S. DARKO de Chris Fisher (2009)

S. DARKO

Titre original : S. Darko
2009 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h43
Réalisation : Chris Fisher
Musique : Ed Harcourt
Scénario : Nathan Atkins

Avec Daveigh Chase, Elizabeth Berkley, Matthew Davis, Briana Evigan et John Hawkes

Synopsis : Samantha, la sœur de Donnie Darko, fuit la ville avec sa meilleure amie Trudy, 7 ans après les événements du premier film. Mais sur la route, elle est prise de visions étranges…

Une suite à Donnie Darko, chef d’œuvre unique, était-elle nécessaire ? Absolument pas ! Donnie Darko est un film qui fonctionne seul, la boucle a été bouclée à la fin du métrage. Bide lors de sa sortie en salle malgré d’excellentes critiques, le film s’est bâti rapidement une réputation, jusqu’à voir l’arrivée dans certains pays d’une édition Director’s cut. Un phénomène est né, Donnie Darko est devenu culte, grâce à l’intelligence de son scénario, de sa mise en scène, et ses thèmes qui peuvent toucher beaucoup de monde : le destin, la peur de l’avenir, la quête du bonheur. Mais le malheur arriva, avec l’annonce d’une suite pour le marché de la vidéo, mettant en scène la petite sœur de Donnie, Samantha. Puis la bande annonce tomba, et outre le fait que le film est inutile, le produit avait l’air de très mauvaise qualité. Aujourd’hui, le 12 Mai, le film débarque en dvd en Amérique. Il est à présent possible de se faire une idée en regardant le produit terminé. Et si l’on commence sa vision en se disant que nous sommes devant une merde pour la vidéo (avec pourtant un budget 3 fois supérieur à l’original…), on va tout de même tenter de rester objectif. Pourtant, en quinze minutes, nous avons l’impression de nous retrouver non pas devant une suite, mais bel et bien un remake du premier film. Samantha Darko (toujours jouée par Daveigh Chase) se tape un voyage avec sa meilleure amie, en voiture, et elles tombent en panne. Un jeune homme bien gentil s’arrête (surement attiré par le fait qu’il s’agît de deux jolies jeunes femmes) et les amène à la ville la plus proche. Jusque là, la seule chose qui nous traverse l’esprit, c’est : Pourquoi ? Tout cela ne sert à rien. Certes, mais bon, c’est passé la dixième minute que débarque la première nuit de Sam. Et là, le scénariste tout comme le réalisateur vont s’amuser, en un temps record, à user et abuser de tout ce qui faisait la force originale de Donnie Darko, premier du nom. Des plans sur le ciel en accéléré (ne servant à rien), l’insertion de la date à l’écran, une nouvelle annonce de fin du monde (dans 3 jours seulement), le passage temporel (celui dans lequel tombait le réacteur de l’avion dans le premier) et même la sorte de mur liquide qui était entre Donnie et Franck dans le premier est repris. Pire, le film, par manque d’imagination, recopiera les situations. Outre une nouvelle annonce de fin du monde, Sam est somnambule et fais également des rêves étranges, comme son frère à l’époque, et la chute du réacteur est remplacée par la chute d’une météorite. Le constat est donc affligeant jusque là, si ce n’est deux petits éléments que l’on pourra sauver. D’une part, la réalisation, bien que se calquant bien trop sur celle de Richard Kelly, est efficace et met bien en avant la qualité des effets visuels (enfin à certains moments), et d’autre part, la musique du film s’avère être de très bonne qualité.

Mais la suite de cette aventure (pas dans le même sens du terme que le premier film) sera d’un niveau bien pire, puisque continuant en permanence à copier l’original, tout en cherchant à faire plus compliqué pour pas grand chose, et à utiliser jusqu’à la moelle tous les effets. Ainsi, outre le personnage de Sam comme lien avec le premier opus (qui nous dévoilera lors d’un dialogue que sa sœur est maintenant mariée), le film cherche à compliquer plus la situation avec un personnage masculin, Justin (qui a un lien de parenté avec… Roberta Sparow, celle qui avait écrit le livre « La philosophie du voyage dans le temps ») qui sera sauvé au début du film par nul autre que Sam elle même, lors de séquences oniriques. A vouloir compliquer l’histoire et la rendre plus dense, S. Darko se planta lamentablement, puisque copiant sans vergogne l’original, rendant ainsi tout prévisible. Sam sauve Justin, donc Sam a le rôle de Franck du premier opus, Sam va donc forcément mourir, et Justin devra faire un choix. Pire, là où seul Donnie Darko pouvait voir Franck, ce qui rendait son destin et l’intrigue intéressante et captivante, ici, Sam verra des choses étranges, Justin verra Sam, mais Trudy, l’amie de Sam verra également des choses, aura l’occasion de revenir dans le temps, de faire des choix. Le film accumule ce qui faisait la force du premier film, sans pour autant sortir son épingle du jeu, puisque le spectateur connaissant tous ces éléments en voit déjà l’aboutissement, et donc l’inutilité du film. Mais ce n’est pas la même erreur du film, qui reprend sur toute sa durée (1h42) tous les éléments du premier opus. Ainsi, il ne sera pas étonnant de voir Sam débarquer dans une soirée où la caméra évoluera parmi les personnages en utilisant accélérés, ralentis, et même une petite fille sur un trampoline… Le jeu des 7 erreurs avec l’original s’installe, et les quelques nouveautés, inutiles, passent inaperçues. En voulant que les événements fantastiques arrivent aux trois personnages principaux (voir plus), aucun n’est vraiment développé, aucun n’est vraiment attachant, et les motivations de chacun deviennent floues et peu crédibles (tout comme la raison poussant à faire un tel film). Le film avance, et nous retrouvons tous les thèmes, scènes fortes et même dialogues du premier film. Très rapidement, nous aurons droit à la reprise du « Burn it to the ground », mais cette fois ci c’est une église qui prend feu (avec quelques effets de flammes numériques effroyables). Mais S. Darko ira plus loin pour montrer son lien de parenté, en reprenant également les fameux « Wake up, come closer », en reprenant le poème écrit par Sam dans le premier film, le livre sur les voyages dans le temps, mais également une phrase de Franck détournée devenant : « Why are you looking at me so funny ? », avec évidemment beaucoup moins d’impact.

Les 45 premières minutes seront sans grande surprise, si ce n’est peut être deux petites scènes assez étonnantes par leur choix. La première ne servira bien évidemment à rien, si ce n’est à encore piller toute l’imagination de Richard Kelly, avec la création d’un masque de lapin beaucoup moins flippant que celui du premier film. La deuxième surprise, bien que ne servant pas à grand chose non plus, fera mourir un personnage important. Cela aura un but dans l’histoire, mais outre le fait d’abuser (encore une fois) des possibilités des retours dans le temps, les enjeux dramatiques de telles scènes ne fonctionnent absolument pas. Même avec toute la volonté du monde, S. Darko n’est finalement que le film auquel on s’attendait, un film vide, inutile, peu palpitant, qui sous ses faux airs de suite complexe, ne s’avère qu’un remake maladroit et irrespectueux. Les scènes n’ont aucun impact, et encore moins en comparaison du film original, et le film n’a aucune âme. Là où un tel film est censé parler de personnages, d’un sacrifice, d’un choix moral, ces données sont là, mais elles ont autant d’impact sur le spectateur que sur les personnages, creux et inutiles. Le film veut tout multiplier, se permettant deux retour dans le temps (et donc, vous l’avez deviné, deux sacrifices). La qualité relative de la mise en scène (impersonnelle) et de la musique (par moment vraiment géniale) ne sauve en rien le navire. Dans cette bouillie indigeste, sans enjeux dramatiques, incohérent par rapport à Donnie Darko (mais lui donnant encore plus de magie et confirmant son statut de film culte et de chef d’œuvre), une scène retiendra pourtant l’attention. Celle du cinéma (comme dans le premier tien, encore), où Sam, guidée par Phil, un homme d’église, essaye de visualiser son futur sur l’écran de cinéma, et ne parviendra qu’à visualiser son passé. Donnie Darko était un film sensible, humain, S. Darko est l’inverse, un film fait pour l’argent, sans talent, tout sauf sensible et humain.

Les plus

Quelques morceaux de l’ost

Les moins

Une suite inutile et opportuniste

En bref : Copie du premier film, l’émotion, les sentiments et l’intelligence en moins. En usant et abusant de tout ce qui rendait le premier unique, S. Darko est une suite (remake) gerbant au possible, aberrante et sans intérêt. À fuir.

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