2019
Studio : Toybox Inc
Editeur : Arc System Works – Pqube
Genre : Visual Novel
Multijoueur : Non
Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Playstation 4, Nintendo Switch
Synopsis : Vous arrivez à Mihate Town, un petit village Japonais, pour fuir votre passé et reconstruire votre vie après un événement traumatisant. Sur place, après avoir été installé dans un manoir où vit votre cousine Maimi, vous en apprenez plus sur les légendes de Mihate, en particulier celle des Yomibito ; où quand un humain décédé revient à la vie, une fois tous les 100 ans, entrainant derrière lui des morts horribles.
Depuis que l’éditeur Pqube existe, la sortie des Visual Novel en Europe est plus fréquente. Enfin, pas que des visual novel, mais Steins;Gate, c’est eux, la suite aussi, Root Letter et Tokyo Twilight Ghost Hunters également, Chaos Child, Song of Memories, Tokyo School Life… un des derniers jeux du genre à débarquer, World End Syndrome, qui a depuis été suivi par les sorties de Root Letter Last Answer et de Raging Loop (que je dois me faire prochainement). De quoi faire plaisir aux fans du genre, dont je fais parti. Oui, je suis le premier à crier à la sortie d’un jeu Quantic Dreams, qui nous vendent une expérience révolutionnaire mais où, finalement, on ne fait qu’appuyer sur deux touches de temps en temps pour faire la vaisselle. Mais entre des jeux qui se vendent comme des jeux et au final réduisent l’interactivité à quasi zéro, et un vrai Visual Novel, qui s’assume et ne ment pas sur la marchandise dés le départ, il y a un fossé. On va me dire que je suis un peu trop pointilleux, mais tant pis. Je préfère que l’on me dise que je vais uniquement lire plutôt que l’on me vende une histoire blindée de QTE (hein Beyond Two Souls). Bref, World End Syndrome, ou Worldend Syndrome au Japon, c’est un visual novel développé par Toybox Inc, une boite pas forcément très active, mais à qui l’on devait déjà Tokyo Twilight Ghost Hunters. Cette fois-ci donc, un visual novel, encore, qui ne m’emballait pas au départ. Character design passe partout comme on en a vu 500 fois dans le genre, histoire classique du jeune fuyant son passé dans un petit village. Mais grâce au store Playstation US, j’ai pu testé le mois dernier une démo du titre. Démo longue, puisque contenant en réalité l’intégralité du prologue, allant donc du lancement du jeu, jusqu’à la pire fin du titre, inévitable lors du premier run.
Une démo donc d’environ 3 heures, qui donne le ton. Un ton que j’aurais fortement apprécié, puisqu’autant dans ses thèmes, dans son visuel, dans son ambiance, j’y ai vu une sorte de suite spirituelle d’un visual novel qui m’avait marqué il y a des années, et que je considère toujours comme un des meilleurs, à savoir Le Sanglot des Cigales, ou Higurashi No Naku Koro Ni pour les intimes. Ou Hinamizawa Le Village Maudit pour ceux connaissant seulement l’anime de deux saisons, qui a depuis eu droit à deux films lives et même une série TV de 6 épisodes. Forcément du coup, le produit finit et l’histoire complète étaient immédiatement plus attractifs pour moi. Et c’est ainsi que je me serais lancé en pleine canicule dans l’aventure, pour découvrir tous les secrets de Mihate Town. Nous jouons donc un jeune homme au nom de notre choix (Rick-San donc) qui arrive en Juin dans la ville, pour refaire sa vie, s’installant au manoir de son oncle où vit sa cousine, Maimi. Arrivé à l’école du coin, il va se lier d’amitié un peu par hasard avec le jeune turbulent de sa classe, Kensuke, qui va lui forcer la main pour qu’il rejoigne un club, celui de la professeur principale de sa classe, Kaori, qui traite des légendes et des mystères de Mihate Town. Là, le joueur va rencontrer des personnages hauts en couleurs (et je ne parle pas seulement de la couleur de leurs cheveux), avec Miu, fille silencieuse et distante, Saya, fille de la famille riche gérant la ville, Hanako, la fille étrange à lunettes, ou encore Yukino, une journaliste qui se rend à Mihate Town pour y découvrir ses secrets.
Dit comme ça, World End Syndrome ressemble à s’y méprendre à un petit jeu où l’on est, comme toujours, le seul homme entouré de femmes et qui va devoir choisir l’élue de son cœur. Et étrangement, il y a un peu de ça dans World End Syndrome, puisque les différentes routes menant aux fins différentes se font dans ce sens, en choisissant un personnage. Mais il y a bel et bien d’épais et meurtriers mystères dans la ville. Comme le tournage d’un film adaptant un roman écrit par nul autre que notre professeur, la disparition de deux étudiantes dont les corps sont retrouvés dans la rivière, la présence d’une idole sur les lieux, une flic qui va nous suivre d’un peu trop près, et des secrets que semblent cacher les deux familles principales de la ville, les Amana, qui gèrent un petit café, et les Kamishiro, qui contrôle la ville et sponsorisent le tournage du dit film. Pour découvrir tout ça, il faudra jouer, encore et encore, décrocher les 5 routes différentes, et voir la true ending qui s’offrira enfin à nous. Du classique dans le genre donc. Mais autant World End Syndrome commence de manière efficace et intriguant, autant au début, il se perd quelque peu, avant de nous livrer heureusement un final surprenant qui valait le coup. Car le jeu, enfin, le visual novel souffre de quelques mécaniques pas toujours habiles, ce qui rendra le premier run, après l’option de la pire fin, plutôt frustrant. Laissez moi expliquer un peu tout ça.
Passé le long prologue faisant office de pire fin, durant tout de même dans les trois heures, et nous dévoilant la quasi intégralité des personnages, des meilleurs (Miu) aux plus énervants (Kensuke), ainsi que quelques mystères sur la ville, notamment le mystère des Yomibito (des morts revenant à la vie et qui à la fin de l’été, perdent toute rationalité et tuent), le joueur se retrouve à pouvoir faire un choix différent, faisant continuer le jeu et annulant cette pire fin. Là, durant tout le mois d’Août, on se retrouvera sur la carte, à choisir notre destination, trois par jour (matin, après midi et soirée), afin d’avoir droit à d’autres fins. Pour se faire, il faudra se lier d’amitié, voir bien plus, avec les autres personnages du jeu. Il faudra donc en priorité trouver le personnage correspondant à la fin. Miu, Maimi, Hanako, Saya ou Yukino. Comme ça, cela semble un jeu d’enfant. Sauf que votre premier run se soldera sans doute par une mauvaise fin pour une raison simple. Au départ, nous sommes catapultés sans informations dans l’univers de World End. Oui, nous avons la carte, il faut choisir où aller. Mais justement, où faut-il aller ? En ayant un peu de jugeote, on pourra bien trouver quelques indices, Miu travaillant au café de son frère par exemple, et Saya ayant un manoir et travaillant beaucoup pour aider sa famille à l’hôtel de luxe du coin. Mais souvent, nous sommes aveugles, et il arrive que l’on parte quelque part, pour rien, et l’on perd ainsi une demi-journée, qui ne fera rien avancer, ni l’histoire, ni notre relation avec les personnages, et l’été se finira de manière sanglante.
Au départ, oui, c’est très frustrant. World End Syndrome se transforme en histoire qui pourrait être passionnante à suivre, mais qui nous donne envie de la suivre avec un guide dans la main, pour être un minimum guidé. Passé le premier run ceci dit, l’ensemble devient plus simple, puisque qu’il sera alors possible de voir sur la map des indications. Chaque fois que l’on va quelque part, le jeu mémorise et nous indiquera si quelqu’un se trouve à cet endroit, limitant les futures erreurs. Et parfois, quelqu’un nous donnera rendez-vous le jour suivant à tel endroit, facilitant ainsi l’aventure. Mais le premir run, oui, il est frustrant, énervant même. Une fois que l’on maitrise un peu mieux l’aventure, qu’est ce que Mihate Town nous réserve ? Pas mal de choses, car outre les différentes fins, à faire souvent dans un ordre spécifique, du moins pour les dernières, nous aurons des objets à collectionner, et un total de 10 missions secondaires, à trouver sur la map. Un personnage nous demandera de retrouver un objet, ou de se rendre tel jour à tel endroit. Bon, en ce qui concerne certaines missions, j’aurais également eu besoin d’un guide, mais c’est une autre histoire, donc parlons plutôt des différentes routes. Au départ, le joueur sera limité à la route de Maimi, Saya et Hanako. Des routes sympathiques, bien que celle d’Hanako possède un twist oh combien prévisible, et que la route de Maimi soit quelque peu étrange, sachant que le personnage est notre cousine, mais des routes qui nous présentent plus le background des personnages et des lieux plutôt que de l’intrigue en elle-même.
Les choses sérieuses commencent en réalité avec les deux routes suivantes. La première sera celle de Yukino, intéressante en soit, et nous révélant bien plus de choses sur les secrets de la ville, mais qui trouvera, lors de la véritable fin, une signification malheureusement un peu plus dérangeante dans les faits, vis-à-vis de notre personnage. Un brin décevant dans son ensemble donc. Mais par contre, la fin concernant Miu sera elle, en plus d’être intéressante, plutôt satisfaisante, riche en rebondissements, et plus sombre également. Avec la vraie fin, sans doute le meilleur moment de l’histoire. Surtout que Miu, au départ très distante, s’avère être un personnage très intéressant. En fait, on peut dire la même chose de quasi tous les personnages. Même lorsque leur route ne fait pas franchement évoluer l’histoire, les personnages se révèlent bien plus intéressants qu’ils ne le sont aux premiers abords. À l’exception de Kensuke, personnage énervant par excellence, qui heureusement n’a pas de fin qui lui est dédiée. Puis vient évidemment la vraie fin, la Truth Route, qui sera un des meilleurs moments de l’aventure. Comme quoi, le jeu gardait le meilleur pour les deux dernières fins. Ainsi, malgré des débuts plutôt difficiles et frustrants, World End Syndrome se révèle au fur et à mesure bien plus prenant et intéressant. Dans ce qu’il raconte en tout cas. Car techniquement, on est dans un visual novel pur et dur, avec ce que cela comporte de qualités comme de défauts.
Le character design par exemple n’a rien d’inoubliable, et on retrouve un peu les clichés visuels du genre, avec la fille à cheveux verts, rouges, bleus. Dans ce sens, Kensuke est le classique sidekick passant son temps à crier pour rien du tout. En ce qui concerne les images de fonds par contre, c’est du très bon boulot. Le style graphique est très sympa, et plutôt que des décors fixes et répétitifs, ceux-ci sont un minimum animés. Des branches bougeant au vent, la rivière qui coule et j’en passe. L’ambiance générale visuelle est réussie. Musicalement, les doublages font le taf, sonnant forcément très « animé », tandis que les musiques, autant celles festives que celles d’ambiances ou plus sombres sont de très bonnes factures. Les bruitages eux, s’ils sont pour la plupart convaincants, ont malgré tout quelques faux pas. Certains sons, comme des rires que l’on pourra entendre en fond, ou des applaudissements, sonnent totalement faux et semblent sortir d’un sitcom des années 90. Étrange assurément, vu le sérieux du reste. En tout cas, pour les habitués du genre, World End Syndrome est une expérience qui pourra être captivante et sympathique. Pour ceux qui ne connaissent que peu le genre, mieux vaut d’abord se faire la main sur d’autres histoires où les routes sont plus faciles et évidentes à obtenir, puisque les premiers pas sont totalement aléatoires, à moins de faire intégralement l’aventure avec un guide. Ou alors, il reste l’option d’attendre et de voir si l’histoire sera adaptée dans d’autres formats, notamment animé.
Les plus
Les dessins sympathiques
L’ambiance mystérieuse
Certains personnages très attachants
Les dernières fins, très prenantes et intéressantes
Les moins
Kensuke, énervant
Le premier run, frustrant au possible
Certaines fins moins intéressantes
En bref : World End Syndrome est un visual novel très sympathique, avec une histoire qui tarde à se révéler mais qui se révèle au final prenante. À éviter pour les nouveaux du genre du fait de ses premiers pas hasardeux, mais recommandables pour les autres.