Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires (2015 – Survival Horror – Wii U)

PROJECT ZERO : LA PRÊTRESSE DES EAUX NOIRES

2015
Studio : Koei Tecmo
Editeur : Nintendo
Genre : WiiU pad, aide moi
Multijoueur : Non
Joué et testé sur : Wii U
Existe sur : Wii U (et bientôt, PC, Xbox One et Playstation 4)

Synopsis : Hinasaki Miu part à la recherche de sa mère, Miku (héroïne du premier jeu), qui a disparue 14 ans plus tôt sur le mont Hikami. Elle n’est jamais revenue. Kurosawa Hisoka, propriétaire d’un petit café au pied du mont Hikami, utilise ses dons de vision pour retrouver des objets ou personnes disparues sur place. Elle recueille Yuri, qu’elle sauve d’une tentative de suicide. Quelque chose semble se tramer dans l’ancien temple du mont Hikami.

Parmi les grandes, ou du moins longues sagas du genre survival horror, il y a les sagas connues du grand public, comme Resident Evil ou Silent Hill, et il y a les sagas un peu plus de niche, comme Project Zero ou Forbidden Siren. Connu chez nous sous le nom de Project Zero, et aux Etats Unis sous le nom Fatal Frame, et tout simplement Zero au Japon, la saga est une de mes préférées dans le genre. Il faut dire qu’alors que Resident Evil et Silent Hill ont le monopole du genre à la fin des années 90, beaucoup tentent l’expérience, d’avoir leur part du gâteau. Et il y a ceux qui vont copier ce qui fonctionne ailleurs, et ceux qui vont tenter autre chose. Project Zero va tenter autre chose, et le faire bien, et ce dés l’imparfait premier opus, qui pose malgré tout des bases solides. Après un second opus proche du génie et un troisième en dessous mais plein de bonnes idées, sur Playstation 2 et Xbox (exclusivité Playstation 2 pour le 3ème jeu), la saga de Koei Tecmo passe chez… Nintendo ! Avec un quatrième opus sur Wii, malheureusement inédit en dehors du Japon, bien que des traductions non officielles existent (pas de bol, j’ai pu y toucher chez un pote, qui avait pour une raison inconnue une traduction en Espagnol). Et lors de l’annonce de la Wii U, cette console maudite qui a fait un flop monumental, le créateur de la saga, Kikuchi Keisuke, propose à Nintendo, qui détient à présent les droits, un cinquième opus. L’idée est simple, utiliser le Wii U GamePad, ce grand écran servant de manette, et d’afficher des éléments supplémentaires, comme d’un appareil photo. Et là vous me direz : Enfin un jeu qui utilise cet accessoire. Et oui. D’ailleurs, et c’est bien simple, je ne suis pas (plus en tout cas) un joueur Nintendo, et si j’ai acheté une Wii U, ce fut uniquement pour jouer à ce Project Zero, cinquième opus, intitulé La Prêtresse des Eaux Noires. Un achat couteux, non pas pour la console (d’ocaz pas trop chère), mais car pour jouer au jeu, soit c’est en physique en édition ultra limitée coûtant maintenant plus de 150 euros (allez tous vous faire foutre revendeurs d’ocaz), soit en digital, et le digital chez Nintendo, vous pouvez vous asseoir sur les promotions, ce sera au prix fort et basta. Et au prix fort en digital, cela vaut dire 13Go, soit une Wii U rapidement pleine.

Mais bref, passons sur ce détail, ce marketing et cette sortie aussi confidentielle que frustrante pour le joueur désireux de continuer la saga, et attaquons nous au jeu en lui-même. Comme pour Project Zero 3 à l’époque, ce cinquième opus va nous faire jouer différents personnages, trois pour être exact, lors de 14 chapitres. Oui, le jeu sera découpé en chapitres. Ce qui a un avantage certain : pouvoir faire des parties relativement courtes, espacer les séances de jeu simplement, sans avoir à se rappeler à chaque fois où il faut aller, les lieux visités ou non. Cela hachure quelque peu le rythme, donne quelques soucis de level design d’ailleurs, mais on y reviendra. Ici donc, nous jouons Hinasaki Miu, fille de l’héroïne du premier jeu qui recherche sa mère disparue, mais aussi Kozukata Yuri, qui a le pouvoir de voir des choses invisibles au commun des mortels et fait office de personnage principal, mais également Hojo Ren, un auteur enquêtant sur les lieux de l’aventure pour un futur ouvrage. Pour le reste, on ne change pas une équipe qui gagne. On parcourt des niveaux lugubres, le tout armé de notre seule défense possible, la caméra Obscura, et on se fait souvent attaquer par des esprits pas très sympathiques qui ont le don d’apparaître quand on ne s’y attend pas, et qui ont surtout le don de nous attaquer dans des lieux minuscules et de se cacher dans les murs, les petits *$£_°*¨% ! Bref, la première chose qui frappe en lançant ce cinquième opus, c’est que pour de la Nintendo Wii U, c’est beau ! La direction artistique est de toute beauté, les effets de lumières sublimes, les personnages bien modélisés, le tout est en HD, en 16/9 (encore heureux). Koei Tecmo n’a pas fais les choses à moitié. Visuellement, c’est sublime, le plus bel opus de la saga. Le seul en HD aussi, il faut le dire. Les lieux visités sont parcourus par cette poésie lugubre qui fait froid dans le dos, pour notre plus grand plaisir. Oui, un plaisir pour les yeux. Quand à continuer sur les qualités du titre, allons y.

Les personnages sont plutôt attachants, et on a plaisir à découvrir une intrigue qui va de pair avec les anciens opus, puisqu’un des personnages jouables, et ce dés le prologue, sera la fille de l’héroïne du tout premier jeu, et qui était également jouable dans le troisième. Tout est lié ! Moralité, seul le quatrième opus est un peu à part narrativement. Malheureusement, tout n’est pas rose pour autant. Si les personnages sont intéressants, que la narration fonctionne plutôt bien et qu’on a plaisir à voir une intrigue qui est liée au reste de la saga, l’histoire en elle-même n’est pas la meilleure, loin de là. Et puis pour qui a fait la saga entière, certains petits éléments viennent quelque peu contredire des événements de la fin du troisième jeu. Rien de dramatique, mais il fallait malgré tout le souligner. L’histoire tourne autour d’un culte étrange qui avait lieu sur le mont Hikami. Des sacrifices, des prêtresses, enfermées vivantes dans des boites remplies d’eau, d’eau noire. Niveau gameplay, l’amateur de la saga sera en terrain connu, pour le meilleur, et pour le pire, car oui, il y a du bon, du très bon, de l’anecdotique, et du frustrant ici. On se déplace toujours avec une lampe torche (même si finalement, tout est suffisamment bien éclairé sans, mais passons) dans des lieux lugubres, des forêts, des manoirs, des temples, des lieux désaffectés, un vieux tunnel. Si visuellement, ça a clairement de la gueule, notons que malheureusement, certains lieux vont revenir un peu trop souvent. On se déplace donc dans des environnements en vue à la troisième personne, et quand un fantôme vient pointer le bout de son nez, il faudra alors se servir du GamePad, le fameux utilisé par quasi aucun développeur. Il faudra donc s’en servir comme d’un appareil photo, cherchant les esprits autour de nous en levant la bête. Alors, l’idée est excellente, et fonctionne même plutôt bien, même si cela m’a demandé un temps d’adaptation. Car oui, on doit vraiment lever le GamePad, le faire tourner, et donc regarder autour de nous, même si on peut s’aider pour se déplacer également du stick droit.

Mais dans l’ensemble, c’est une réussite. Ce qui l’est moins, c’est les déplacements de manière générale. C’est toujours lent, comme toujours dans la saga, quand on court, en fait, on trottine, rien de plus, mais le souci de cette lourdeur générale, c’est que 70% du temps, le jeu va nous mettre dans des lieux exigus et fermés. Et devoir se battre contre un esprit dans un tout petit couloir, où l’on va galérer à se diriger, alors que notre ennemi lui peut passer tranquillement dans les murs, c’est frustrant. D’autant que les esprits, il y en a, un paquet. Et ça, c’est donc moins bien réussi que dans les anciens opus, qui s’en sortaient bien mieux dans la gestion de l’espace. Et ce même si la caméra permet de locker un ennemi, sauf que dés qu’il disparaît dans un mur, ou que l’on est trop éloigné, le lock disparaît. Malédiction ! Je l’admets, à certains moments, on a l’impression que je me suis plus battu contre le GamePad que contre les fantômes. Heureusement, l’ambiance, tendue du slip comme toujours, fonctionne à merveille, et certains moments de stress fonctionnent également. Arriver dans une nouvelle pièce où sont présents par exemple des cercueils ouverts et remplis d’eau, et on n’est pas forcément à l’aise, on avance à tâtons, aux aguets, certain que quelque chose va apparaître dans la dite pièce. Et parfois, le jeu surprend, il n’y aura rien. Jusqu’à ce que l’on revienne dans la pièce, et là, BIM !

Par contre, le jeu ajoute deux éléments à son gameplay. Le premier, absolument génial, permet, une fois un fantôme vaincu, et s’y l’on se rapproche rapidement de lui, de toucher l’esprit afin d’avoir droit à une petite vidéo qui nous montrera les derniers instants de cet esprit, de son parfois lointain vivant. Nous offrant donc des vidéos façons vieille VHS, lugubre à souhait. Le second ajout, primordial dans les faits, concerne l’eau, omniprésente, dans le gameplay, dans l’intrigue, dans les lieux visités. En effet, l’eau a un effet néfaste sur nous. Si notre héroïne, ou héros lorsque l’on joue Ren, est trempé, il prendra plus de dégâts face aux esprits, et sera plus susceptible d’être attaqué également. En contre partie, on fera également plus de dégâts avec notre appareil photo. L’ajout est intéressant, et parfois fonctionne, surtout au début. Lors du chapitre 6 par exemple, à la fois ma pire et meilleure expérience dans le jeu, alors que l’on doit fuir les lieux, voilà t’y-pas qu’il se met à pleuvoir à verse, et que notre trajet étant bloqué, que le joueur doit s’aventurer vers des tunnels abandonnés. Bel hommage d’ailleurs à Inunaki, puisque le tunnel semble vouloir quelque peu reproduire le vrai, avec en prime une belle cabine téléphonique lugubre à l’entrée. C’est lors de ce chapitre que le procédé de l’eau a trouvé sa limite. Car autant, lors de ma fuite, ça a fonctionné un peu malgré lui, grâce surtout à la découverte de nouveaux environnements, autant après m’être perdu dans le lieu principal du chapitre pendant carrément une heure, à me faire souvent attaquer, et à devoir traverser des lieux à moitié inondé, et bien, je me suis retrouvé trempé en permanence, sans forcément voir de différence niveau gameplay. On me dira que ceci peut s’expliquer du fait que de toute façon, je suis nul avec le GamePad dans les mains, mais bon.

Là où par contre, comme toujours, ce cinquième opus fait un sans faute, c’est dans sa bande son, magistrale, misant absolument tout sur l’ambiance, et fonctionnant à merveille. Jouer à Project Zero seul, la nuit, dans le noir, le son à fond avec une bonne installation, et je vous assure que l’ambiance fonctionne du tonnerre. Ça plus des doublages en Japonais de bonne qualité, que demander de plus ? Que le jeu soit du niveau du génial Project Zero 2, oui, je sais, mais bon. Que ce cinquième opus existe, et surtout existe en dehors du Japon, malgré la tentative de Nintendo d’écouler son stock à tout prix via une édition beaucoup trop limitée, ça tient déjà du miracle. Pour le fan, c’est forcément un pur instant de bonheur, de découvrir ces nouveaux personnages, d’arpenter ces nouveaux lieux maudits, de se sentir de nouveau impuissant face à des forces que l’on ne contrôle pas, que l’on ne comprend pas. Ce cinquième opus est peut-être dans le fond un des plus faibles de la saga, mais pourtant, il est très loin d’être mauvais. Les quelques ajouts comparé aux anciens opus, comme ses souvenirs des fantômes vaincus, l’utilisation du GamePad, sont de très bons ajouts, et le fait de faire enfin une aventure en HD avec d’aussi beaux graphismes renforce clairement l’ambiance. Dommage pour les contrôles parfois hasardeux lors des attaques dans des lieux bien trop petits, son histoire sans doute un poil décevante, ou l’utilisation de l’humidité, pas si punitive que ça, ainsi que des lieux que l’on visite parfois un peu trop souvent. Mais l’aventure demeure quoi qu’il arrive très bien, prenante, stressante, et c’est ce que l’on demandait avant tout à ce cinquième opus. On pouvait en attendre plus, mais dans l’attente d’un possible sixième opus, ou soyons fou, d’un pack de l’intégrale remasterisé (ce qui semble improbable, Nintendo ayant les droits des opus 4 et 5), ce Project Zero 5 fait clairement le boulot !

Les plus

Très beau pour de la Wii U
La direction artistique, lugubre
Trois personnages jouables plutôt attachants
L’utilisation du GamePad pour prendre des photos
L’ambiance sonore, excellente
Quelques passages marquants (la fin du chapitre 6, le 8)
Toucher un fantôme pour voir ses derniers instants

Les moins

Des combats brouillons dans les plus petits espaces
Revisiter trop souvent les mêmes lieux
Histoire un poil décevante
L’utilisation de l’eau, pas si pénalisante

En bref : Ce cinquième opus ne va pas renouveler la formule ni la malmener. Project Zero reste du Project Zero, ce qui, quand on voit Resident Evil et son sixième opus, rassure. C’est lugubre, flippant, oppressant, l’utilisation du GamePad comme appareil photo rend très bien, on explore ces lieux lugubres avec plaisir, même si la formule n’est pas parfaite, le gameplay ayant ses défauts, et que visiter le même manoir pour la troisième fois peut parfois être lassant.

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