SHINJUKU INCIDENT (新宿事件 – 新宿インシデント) de Derek Yee (2009)

SHINJUKU INCIDENT

Titre original : 新宿事件 – 新宿インシデント
2009 – Hong Kong – Japon
Genre : Drame – Policier
Durée : 1h59
Réalisation : Derek Yee
Musique : Peter Kam
Scénario :  Chun Tin Nam, Liu Yung Ping et Derek Yee

Avec Jackie Chan, Takenaka Naoto, Daniel Wu, Xu Jing-Lei, Kato Masaya, Fan Bing-Bing, Jack Kao, Sawada Kenya, Minegishi Toru et Paul Chun Pui

Synopsis : Pour retrouver la trace de sa fiancée Xiu Xiu partie au Japon, Tietou quitte la Chine avec un groupe d’immigrants clandestins. A Tokyo, il trouve refuge auprès de la communauté chinoise qui vie de petites combines pour s’en sortir. Il finira par sauver la vie d’un yakuza, Eguchi, depuis marié avec son ancienne fiancée. En échange de basses besognes, Tietou exige le contrôle d’un territoire dominé jusqu’alors par les Taïwanais.

Avec New Police Story en 2004, Jackie Chan avait montré qu’il pouvait faire un cinéma différent, plus sombre et dramatique. Ce n’était pas son premier essai certes, puisqu’il avait déjà tenu des rôles plus dramatiques dans par exemple Heart of Dragon (First Mission) de Sammo Hung en 1985 et dans Crime Story de Kirk Wong en 1993. Mais avec New Police Story, Jackie Chan voulait vraiment donner un nouveau tournant à sa carrière. Mais l’essai, réussi, était resté plus ou moins sans suite. On avait eu en 2005 The Myth, film en demi-teinte, en deux parties, une réussie, une autre beaucoup moins. Il aura fallut attendre 2009 pour que Jackie Chan retente l’expérience d’un film sombre, basé sur son scénario et sa dramaturgie et non sur des combats ou autres cascades. Ainsi, on le retrouve dans Shinjuku Incident, un film nous parlant de l’immigration Chinoise au Japon. Un film qui s’annonce donc bel et bien différent pour Chan, un film qui s’annonce clairement comme un film de Derek Yee plutôt qu’un film influencé et contrôlé par Chan. Du moins, la majeure partie du temps. Le film nous présente donc le personnage de Tietou, joué par Jackie Chan, qui décide de quitter la Chine afin de retrouver sa fiancée partie au Japon. Il n’en faut pas plus pour que Tietou se retrouve là bas, avec d’autres immigrants Chinois. La première partie du métrage est sans aucun doute la plus réussie, et la plus sombre.

Jackie Chan nous offre un jeu d’acteur convaincant, très sobre, il n’essaye jamais d’en faire vraiment trop, et il essaye tout simplement de survivre dans l’environnement qui l’entoure, un environnement qu’il ne comprend pas totalement, dans une langue qu’il ne comprend pas ou peu. Cette première partie s’axe sur tout ce qui concerne la partie dramatique de l’œuvre, les difficultés pour s’en sortir. Allant de petit boulot en petit boulot, Jackie Chan trouve rapidement sa place au sein de la communauté Chinoise, et se retrouvera rapidement devant divers problèmes, et même dilemmes. En effet, alors qu’il effectue un travail contrôlé, la police débarque, et avec son grand cœur (qu’il a toujours dans tous ces films, et même ici), il sauvera la vie d’un policier (joué par Takenaka Naoto, aperçu dans pas mal de films de Miike par exemple) et une relation intéressante va lier les deux hommes. A côté de ça, Jackie et ses amis vont se heurter à tous les soucis imaginables de l’immigration clandestine : les petits boulots, le vol, le mépris de la part de certains Japonais, la misère (comme vivre à 15 dans le même appartement). Jackie Chan rend la plupart des situations crédibles en restant incroyablement sobre, et c’est plutôt réussi. Le film prend des airs de drame social réaliste très réussi, malgré quelques facilités par ci par là, mais qui ne dérangent pas franchement. Puis forcément, Jackie Chan va finir par se frotter aux Yakuza, et c’est ainsi par accident qu’il va sauver la vie de Eguchi, un Yakuza qui allait y passer, marié depuis avec l’ancienne fiancée de Chan. Tietou va alors s’allier avec Eguchi afin de s’offrir, ainsi qu’aux autres clandestins Chinois, une meilleure situation sociale. Et c’est là que le film va surprendre, puisque l’on y verra Jackie Chan accomplir de bases besognes, comme tout simplement tuer des hommes de main Yakuza, parfois avec giclée de sang à l’appui (le katana, ça coupe), et en plus de ça, on le verra même lors de certaines scènes de sexe. OUI OUI, vous avez bien entendu ! Jackie Chan brise totalement son image, et quand en plus, c’est convaincant, tant mieux ! L’ascension du personnage est tout à fait crédible, le drame parfois facile mais pertinent, et l’ensemble, en plus de tenir la route, passionne. Malheureusement, ça ne dure qu’un temps, puisque le film se détruit lui même lors de son dernier acte, pas si déshonorant que ça, mais décevant.

Arrivant enfin au sommet en contrôlant un quartier de Tokyo, Tietou est le boss. Et là, on se retrouve devant un classique film de Yakuza, certes comme toujours, bien joué (enfin là, presque toujours) et extrêmement bien filmé, mais tellement classique qu’il n’apporte rien de nouveau. Chef de clan, Tietou va forcément s’attirer les ennuis, et se construire de nombreux ennemis. Opportunité pour Jackie Chan de nous sortir des petites morales (la drogue c’est mal, il ne faut pas faire le mal). L’ensemble aura beau rester sombre, ces petites notes détruisent l’impact de certaines scènes. Il suffira par exemple de voir à l’écran Daniel Wu dans un accoutrement ridicule et un jeu trop appuyé pour en rire et arrêter de le prendre au sérieux, alors qu’il y avait matière à creuser avec ce personnage. Dommage, d’autant plus que le film s’achève sur une scène très violente, allant jusqu’au bout sans se soucier de ce que le public en dira, lors d’une scène d’assaut réussie et réaliste, où tous les personnages doivent tuer et libérer la violence qu’ils retiennent parfois pour espérer s’en sortir. Malgré une seconde partie très en dessous de ce que l’on pouvait en attendre, on ne pourra que saluer l’effort de Jackie Chan pour continuer de briser son image, ainsi que la réalisation monstrueuse de Derek Yee, et la photographie toujours sublime. Si sa seconde partie est bancale, le film reprend tout de même son bonhomme de chemin lors du final et nous laisse sur une note positive. On regrettera certains choix, mais dans l’ensemble, Shinjuku Incident est une réussite, et un film différent pour Jackie Chan.

Les plus

Une réalisation sérieuse et carrée
Une photographie magnifique
Jackie Chan reste sobre
Une première partie très intéressante
Un très bon final

Les moins

Une seconde partie moins convaincante
Daniel Wu qui en fait trop par moment

En bref : Shinjuku Incident est une réussite quand il met en avant le drame social et la violence, et s’avère moins convaincant quand il s’intéresse à Jackie Chan chef de clan. Dommage, mais tout de même très bon.

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