INUGAMI (犬神) de Harada Masato (2001)

INUGAMI

Titre original : 犬神
2001 – Japon
Genre : Drame
Durée : 1h46
Réalisation : Harada Masato
Musique : Muramatsu Takatsugu
Scénario :  Harada Masato d’après le roman de Bendo Masako

Avec Amami Yuki, Watabe Atsuro, Harada Eugene, Fujimura Shiho et Yamaji Kazuhiko

Synopsis : Omine de nos jours : un petit village perdu en pleine montagne sur l’île de Shikoku. Les habitants vivent en communion avec la nature qui les entoure, avec les esprits aussi. La famille Bonomiya passe ainsi pour être maudite depuis des générations, leurs femmes ayant, paraît-il, la faculté de garder prisonnier dans une urne l’esprit malin dénommé Inugami. Miki Bonomiya porte à présent ce fardeau sur son dos. Tout va se dérégler le jour où un jeune étranger débarque dans le village, et s’éprend de la belle Miki…

Inugami est un film hybride, contenant quelques scènes horrifiques, très discrètes, mais s’intéressant finalement à une histoire d’amour, et à une communauté reculée et leurs mythes et légendes. Le film fut un grand échec commercial, vendu comme un film dans la tradition de Ring, alors que les deux métrages en question n’ont absolument rien en commun. Ce fut sans aucun doute la raison de cet échec, puisque Inugami a finalement beaucoup de choses à proposer, dans bien des domaines. Dés l’introduction, nous sommes dans le bain, la caméra filme avec grâce les magnifiques décors de l’île de Shikoku, une île reculée du Japon, où les touristes ne vont pratiquement pas, et que les Japonais eux même ne visitent pas souvent. Les différents plans utilisés ne sont pas sans rappeler l’ouverture de Shining de Kubrick, et l’effet produit est un peu le même. Les références ne s’arrêtent pas là, puisqu’une fois que le spectateur sera entré dans le village de Omine avec le personnage de Akira, un jeune professeur tombé en panne, on ne pourra s’empêcher de penser aux adaptations des mangas de Ito Junji, se déroulant souvent dans des petits villages étranges, ou même à la série Twin Peaks. Rapidement, Akira va faire connaissance avec les habitants du village, notamment la famille Bonomiya.

Pour les étrangers, le village peut paraître très étrange, tout comme ses habitants et leurs différentes coutumes. Un autre film récent traitait du même sujet, et portait un nom assez révélateur quand à son sujet : Shikoku. Ici, les coutumes du village sont montrées aux spectateurs. Des coutumes parfois étranges mais auxquelles les habitants sont attachés. Ainsi, ils ne possèdent aucunes télévisions et n’ont pas le droit de se servir des produits de l’électricité, ils ne peuvent se prendre en photo, puisque cela équivaut pour eux à leur voler leurs âmes. C’est au sein de cette culture que le personnage de Akira va évoluer, et y découvrir l’amour. Si la dimension fantastique du film se ressent, notamment lors des passages en forêt, stressants grâce à des plans de caméras astucieux et vertigineux, et dans les traditions de ce peuple, le film s’empresse plutôt de rester terre à terre et de nous montrer la vérité. Si les habitants sont ancrés dans leurs croyances et refusent la modernité, leurs croyances vont leur apporter des disputes, et pour certains, la mort. Certaines des contraintes qu’ils s’imposent eux même s’avèrent plutôt ridicules, comme l’interdiction de prendre des photos, qui déclenchera d’ailleurs une dispute dans un couple où la mère aurait souhaité prendre des photos de son enfant. Ce n’est donc pas par son aspect fantastique en arrière plan que le film trouve sa force, mais bien dans la description des mythes, et dans une histoire d’amour donnant lieu à des scènes érotiques de toute beauté.

Car finalement, Inugami n’est rien d’autre qu’un drame, une histoire d’amour complexe et déchirante, vouée dés le départ à l’échec à cause des coutumes des habitants du village de Omine. Les personnages sont inquiétants, et le réalisateur sait en faire ressortir cet aspect. La forêt entourant le village (L’île de Shikoku est la plus sauvage du Japon) l’est également, et c’est donc tout simplement dans cet endroit que le réalisateur place ces scènes les plus étranges, les plus fantastiques. La relation grandissante entre Miki et Akira sera traitée avec beaucoup de subtilité et d’érotisme, et les habitants ne verront pas les choses de cette manière, ayant peur de la famille Bonomiya à cause de vieilles croyances infondées, devenant vite envahissantes pour le couple, dont la seule solution pour parvenir à vivre heureux serait de quitter le village. Inugami ira jusqu’au bout de ses idées en dénonçant le manque de tolérance, la cruauté des hommes et la grande difficulté de les faire évoluer lorsqu’ils vivent parmi des coutumes depuis des générations. Une belle œuvre, mais qui en décevra plus d’un, notamment ceux s’attendant à un film fantastique pur et dur.

Les plus

Une belle histoire
Intéressant
Mise en scène réussie

Les moins

Un film qui n’est pas ce que l’on attend de lui

En bref : Un beau film sur l’amour et les croyances, parfois dur envers ses personnages, mais dénonçant pas mal de choses réalistes et cruelles.

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