquêter, pour découvrir la vérité derrière ce treizième individu (qui sera nommé 0 au lieu de 13, puisqu’étant déjà là avant leur arrivée), et le passé de chacun sera révélé, et donc, la raison qui peut les pousser à se suicider. Des raisons variées, certains subissant des abus à l’école, d’autres ayant déjà perdu l’être aimé, d’autres voulant le faire pour échapper aux parents tyranniques sans leur laisser la moindre chance de récolter une assurance en cas de suicide, et dans ce cas, ils ne veulent absolument pas qu’un meurtre parmi eux viennent faire passer leur geste non plus pour un suicide mais pour un meurtre collectif au niveau de la police ensuite. Sur le papier, c’est du tout bon en tout cas. Simple oui, il est vrai, certains personnages peuvent avoir des raisons jugées simplistes, mais encore une fois, dans le contexte du Japon, qui souffre encore beaucoup trop de suicides notamment chez les jeunes, ce n’est pas une mauvaise chose d’en parler et de dépeindre ça dans un film. Surtout que malgré un casting pas si jeune, mais jeune et bankable quand même, Tsutsumi Yukihiko parvient malgré tout à tirer en parti le meilleur de ces acteurs. Ils sont pour la plupart crédibles. Il y aura bien un ou deux qui s’en sortent moins bien, ou qui ont tendance à en faire un peu trop bien entendu, mais rien de dramatique. Étant donné que c’était ma plus grande crainte avec le film, c’est donc un soulagement. Surtout qu’encore une fois, le réalisateur a soigné tout le reste. Son film est très soigné visuellement, les plans fonctionnent, la photographie est très jolie, et même la musique est franchement bien sympathique et évite d’en faire trop.

Alors, ça coince où ? Et bien, dans son côté thriller même en fait, censé donc apporter du suspense, du divertissement dans un film qui sinon n’aurait été qu’un drame, une analyse des sentiments suicidaires des jeunes Japonais. Sauf que là, on nous vends du mystère, et d’une part, celui-ci s’avère parfois tiré par les cheveux, tant ça semble digne de romans policiers avec des détectives doués de fortes déductions, et en plus, c’est souvent maladroit. La preuve ultime sera arrivée mi-parcours, quand tout à coup, un twist nous révèle un détail important pour l’enquête, qui va permettre au tout d’avancer plus simplement, mais qui aurait du, dans la logique des choses, arriver bien plus tôt, si les personnages avaient eu la simple bonne idée de vérifier le corps dés le départ. Oui, ça paraît simple et stupide comme ça, mais c’est vrai, et si cela pourrait être de la maladresse, ou de la fidélité puisque l’œuvre était au départ un roman parût en 2016, il ne semble avoir pour but que de retarder l’intrigue et de nous faire naviguer un certain temps dans le flou. On pourrait dire la même chose du final, optimiste on s’en doute à l’avance pour des raisons variées, mais qui paraît un peu simpliste, un peu de « tout ça pour ça ? », même si encore une fois dans les faits, vouloir donner une issue optimiste sur le sujet n’est pas une mauvaise chose. Mais c’est plus l’accumulation de ces petits détails qui arrive à décevoir, donne un côté bancal au film, et vient lui donner par moment des longueurs, entre les éléments retardés pour ne pas faire évoluer trop vite l’enquête du film et une conclusion trop simple, ce qui donne donc un côté trop long au film, approchant de quelques minutes seulement la barre des deux heures. C’est vraiment dommage, car encore une fois, ce n’est pas non plus mauvais, ça se regarde bien malgré tout, il y a un bon travail sur tout ce qui est technique, et les acteurs s’en sortent au final bien. Du coup au final, ça demeure un petit film pas désagréable mais anecdotique.

Les plus

Techniquement c’est travaillé
Ça se suit bien
Des acteurs finalement pas mauvais du tout

Les moins

2h pour un propos finalement trop simple
Des facilités pour faire durer le suspense

En bref : 12 Suicidal Teens est tout à fait regardable, et demeure surprenant là où je l’attendais au tournant, et finalement décevant dans toute sa partie thriller. Plaisant, mais oubliable.

2 réflexions sur « 12 SUICIDAL TEENS (十二人の死にたい子どもたち) de Tsutsumi Yukihiko (2019) »

  1. Oui, correct sans plus. Tsutsumi Yukihiko,,, Il fut un temps, je croyais qu’il deviendrait un réalisateur important au Japon. Et puis finalement non. Il est rentré dans le rang.

    1. Tu sais que comme je disais en intro, il a en réalité tellement tourné que ça se trouve, on est passé à côté de quelques perles. L’espoir est possible hein, après tout, les quelques films que j’ai, enfin, nous avons vus car je pense que tu as du voir quasiment les mêmes, c’était prometteur (dis-je en jetant un coup oeil à ma belle édition tout en « faux » métal de 2LDK).

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