THE MURDERER (황해) de Na Hong-Jin (2011)

THE MURDERER

Titre original : The Yellow Sea – 황해
2011 – Corée du Sud
Genre : Thriller
Durée : 2h20
Réalisation : Na Hong-Jin
Musique : Byung-Hoon Lee
Scénario : Na Hong-Jin

Avec Ha Jeong-Wu, Kim Yoon-Seok, Jo Sung-Ha, Lee Chul-Min, Kwak Do-Won et Lim Ye-Won

Synopsis : Dans la province chinoise de Yanbian, Gu-nam, un Joseon-jok (Coréen de Chine), travaille comme chauffeur de taxi. Endetté jusqu’au cou et sans nouvelle de sa femme, partie chercher du travail en Corée du Sud, depuis des mois, il se voit contraint d’accepter ce que lui propose Myun, un dangereux mafieux local : se rendre à Séoul pour y assassiner un homme en échange d’une forte somme d’argent. Gu-nam voit aussi en ce « contrat » la possibilité de partir à la recherche de son épouse. Mais absolument rien ne se passera comme prévu…

C’est en 2008 que l’on avait découvert Na Hong-Jin avec son film The Chaser. Un film qui s’il n’inventait rien, se faisait plutôt prenant, bien écrit et intéressant. Autant dire qu’avec la sortie trois ans plus tard de son nouveau film, The Yellow Sea, rebaptisé chez nous The Murderer (logique de la traduction… qui ne traduit rien mais change tout), on en attendait beaucoup. La déception viendrait-elle de là ? Possible. En tout cas, pour ce second métrage, beaucoup de choses changent, et le film se fait bien plus ambitieux. En effet, si dans The Chaser, l’histoire se déroulait quasiment sur une journée seulement, surtout de nuit, dans un seul quartier, et faisait monter la tension avec finalement peu de personnages, ici c’est l’opposé. Les personnages sont nombreux (trop), l’histoire va s’étendre (un peu trop), les journées vont se succéder, les lieux sont variés, et la durée du coup se fait plus importante (trop importante). Pourtant The Murderer commence bien, en nous montrant de manière assez froide et sans concessions l’univers des Joseon-Jok vivant dans une région reculée de Chine. Le portrait est glaçant, le réalisateur prend son temps, et en profite également pour remettre ses deux acteurs de The Chaser sur le devant de la scène, mais cette fois-ci dans des rôles opposés. Kim Yoon-Seok jouait le « gentil » qui en avait après le tueur joué par Ha Jeong-Wu, cette fois-ci, le premier est un mafieux qui va engager le premier, propre sur lui, mais croulant sous les dettes. Le job sera simple : partir à Séoul, tuer un homme, couper son pouce, et revenir.

Sur le papier, c’est simple, mais à l’écran, de nombreux éléments vont venir compliquer l’intrigue, l’étirer, parfois artificiellement malheureusement. Ainsi, passé la présentation classique des personnages, on attendra 50 minutes avant qu’il se passe réellement quelque chose à l’écran. Pour un thriller se voulant haletant, c’est un peu dommage. Cette première heure, qui se termine par une course poursuite filmée (un peu trop…encore…) caméra à l’épaule, fonctionne plutôt bien malgré tout, et le début des problème pour Gu-Nam (Ha Jeong-Wu donc) nous donne alors l’impression que l’on va en prendre plein la gueule. C’est là que le réalisateur décide d’intégrer de nouvelles choses au récit, un peu trop même. Si Gu-Nam profitait de sa présence à Séoul pour chercher sa femme, de nouveaux éléments vont venir dans l’intrigue à ce sujet. Pire, l’assassinat « raté » pour lequel on l’avait embauché va donner lieu à un chassé croisé entre la police, son employeur, des mafieux du coin, et lui-même. Le soucis, c’est que du coup, aucun de ses éléments n’est suffisamment développé pour que le film prenne aux tripes, comme pouvait le faire dans une certaine mesure The Chaser. Plus de personnages donne de l’ampleur, mais réduit notre identification aux personnages et notre intérêt pour le déroulement de cette intrigue.

Si bien que 2h20, et bien, c’est un peu long du coup pour ce que le film raconte au final (mais c’est un standard en Corée de dépasser les 2h, dommage). À force d’entremêler les personnages et les intrigues, le réalisateur perd le spectateur et notre intérêt en prend un sacré coup. Pourtant, tout n’est pas à jeter dans le métrage passé sa première heure. Le réalisateur, fidèle à lui-même, traite son sujet de manière violente et réaliste, et les effusions de sang, combat à la hache et exécutions froides seront légions dans le métrage. On ne se sentira pas plus que ça concerné par ces excès de violence, mais ceux-ci font tout de même leur petit effet de par leur côté rentre-dedans. De plus, si les courses poursuites sont malheureusement un peu trop filmées caméra à l’épaule, celles-ci n’en restent pas moins nerveuses et parsemées de moments bien trouvés, voir jouissifs. Mais sur toute sa durée, on ne pourra s’empêcher d’être déçu et de trouver le résultat en demi-teinte, on pouvait attendre bien plus du réalisateur. Sympathique, mais décevant.

Les plus

Une violence réaliste
De bons acteurs
Des moments très bien trouvés

Les moins

Mais un film bien trop long
Trop de caméra portée
 

En bref : The Murderer déçoit sur beaucoup de points, tout en restant un honnête divertissement.

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