DEAD FOR A DOLLAR de Walter Hill (2022)

DEAD FOR A DOLLAR

Titre Original : Dead for a Dollar
2022 – Etats Unis
Genre : Western
Durée : 1h47
Réalisation : Walter Hill
Musique : Xander Rodzinski
Scénario : Walter Hill

Avec Christoph Waltz, Rachel Brosnahan, Willem Dafoe, Hamishj Linklater, Benjamin Bratt, Brandon Scott, Guy Burnet, Gabriela Alicia Ortega et Luis Chavez

Synopsis : Chihuahua, Nouveau-Mexique en 1897. Max Borlund, un célèbre chasseur de primes, est engagé pour retrouver et ramener la femme d’un homme d’affaires de Santa Fe, apparemment kidnappée par un déserteur afro-américain. Au cours de son investigation au Mexique, il tombe sur son ennemi juré, l’expatrié américain Joe Cribbens que Max a envoyé en prison des années auparavant. Il retrouve également la femme et le déserteur, désormais amants, qui se cachent dans le désert mexicain pour échapper à son mari violent. Max la renverra-t-il ou l’aidera-t-il à combattre des tueurs à gages sans pitié et son rival de toujours ?

On a souvent tendance à l’oublier, mais Walter Hill reste bel et bien un des piliers du renouveau d’un certain cinéma Américain de la fin des années 70 et des années 80. Comment oublier les courses poursuites automobiles de Driver, le côté buddy movie avant l’heure de 48 Heures… Sans oublier bien entendu des films comme Les Guerriers de la Nuit, Les Rues de Feu, Double Détente ou encore Johnny Belle Gueule. Mais il ne faut pas non plus oublier que Walter Hill fut aussi un grand producteur, qui œuvra notamment sur deux sagas cultes du cinéma de genre. La saga Alien déjà, puisqu’il en fut le producteur dés le tout premier opus (en plus de finaliser le scénario du controversé troisième opus), mais aussi qu’il fut le producteur sur la série Les Contes de la Crypte, et du coup, par extension, des films qui suivirent (Le Cavalier du Diable, La Reine des Vampires). Mais comme beaucoup d’auteurs de ces années-là, le passage aux années 2000 ne fut pas tendre pour Walter Hill. Ce n’est pas son premier métrage de cette décennie, en 2000, qui nous dira le contraire, avec cette chose filmique nommée Supernova qu’il signa sous le nom de Thomas Lee, et dont les soucis de productions mériteraient à eux seuls un documentaire. Puis il y eu Du Plomb dans la Tête en 2012, et par extension Revenger en 2016, qui sont assez synonymes en réalité de ce qui arrive à beaucoup de réalisateurs de ces années là comme Brian De Palma ou Dario Argento. Ce n’est pas qu’ils ne veulent plus filmer, ou n’ont plus d’idées, mais plus que le budget qu’on leur donne ne leur permet aucunement de soigner ses idées. Car Du Plomb dans la Tête, c’est du B movie violent et sympa, mais ça reste avec un visuel assez fauché, en termes de décors, de direction artistique, de photographie.

Quoi de mieux que d’embrayer alors sur le dernier bébé de Walter Hill, toujours inédit chez nous, et qui officie dans un genre qui m’est cher, et qui disparut totalement des radars lorsque qu’Hollywood, après des années de succès et des films sortant par dizaines, s’effondra, à savoir, le western. En gros, ce qui arrivera de nouveau à Hollywood avec le genre super héros lorsque le public en aura enfin marre, et qui créera ainsi un nouvel « nouvel » Hollywood. Walter Hill donc pour son nouveau film se tourne vers le passé, vers ses hors la loi et chasseurs de primes. Et il s’entoure pour les premiers rôles de belles gueules qui font plaisir, avec Christoph Waltz, qui avait déjà été chasseur de prime chez Tarantino, et de Willem Dafoe, hors la loi après un petit détour chez les Vikings pour Robert Eggers. Des valeurs sûres impliquées, des acteurs clairement contents d’être là, sous l’objectif de Hill et de son directeur de la photographie Lloyd Ahern II, déjà présent sur Du Plomb dans la Tête (et Supernova…), formé chez les meilleurs (il était sur les secondes équipes des films Jurassic Park, Broken Arrow, Un Cri dans l’Océan, Dodgeball, le premier film X-Files) avant d’officier surtout sur des séries TV et des films plutôt mineurs. Dead for a Dollar, dans les faits, c’est une histoire bien connue, celle du chasseur de prime que l’on envoie au Mexique pour aller chercher un déserteur et une femme en fuite. Objectif qui sera atteint très rapidement, avant que les événements ne se déchainent contre nos personnages, pour que tout cela n’amène qu’un éventuel duel dans cette petite ville qui n’avait presque rien demandée à personne. Du classique dans le genre, mais qui a toujours le don d’émerveiller ceux qui regrettent clairement cette lointaine époque où les colts résonnaient dans les hautes plaines. Surtout que Walter Hill reste Walter Hill, et il ne recule donc pas devant des mises à morts expéditives, devant un brin de nudité certes furtive mais qu’il ne cherche pas non plus à occulter, et face à ces personnages au code d’honneur désuet mais clairement ancré dans cette époque.

Il y a un vrai plaisir à voir ce bon vieux Willem Dafoe, expatrié au Mexique, et dépouiller ses opposants au poker, de voir Christoph Waltz encore à l’aise dans ce genre là ne pas hésiter à sortir son revolver et à tuer froidement lorsque la situation l’exige. Le côté un peu prévisible voir cliché de son intrigue, on l’accepte tant il s’inscrit dans l’ADN même d’un genre aujourd’hui oublié des grands studios. Dead for a Dollar y trouve là sa force, mais ironiquement sa plus grande faiblesse, car comme la phrase précédente le laissait entendre, Dead for a Dollar n’est aucunement un film de gros studio. Et comme pour les précédents essais de Walter Hill, cela s’en ressent énormément à l’écran. Il y a un côté assez pauvre, ou plutôt assez cheap qui est frappant au fur et à mesure des minutes, avec ses décors souvent minimalistes (en gros, quelques bâtiments, un hôtel, une petite rue et des étendues désertiques), sa direction artistique beaucoup trop clean pour le genre, pour cette petite ville pauvre. L’ensemble est beaucoup trop propre, il n’y a pas de poussière, pas de crasse, pas d’usure, tout semble parfois beaucoup trop factice. Et forcément, c’est le même cas pour la photographie, pas mauvaise en soit, agréable à l’œil même si son filtre un peu jaunâtre sonne forcé, mais également beaucoup trop clean, beaucoup trop cheap. Comme si tout le monde, devant et derrière la caméra, était heureux d’être là, de rendre hommage à cet ancien Hollywood, mais que tout en haut de cette chaîne, il était juste improbable et impensable de lâcher plus de billets verts pour se tourner vers le passé, surtout pour un réalisateur moins bankable qu’un Tarantino, et un casting moins connu que celui d’un Sept Mercenaires. Dead for a Dollar ne dépasse donc jamais son statut de film B, qui saura plaire au public auquel il s’adresse, et laissera sur le côté les autres.

Les plus

Un western par Walter Hill
Tous les éléments du genre sont là
Le casting, solide

Les moins

Un côté assez fauché et toujours trop voyant
Référentiel, et rien de plus en soit

En bref : Walter Hill continue contre vents et marées, mais encore une fois, son métrage, référentiel et clairement fait avec amour, ne reste qu’un petit film souffrant d’un manque de budget lui donnant un aspect beaucoup trop propre sur lui, voir par moment un peu factice.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A western made by Walter Hill
♥ All the elements we love about the genre are here
♥ A solid cast
⊗ It’s a low budget, and it shows
⊗ A referential movie and nothing more in a way
Walter Hill continues, even if it’s hard, and even if his new film, probably made with love, is just a little film, with a clear lack of budget. It looks too clean, too fake sometimes. But it’s still enjoyable and with a great cast.

4 réflexions sur « DEAD FOR A DOLLAR de Walter Hill (2022) »

  1. Ça sort où, quand, comment cette affaire ? Un Walter Hill ça se loupé pas.
    Et « Du plomb dans la tête », vu plusieurs fois, c’est toujours bien. Un des meilleurs Stallone.
    Ça me fait penser que chez Zahler il y a du Walter Hill je trouve.

    1. Pour la sortie FR, aucune nouvelle… Ah mon avis, si vraiment on a pas de bol, ça finira sur une plateforme de streaming, et dans le meilleur des cas, un DTV en physique.
      Pas revu par contre depuis sa sortie pour le Stallone, j’avais bien aimé, mais mes souvenirs sont un peu flous en réalité. Juste ce souvenir d’un bon film mais qui manquait un peu d’argent. Mais qui restait violent, et j’étais content de retrouver Christian Slater (qui de mémoire, prenait cher dans le film d’ailleurs ahah).
      Du Zahler carrément ? Peut-être remarque dans la « relative » simplicité pour filmer les moments dits violents, ce qui rends ces moments plus frontaux et marquants ?

  2. Un nouveau Walter Hill est sorti ? Ou pas ? Je n’étais pas au courant. Je le verrai à l’occasion, pour le triple W (Walter/Willem/Western) !

    Ça me fait penser que je n’ai toujours pas vu THE ASSIGNEMENT, et qu’il est inclus dans l’abo Prime… Tiens… Ce soir peut-être ?

    1. Comme je disais au grand Prince, au delà des States, je crois que le film va être malheureusement sans doute dirigé vers une sortie streaming ou, si on a de la chance, un DTV (et pour toi donc, tu pourras le louer sur prime). Ca sort clairement par la petite porte, personne n’en avais entendu parler, pour ça que je me suis jeté dessus pour mettre un peu de lumière sur le film, même si loin d’être le meilleur Hill.

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