SUCKER PUNCH de Zack Snyder (2011)

SUCKER PUNCH

Titre original : Sucker Punch
2011 – Etats Unis
Genre : Action
Durée : 1h49
Réalisation : Zack Snyder
Musique : Tyler Bates
Scénario : Zack Snyder et Steve Shibuya

Avec Emily Browning, Abbie Cornish, Jena Malone, Vanessa Hudgens et Jamie Chung

Synopsis : Enfermée contre son gré dans un hôpital psychiatrique par son beau père, Babydoll imagine une réalité alternative dans laquelle avec d’autres femmes enfermées, elle se retrouve dans un cabaret et devra aller dans d’autres univers pour récupérer cinq objets précis, clé de sa liberté.

Ah, le père Snyder, on adore, ou on déteste. Commençant sa carrière avec L’armée des Morts, remake de Zombie de Romero, adulé par beaucoup, il ne m’avait pas laissé sur une note positive, loin de là. Vint ensuite le film 300, encore adulé par une grande partie du grand public, bouillie visuelle avec au moins 60% du métrage passé au ralenti, film bourrin et artificiel. À partir de là, je me suis personnellement éloigné de la carrière du monsieur, apeuré par la durée de Watchmen (près de 3h) et pas intéressé du tout par son film d’animation Le Royaume de Ga’Hoole, bien que celui-ci fit bonne impression à une partie des spectateurs, encore une fois. Avec une certaine crainte, je me suis tout de même aventuré dans l’aventure Sucker Punch. Et je n’aurais pas du. Les premières critiques n’étaient pas forcément enthousiastes, et alors que j’avais toujours pensé que l’univers visuel de Snyder ne mettait pas en avant des scénarios, de toute façon souvent assez pauvres, le bougre signe lui-même en partie le scénario, basé sur une idée originale de lui également. Et autant dire que niveau écriture, dramaturgie et psychologie des personnages, Snyder devrait retourner à l’école.

Si le scénario n’est en général pas le point fort des blockbusters américains, Sucker Punch parvient à faire pire que les autres productions du genre. C’est simple, à côté, les blockbusters récents comme Tron Legacy peuvent être des modèles d’écriture. Mais cela n’intéresse pas Snyder, puisque pour lui, ce qui compte, c’est que ça explose, que ça cogne, que ce soit cool, c’est le style. Car c’est un réalisateur visuel avant tout. Mais en cherchant bien, beaucoup, et longtemps, et en grattant sous la surface, on parviendra à trouver quelques petites qualités à son métrage… en étant indulgent. La séquence d’ouverture par exemple, muette, parvient à nous faire débuter le métrage sur une note positive malgré l’utilisation pompeuse de la chanson Sweet Dreams. Une scène sombre et stylée qui met dans le bain et donne envie d’en voir un peu plus. Cette scène, malgré tous mes préjugés, m’a donné envie de croire au film. L’arrivée dans l’hôpital psychiatrique, rapide mais stéréotypée, fonctionne encore, mais une première impression arrive : chaque scène du film pourra être vue comme un hommage, non que dis-je, un repompage de films cultes. Pour l’hôpital, on pensera bien entendu à Shutter Island.

Mais soit, pourquoi pas, il est vrai que de nos jours, il est parfois bien difficile de faire un film à 100% original, vu le nombre de films débarquant sur les écrans toutes les semaines. Seulement Snyder lui n’a même pas cherché à trouver des idées originales, il a juste prit tout ce qu’il aimait pour en faire une bouillie visuelle qui certes, a des qualités visuelles dans l’instant présent, et si l’on prend les scènes séparément, mais qui sur la durée et dans un ensemble se voulant cohérent, ne marche pas passé l’introduction, et pire, énerve. Alors que Babydoll, fraichement arrivée dans l’hôpital, doit se faire lobotomiser, il lui suffit de fermer les yeux pour se retrouver dans son esprit, plongée dans un univers totalement différent, celui des cabarets. Snyder a du tomber par hasard récemment sur le film « Tournée » et s’en inspirer. Et là tout change, tout bascule, et le spectateur, qui n’en est pourtant qu’à à peine 15 minutes de métrage, peut commencer à pioncer dans son siège. L’univers sombre et stylé laisse sa place à un univers encore plus stylé, à coup de « tu as vu ce que je sais faire avec ma caméra et mon gros budget » et ennuyeux, qui oublie toute cohérence et même tout développement.

Les personnages jusque là montré comme des êtres tristes, sans passion, sombres, sont maintenant totalement différents, habillés avec « style » (entre guillemets parce que quand même, il ne faut pas pousser). Snyder en profite pour habiller son casting quasi exclusivement féminin en tenue racoleuse, et si ça aurait pu faire plaisir aux spectateurs masculins, non, il les filme comme il filmerait n’importe qui, et ça ne fonctionne pas. Même les actrices, dont pourtant Jena Malone (Donnie Darko, Into the Wild pour les chef d’œuvres, et même Les Ruines pour les bons films), semblent totalement à côté de la plaque, et il faut dire qu’aucun personnage n’étant développé, il est difficile de leur donner vie, de leur donner une âme. Si bien que le spectateur se retrouve à suivre une aventure dont il se moque totalement, des personnages dont il ne sait et ne saura rien, auxquels il ne pourra de toute façon jamais s’accrocher, dans une histoire totalement vide qui n’évolue jamais. Bon, vous l’avez comprit, Sucker Punch est vide de toute substance, scénaristique, de personnages, mais là où ça blesse encore plus, même de situations. Plutôt que d’essayer de construire au moins une cohérence scénaristique ou visuelle entre les scènes, Snyder s’en moque totalement. On passe de l’hôpital au cabaret en clignant des yeux, puis hop, sur scène, une musique, et Babydoll se retrouve, seule ou pas, encore dans un autre univers. Et ce sera la même à chaque fois. Sans émotions, sans vrai fil conducteur, sans même d’enjeux. Quand on lit un peu partout sur la toile certains spectateurs comparaient Sucker Punch à Inception, l’envie de suicide n’est pas loin.

Mais si le calvaire s’arrêtait là, Sucker Punch aurait pu au moins se « savourer » dans l’instant, avant de se faire oublier. Mais Snyder fait tout pour qu’on le déteste, sans faire exprès, car d’après lui, son film est cool, et comme il le dit dans une interview, il a fait appel à un autre scénariste pour travailler la… « dramaturgie » du film. Car arrivé à la première grosse scène d’action, où Babydoll rencontre un guide qui va désamorcer tout suspense en nous racontant d’emblée ce à quoi s’attendre sur 1h50 : trouver 5 objets pour retrouver sa liberté. Et là, Snyder va mélanger toutes ces influences, dans 5 grandes scènes d’action, entrecoupée de retour dans le cabaret. Mais que ce soit le cabaret ou les scènes d’action, l’ennui pointe le bout de son nez. Les scènes dans le cabaret pour commencer sont creuses, relativement mal écrites, et inintéressantes au possible. Donc, entre deux scènes d’action, on s’ennuie comme pas possible. Au moins, il y a l’action, mais là aussi, ça ne colle jamais totalement. Comme dit plus haut, Snyder prend tout ce qu’il aime et mixe un peu le tout n’importe comment, en se prenant le plus au sérieux possible. Une bonne dose de second degré et de l’humour aurait au moins fait sourire et fait passer, qui sait, un bon moment. Mais non, tout est sérieux au possible, et les scènes d’action s’enchaînent. Si au départ, ça réveille enfin un peu, la première scène, mettant Babydoll contre 3 Samouraïs géants armés de katana ou de gatling, malgré un abus du ralenti comme Snyder les aime tant, s’en sort plutôt bien.

On en prend plein la gueule, c’est épuisant, mais directement ensuite, on retourne au cabaret, on s’ennuie, puis nouvelle scène d’action, et ainsi de suite pendant toute la durée du métrage. Si bien qu’au fur et à mesure que le film avance, on déteste de plus en plus le film, son manque flagrant de talent et d’ingéniosité, voir de cohérence, et son melting pot d’influences. Car oui, dans Sucker Punch, on trouvera du Inception, du Shutter Island, mais aussi Tournée, Donjons et Dragons, Le Seigneur des anneaux, Terminator, Matrix, du Final Fantasy, des emprunts aux films de guerre. Mais on trouvera également des emprunts aux jeux vidéo, car outre Final Fantasy, on aura du Kill Zone par exemple, et j’en passe. La première scène captive, la seconde interroge, la troisième ennuie, la quatrième donne mal à la tête. Snyder en bon réalisateur… de bande annonce, ou de cinématique de jeu, veut aussi se prendre pour un grand et nous faire des plans séquences lors de scènes d’action, mais dans des trains, avec des effets numériques partout, une caméra qui tourne autour des personnages, et oui, il est dur d’y survivre. Tout ça pour arriver à une morale finale que l’on avait compris depuis le début, puisque simpliste et compréhensible dés les premiers instants, et déjà dite à deux reprises dans le métrage.

Ceci dit, il y a tout de même des petites choses à sauver dans ce film. Il faut parfois bien chercher, mais il y a des choses. Déjà, comme dit plus haut, la scène d’ouverture durant bien 5 minutes fonctionne plutôt pas mal. De même malgré son abus de ralentis de la première scène d’action du métrage. A l’exception de cela, quelques beaux plans peuvent se trouver par ci par là, mais formant un tout (le métrage dans son ensemble donc) qui ennuie tellement qu’on ne les remarque plus vraiment. Zack Snyder est un réalisateur de clips, et cela s’est toujours ressenti dans chacun de ces métrages, et là il y va à fond, sans se soucier du reste. Sa mise en scène plus son scénario n’aident absolument pas à aimer le film, dans le fond comme dans la forme. Par contre, l’emballage musical du film, fait uniquement de reprises ou de mix entre plusieurs morceaux bien connus des années 80 en général (outre Sweet Dreams, on aura droit à une reprise de Where is my Mind des Pixies, mais également de Björk, et j’en passe), s’il ne fonctionne pas toujours (le mix entre deux reprises de Queen, affligeant, autant dans le fond que la forme), fait parfois plaisir, et colle plutôt bien dans 70% des cas aux images. Le choix des chansons reprises collent plutôt bien avec la mince intrigue (si on peut l’appeler comme ça) du métrage, et une plus grande recherche semble avoir été effectuée à ce niveau. Cela est-il suffisant ? Absolument pas, maigre consolation pour un film qui relève plus de l’esbroufe que de cinéma, même pour du divertissement.

Les plus

La scène d’ouverture
Quelques musiques

Les moins

Ennuyeux et répétitif
Tout s’enchaîne sans cohérence
Personnages totalement vides
Un mix effroyable d’influences
Long pour finalement rien

En bref : Zack Snyder est obnubilé par sa mise en scène trop « cool ». Il nous livre ainsi une longue bande annonce de quasi 2h où tout s’enchaîne avec le détachement le plus total du spectateur. Quelques bonnes scènes, mais c’est long, ça ennuie, c’est creux, le message trop appuyé.

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Loving movies

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading