A BITTERSWEET LIFE (달콤한 인생) de Kim Ji-Woon (2005)

A BITTERSWEET LIFE

Titre original : Dalkomhan Insaeng – 달콤한 인생
2005 – Corée du Sud
Genre : Policier
Durée : 1h59
Réalisation : Kim Ji-Woon
Musique : Jang Young-Gyu
Scénario : Kim Ji-Woon

Avec Lee Byung-Hun, Kim Yeong-Cheol, Shin Min-Ah, Hwang Jung-Min, Kim Roi-Ha et Lee Ki-Young

Synopsis : Sun-Woo est le bras droit de Kang, figure éminente de la pègre. Tueur efficace et administrateur doué, tenancier d’un hôtel de haut standing, Sun-Woo ne vit que pour son gang. Sa vie bascule le jour où il accepte de surveiller la toute jeune maîtresse du patron, suspectée par ce dernier d’infidélité. Sun-Woo, tombé sous la charme de la jeune femme, décide de taire la liaison qu’elle entretient avec un jeune étudiant, trahissant ainsi le code d’honneur. Dénoncé, il est torturé pour obtenir des excuses, mais parvient à s’échapper…

Kim Ji-Woon est un réalisateur intéressant, à défaut de toujours passionner. Après avoir surfé sur la vague des films de fantômes en livrant Deux Sœurs, un film techniquement très soigné mais cherchant trop à respecter un lourd cahier de charge, la mode Old Boy déferle sur la Corée, mais aussi sur le monde. C’est ainsi que la mode est aux polars. Personne n’y échappe, et en 2005, Kim Ji-Woon se lance dedans. La suite de la carrière surfera aussi sur diverses modes, avec le film de vengeance violent pour I Saw the Devil (J’ai rencontré le diable), trop long pour passionner sur la durée, et ensuite, comme souvent, l’exil d’un réalisateur asiatique apprécié en Amérique, donnant The Last Stand (Le dernier rempart). Bref, A Bittersweet Life. Kim Ji-Woon nous livre aussi un polar carré, tout ce qu’il y a de plus classique, en faisant exploser à chaque instant sa maîtrise formelle de la caméra, mais qui ne parvient pas toujours à bien assimiler ses différentes influences, de Old Boy à Tarantino, en passant par John Woo bien entendu. Nous suivons le parcours de Sun-Woo, un gangster assez froid, passionné par son travail, qui ne vit que pour son travail, et donc, son patron. De jour, il gère un hôtel, s’occupe de l’administration, et de nuit, il n’hésite à prendre les armes ou bien à régler des conflits en utilisant les points. Pour jouer Sun-Woo, Kim Ji-Woon a choisit Lee Byung-Hun (qu’il réutilisera dans Le Bon, la Brute et le Cinglé et dans J’ai Rencontré le Diable). Choix parfait, l’acteur offrant à son personnage un mélange intéressant de fragilité constante (face au code d’honneur, face au vide de sa vie en dehors du boulot, face aux femmes) et de rage prête à exploser à chaque instant (son côté froid lorsqu’il s’agît du travail, les exécutions). Parfait !

Le réalisateur également scénariste catapulte son personnage dans une histoire bête, méchante et déjà vue. En effet, le scénario, classique en tout point, ne cherche absolument pas à innover, et respecte les classiques. Un homme de main qui se voit confier une mission, et qui en cours de route va se trouver des émotions humaines (ou des sentiments, au choix). Son patron ne va pas l’entendre sous cet angle et va vouloir l’éliminer. Seulement bien entendu, Sun-Woo en réchappe, et sa vengeance sera terrible. Un film en trois actes (présentation et mission, torture et évasion, vengeance) classiques certes, mais Kim Ji-Woon parvient, en respectant le cahier de charge, à digérer la plupart de ses influences pour rendre son film divertissant et nous faire passer outre son écriture classique pour nous offrir un spectacle visuel intéressant. C’est bien là la force du métrage. La première partie, la plus lente bien entendu, fonctionne bien et n’ennuie jamais. Les personnages sont bien définis, la mise en scène carrée, le récit va directement à l’essentiel. Quelques moments légers s’invitent même au récit (la scène où la maîtresse du patron fait de la musique) mais ne feront jamais tâche, alors que la tentative était même plutôt casse-gueule. Mais c’est bel et bien à partir de la capture du héros que le film décolle totalement, et que l’on y accroche, malgré ses références, grâce au bon développement de la première partie.

La scène d’évasion, prenante et violente à souhait, est un petit modèle de mise en scène, tant Kim Ji-Woon maîtrise sa caméra pour rendre l’ensemble lisible, mais surtout divertissant. La partie vengeance, si elle reste également classique en tout point, fonctionne bien malgré quelques courtes scènes, humoristiques, qui ne fonctionnent pas toujours (la scène d’achat de pistolets avec son humour fait penser à du Tarantino), et amène forcément à un tourbillon de violence assez impressionnant, et même par moment jouissif. On se surprend même à voir quelques moments de tensions qui fonctionnent plutôt bien. Sans doute grâce à son personnage principal, charismatique et bien défini, que la caméra ne veut jamais lâcher, allant jusqu’à se coller à son épaule lors de quelques plans de fusillades. Si dans le fond, A Bittersweet Life n’invente rien du tout dans son récit, il est intéressant de voir la maîtrise technique du réalisateur, qui digère donc pratiquement toutes ses influences (contrairement à Deux Sœurs), et n’ennuie pas (contrairement à I Saw the Devil). Le spectacle reste donc total, et surtout très noir, malgré quelques petits ratés.

Les plus

Très bonne mise en scène

De bonnes scènes

Noir

N’ennuie jamais

Les moins

Quelques influences de trop

Classique

En bref : A Bittersweet Life n’invente rien, mais divertit du début à la fin, et nous offre quelques explosions de violence fort réussies.

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