COMBAT SANS CODE D’HONNEUR (仁義なき戦い) de Fukasaku Kinji (1973)

COMBAT SANS CODE D’HONNEUR

Titre Original : Jingi Naki Tatakai – 仁義なき戦い
1973 – Japon
Genre : Policier
Durée : 1h39
Réalisation : Fukasaku Kinji
Musique : Tsushima Toshiaki
Scénario : Kasahara Kazuo

Avec Sugawara Bunta, Matsukata Hiroki, Tanaka Kunie, Nakamura Eiko, Watase Tsunehiko, Ibuki Gorô, Kaneko Nobuo, Kimura Toshie et Kawaji Tamio

Synopsis : Durant son incarcération pour le meurtre d’un yakuza, Shozo Hirono aide Wakasugi Hiroshi, un yakuza de la famille Doi, à sortir de prison. À sa sortie, Hirono et ses amis (Sakai, Kanbara, Shinkai, Arita et Yano) forment leur propre famille sous le commandement de Yamamori. Yamamori double Doi en truquant le résultat d’une délibération municipale.

En plus d’avoir été incroyablement productif durant les deux premières décennies de sa carrière, à savoir les années 60 et 70, Fukasaku Kinji aura marqué un genre en particulier, celui du film de Yakuza. Les films cultes dans le genre, il en a des tas dans sa carrière, avec des films comme les Combat sans Code d’Honneur, Guerre des Gangs à Okinawa, Le Cimetière de la Morale, Police contre Syndicat du Crime et j’en passe. La liste est longue, les films nombreux, les claques aussi, car Fukasaku n’est pas n’importe qui, et déploie toujours une énergie folle dans ses métrages, et Combat sans Code d’Honneur, saga qu’il enchaîne à une vitesse ahurissante (cinq films en deux ans), est sans doute l’un des meilleurs représentants, et également une excellente porte d’entrée vers cet univers, même s’il peut pendant un certain temps surprendre, voir nous perdre. Facile d’accès car on n’y trouve pas encore totalement le ton noir et nihiliste d’un Cimetière de la Morale (même si un peu, mais pas au même niveau), mais au départ, le spectateur peu attentif ou habitué peut vite se perdre. Il est facile de placer par exemple Shugo Hirono comme personnage principal du métrage, il en est le fil rouge, tout commence par lui, et comme il se doit, tout se termine par lui, sauf qu’une grande galerie de personnages gravite rapidement autour de lui. Il y a toute sa bande d’amis, que l’on découvre en même temps que lui, dans ce Japon d’après guerre mondiale. Puis il y a les yakuzas du clan Yamanori, clan qu’Hirono rejoint dés sa sortie de prison, mais il y a aussi le clan Doi.

Oui, il est très facile au départ de perdre le fil parmi ses très nombreux personnages, ses familles, ses amitiés, ses traites, ses coups bas, même si rapidement, Fukasaku referme son récit sur une poignée d’entre eux, et abat ses cartes en même temps qu’il abat ses personnages, les uns après les autres. Car Fukasaku ne compte pas nous montrer une version idéalisée des Yakuzas, ni même une vision fantasmée comme certains cinéastes le feront par la suite (Kitano, à part sans sa trilogie Outrage, qui brise justement cet aspect jusqu’alors présent dans sa carrière), il en livre une version brute, où tout le monde manipule tout le monde, où les chefs de clans ne pensent qu’au pouvoir et n’hésitent pas à sacrifier les nouveaux venus ou ceux qui ont justement encore une once d’honneur. On sort de prison, on espère alors être accueillis à bras ouverts par le patron, qui nous remerciera de notre silence et de notre persévérance, mais à la place, non, on nous ment, on nous montre que tout va mal, et que pour aller mieux, il va falloir à peine hors de prison refaire le sale boulot quitte à risquer sa peau, ou un nouveau séjour derrière les barreaux. En ce sens, Hirono est bel et bien le seul à avoir un tant soit peu de l’honneur, ou comme le dirait le titre Anglais, un tant soit peu d’humanité encore. Il ne se fait pas d’illusions sur le milieu qu’il rejoint rapidement au début du métrage, mais il a une confiance aveugle en son chef, il croit qu’il y a encore un peu d’honneur, il croit les paroles de ceux qui comptent pour lui, et il n’hésite pas à parlementer avec tout le monde pour les convaincre de faire le bon choix, même lorsqu’on lui ordonne de faire parler la poudre.

Seulement il est bien le seul, et autour de lui, on trahit, on flingue, on se fait tuer d’une balle dans le dos dans une ruelle sombre ou bien chez le coiffeur, et l’espérance de vie dans le milieu est vraiment courte. Le métrage ne nous donne pas d’illusions, et Hirono, en faisant ce qu’il semble juste et en croyant en son chef, ne va pas amener son clan vers le haut, puisqu’il retournera pendant une bonne partie du métrage en prison, comme si le réalisateur écartait volontairement de son métrage le seul élément un tant soit peu nuancé. Ne reste alors que le reste, les raclures, ceux qui trahiraient leur frère pour un peu d’argent et de pouvoir. Un fond passionnant, une intrigue qui va vite, une multitude de personnages, peut-être même trop, mais qui diminue à vue d’œil. Et puis surtout, la mise en scène affutée de Fukasaku, qui filme son métrage à l’épaule, façon guérilla, donnant un aspect documentaire et réaliste à l’ensemble, d’autant plus vrai que la violence des affrontements est elle aussi réaliste, dure mais brève, sanglante et surprenante avant de disparaître aussi vite qu’elle est apparue. La mise en scène vient amplifier le côté réaliste et noir de l’œuvre, nous plonge au sein de ces règlements de compte, et ne nous laisse que très peu de temps pour souffler. Un grand moment, un film culte, et le début d’une longue saga.

Les plus

Une mise en scène quasi documentaire
Une violence réaliste et crue
Une vision sombre du milieu, sans honneur
Un film qui parvient à surprendre

Les moins

On est un peu perdu au début, beaucoup de personnages

En bref : Fukasaku livre un film quasi documentaire sur le milieu, un film noir, réaliste, où tout le monde finit par tomber à un moment ou à un autre, et où seul le plus grand menteur s’en sortira. Un grand film de Yakuza.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ It looks like a documentary
♥ The violence is raw, realistic
♥ A dark vision of the yakuza, without honor
♥ A film that manages to surprise the audience
⊗ At first, we’re a bit lost, lots of characters and families
Fukasaku delivers a documentary-like flick about the yakuzas, a dark film, realistic, where everyone can die in the next scene, where only the biggest liar will survive. A great movie.

4 réflexions sur « COMBAT SANS CODE D’HONNEUR (仁義なき戦い) de Fukasaku Kinji (1973) »

  1. Je n’ai vu que la « guerre des gangs à Okinawa », sorti a l’époque chez Wild Side. Ce « combat sans code d’honneur » à l’air d’être plus brutal encore. Très envie de le découvrir. J’ignorais que c’était un film à suites d’ailleurs.

    1. Je me ferais un plaisir de te faire découvrir les suites (nombreuses), dont j’ai déjà préparé mon texte sur le second (Qui Sera le Boss à Hiroshima ?), que j’ai encore trouvé meilleur, Fukusaku a affiné en peu de temps une formule tout en conservant ce qui faisait la sève du premier film. J’espère que les autres seront du même acabit !
      Pas encore vu Guerre des Gangs à Okinawa, alors que je l’ai depuis des années. Dans le même genre et en encore plus noir et nihiliste, Le Cimetière de la Morale se pose là.

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