HALLOWEEN ENDS de David Gordon Green (2022)

HALLOWEEN ENDS

Titre Original : Halloween Ends
2022 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h51
Réalisation : David Gordon Green
Musique : Cody Carpenter, John Carpenter et Daniel Davies
Scénario : Paul Brad Logan, Chris Bernier, Danny McBride et David Gordon Green

Avec Jamie Lee Curtis, Andi Matichak, James Jude Courtney, Rohan Campbell, Will Patton, Jesse C. Boyd, Michael Barbieri, Destiny Mone et Joey Harris

Synopsis : Quatre ans après les événements d’Halloween Kills, Laurie vit désormais avec sa petite-fille Allyson et achève d’écrire ses mémoires. Michael Myers ne s’est pas manifesté ces derniers temps. Après avoir laissé l’ombre de Michael planer sur le cours de son existence pendant des décennies, elle a enfin décidé de s’affranchir de la peur et de la colère et de se tourner vers la vie. Mais lorsqu’un jeune homme, Corey Cunningham, est accusé d’avoir assassiné un garçon qu’il gardait, Laurie devra affronter une dernière fois les forces maléfiques qui lui échappent, dans un déferlement de violence et de terreur…

Si ce n’est les plus grands fans de la saga (oui ils existent) ou une certaine curiosité malsaine, plus grand monde n’attendait ce dernier (enfin, dernier…) opus de la saga Halloween, ou plutôt, l’opus venant boucler la trilogie entamée en 2018 par David Gordon Green avec Halloween. Non pas le remake, mais la suite d’Halloween portant donc le même nom que l’opus original, ce qui est, on va l’avouer, toujours aussi stupide, un peu comme Scream 5 s’appelant juste Scream alors qu’il est clairement le cinquième, mais bref. Pas grand monde l’attendait, car entre Halloween en 2018 et Halloween Ends en 2022, il y a eu Halloween Kills, et c’était, pour rester poli, clairement pas bon. Et après découverte de l’ultime opus donc, une question me taraude encore plus qu’il y a un an. A quoi servait Halloween Kills ? A sa sortie, il apparaissait comme un opus bancal, très sanglant et généreux en meurtres certes, mais n’ayant strictement rien à raconter, et ne sachant clairement pas quoi faire de ses personnages. Michael Myers était le mal, même frappé et abattu il se relevait, Laurie Strode était… et bien elle était là, dans le fond, et c’est tout, et puis voilà. Un opus qui trouvera sans doute avec le temps une certaine place dans le cœur des fans grâce à sa générosité en meurtres encore une fois, mais pas pour moi. Car le gore, c’est bien, mais quand autour rien ne va, ça ne suffit pas à faire un film, ça ne suffit pas à me divertir. Il n’y a pas de meilleur exemple à mes yeux pour illustrer cet état de fait que de parler de Re-Animator 2 signé Brian Yuzna. Oui, c’est gore, mais ce n’est jamais bon, jamais intéressant, là où la deuxième suite, bien que prenant moins de risques, parvient à intéresser. Du coup, David Gordon Green et ses trois autres scénaristes allaient avoir du travail afin de convaincre le public, les fans, et délivrer en ce mois d’Halloween 2022 de quoi satisfaire les amateurs d’horreur. Mission accomplie ? C’est vraiment pour le coup bien plus compliqué que ça.

Déjà car dans les faits, Halloween Ends ne délivre pas ce que l’on attend de lui, en étant un peu, avec certes plus de 30 ans de retard, ce qu’un Halloween 5 aurait pu être si les producteurs à l’époque n’avaient pas été si peureux. A savoir donc un film symbolisant Michael Myers comme le mal, et donc parlant de la transmission du mal. Les choix du métrage sont donc à la fois à l’opposé des attentes de nombreux fans (qui veulent donc un tueur masqué flinguant tout le casting), mais aussi dans le fond à l’opposé du précédent opus, qui faisait de Michael Myers un être indestructible traumatisant une ville entière. Alors que dans ce Halloween Ends, se déroulant donc quatre ans après les événements, Michael Myers est quasiment absent d’une bonne partie de l’intrigue, affaiblit, et donc, l’opus où le tueur masqué est le moins présent dans la saga avec un certain Halloween 3, détesté à sa sortie, et apprécié avec le temps. Oui, Halloween Kills, à part nous faire patienter une année de plus et surtout à part pour offrir une dose de meurtres au public, il ne servait strictement à rien. Quatre années passent donc. Laurie a perdue sa fille, mais étonnement, tente de refaire sa vie, prenant même part aux activités festives d’Halloween en préparant des citrouilles, et ce malgré que la moitié de la ville la traite comme la peste en la jugeant tout aussi responsable des événements qu’un certain Michael Myers qui a disparu. Elle vit avec sa petite fille, toujours la craquante Andi Matichak, qui dans un sens, subie elle aussi les événements. Et pendant un bon cinquante minutes, il est où Michael ? Et bien, pas là. Car Halloween Ends fait le choix de s’orienter dans une direction différente, de transférer le mal dans un nouveau personnage, le jeune Corey, lui aussi traité comme la peste par les habitants après un accident qui aurait coûté la vie à un enfant. Mais bon, vu comment cet enfant été, dans la scène d’ouverture, tête à claque… Bref, Corey va doucement faire office de substitut à Michael Myers, au mal. Et dans le fond, et bien, cette proposition, elle est intéressante.

On ne pourra pas reprocher à Halloween Ends pour le coup de ne pas avoir d’idées. Un peu comme le Halloween 2 de Rob Zombie, il a des idées, et il fonce dedans sans penser au reste. Même quand il se plante, il assume. Certes oui, les fans les plus bornés pourront toujours pester que quand ils vont voir un film Halloween, ce n’est pas pour Haddonfields, mais pour Michael Myers. Certes, mais cette idée de transmission du mal, elle n’est pas plus stupide que Michael Myers contrôlé par une secte et couchant avec sa nièce pour Halloween 6. Elle est même en soit bien meilleure et bien plus fidèle (car l’idée du mal indestructible reste présente). Quoi qu’il arrive donc, Halloween Ends est, exactement comme Halloween 2 de Zombie, clairement voué à diviser. Mais si je respecte ces choix, tout n’est pas rose pour autant. Loin de là. Car entre avoir une idée et développer une idée, il y a parfois un fossé. Et Halloween Ends est, à l’image en réalité des deux films précédents, bien maladroit. Qu’il ai des idées, c’est bien. Qu’il les développe maladroitement ou insiste parfois via ses dialogues aussi lourdement, c’est moins bien. Surtout que l’on aura droit en plus à la voix off de Laurie Strode pour bien être sûr que le public lambda il comprenne, ce qui alourdit encore l’ensemble. Et même sans ça, le développement de certains points laisse clairement à désirer, voir laisse songeur. Sans oublier le fait que l’arrivée de ce nouveau personnage, Corey donc, est assez maladroite, et aurait pleinement mérité d’être introduit dans le deux métrages précédents pour pleinement fonctionner. Si bien qu’à certains moments, on pourrait légitimement se demander si l’on est à Haddonfield ou à Derry chez Stephen King, c’est dire. Mais en étant parfaitement honnête en écrivant ces lignes, j’ai envie de vous dire que la première heure fonctionne, malgré ses grosses maladresses et facilités. Car une poignée de scènes sortent du lot. La relation entre Corey et Allyson, les balades à moto entre les deux, quelques plans dans les souterrains qui ont clairement de la gueule.

Voir même quelques métaphores qui, bien que peu subtiles, semblent finalement plus sortir de l’univers de Freddy Krueger que de Michael Myers, comme par exemple ce très long tunnel qui pourrait faire penser à la naissance, ou renaissance. Mais Halloween Ends n’oublie pas pour autant qu’il doit être un slasher, et c’est là sa plus grande faiblesse au final. Il développe quoi qu’on en dise ses thématiques durant la première heure, avant presque de prendre conscience pour sa seconde heure que s’il ne fait pas revenir Michael Myers et surtout s’il ne place pas quelques meurtres sanglants, il va se faire rejeter en bloc. On se retrouve avec une seconde partie plus prévisible, plus balisée, et du coup surtout bien moins intéressante tant elle nous ressort un peu la même soupe que d’habitude. Surtout quand certains éléments pourtant attendus (l’affrontement Laurie et Michael) et donc obligatoires semblent presque forcés comparé au gros de l’intrigue, à ses thématiques. Bon au moins, ce qui mettra tout le monde d’accord sur la durée, ce sera comme d’habitude la musique en partie signée par Big John, toujours très agréable pour les oreilles. Halloween Ends est donc clairement le film le plus ambitieux de cette nouvelle trilogie, celui qui a le plus d’idées. Mais qui est aussi maladroit et a souvent peur d’aller sans doute trop clairement à fond dans ces idées-là. Mais au moins, il a quelque-chose à nous proposer, contrairement à Halloween Kills, et c’est toujours mieux que de regarder un film vide. Pas étonnant de voir du coup que le film est le moins bien accueillit de la franchise depuis Halloween 2 avant lui. Sans le considérer comme vraiment bon, il a au moins tenté de raconter quelque chose.

Les plus

Une poignée de scène très réussies
La première heure qui tente de renouveler la saga
Un film pour le coup qui déborde d’idées
Il y a des choses intéressantes avec Corey et Allyson

Les moins

Un film très maladroit
Une écriture parfois lourde et appuyée
Une seconde partie bien plus timide
Un final prévisible et donc peu intéressant

En bref : Halloween Ends divise car il fait enfin des choix, il a même enfin des idées. Ça apporte enfin un peu de fraicheur dans la saga. Dommage que l’écriture du coup soit parfois si lourde et maladroite, et que la seconde partie du film revienne à une formule bien plus classique et donc prévisible et balisée.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A few very good scenes
♥ The first hour tries new things
♥ In fact, many (too many) ideas in this one
♥ Some interesting things with Corey and Allyson
⊗ A very clumsy movie
⊗ The writing is often all over the place
⊗ The second hour is shy, it goes back to the usual formula
⊗ The finale, predictable and not that interesting
Halloween Ends is a divisive movie, it makes choices, it has a few ideas. It brings finally some new things to the Halloween’s franchise. Too bad the writing is often all over the place and clumsy, and that the second part of the movie goes back to the usual formula, a simple slasher.

4 réflexions sur « HALLOWEEN ENDS de David Gordon Green (2022) »

  1. Il est inclus dans Prime… Donc on l’a vu ce soir. Mon avis avec spoilers :

    Pas du tout aimé, l’idée de la transmission du mal absolu j’adhère, mais il aurait fallu que Corey trouve seulement le masque de Myers par exemple, et qu’il devienne vraiment le boogeyman. Là le film a le cul entre deux chaises, il ne sait pas quelle solution choisir : transmission du mal ou retour de Myers ? Et franchement c’est ridicule (les scènes lorsqu’ils tuent ensemble, pfffff). Les personnages sont mal écrits, c’est affreux : la petite fille insupportable parfois, qui change de caractère toutes les dix minutes, Laurie qui est devenue voyante maintenant et qui peut savoir que quelqu’un risque de devenir « méchant », etc. Peu de meurtres finalement, c’est mou (curieusement toute la partie molle, la 1ère, est sans doute la plus agréable à suivre, notamment la bonne scène d’intro et les déboires de Corey, paradoxal). Et puis cette écriture indigne, franchement. Le doc assassiné chez lui le soir avec son employée, Corey qui laisse son sang et ses empreintes partout et la police qui ne vient pas (?!?) malgré le fait que la nana ait eu le temps de composer le 911. Et le lendemain personne ne se pose de questions dans la clinique ?!? Jusqu’au soir suivant, toujours rien ? Pas d’alerte ? Et presque tous les personnages sont des têtes à claques – le gamin en intro comme tu dis, sa mère qui traine plus tard dans un bar pour ados à son age bref, la petite fille, Corey souvent gonflant dans la 2ème partie, Laurie qui change d’avis sur Corey en 48h, tous les abrutis du film (mère de Corey, etc.). Le perso le plus agréable finalement on le voit peu, c’est le père de Corey – en plus il a de bons gouts ciné ^^

    Dans cette trilogie, mon préféré (le moins mauvais), reste le premier.

    1. Je précise : quand je dis « bonne scène d’intro », je veux dire qu’au moins ça m’a un peu surpris. Parce qu’en réalité elle m’a fait pouffer de rire à la fin.

    2. Bravo, tu as enfin terminé la trilogie 😉

      Je comprend parfaitement ton ressenti. Comme dit, je suis gentil avec lui, mais pas mal de défauts que tu cites, je le dis aussi. Les idées sont là, elles sont bonnes, mais le traitement, et donc l’écriture en elle même est assez calamiteuse par moment. Beaucoup de soucis, de cohérence notamment, auraient pu être évité en étalant les idées sur deux films (le précédent, au final inutile, et celui-ci), Myers dans ce cas aurait pu vraiment être absent de ce troisième. Mais oui, le premier reste au final le meilleur, il est plus classique (trop ?). Même pas un mot pour la musique de Carpenter ? Perso je l’ai beaucoup apprécié, je l’écoute d’ailleurs parfois durant mes trajets en cours (mais le mal ne m’a pas encore été transmis donc tout va bien).

      1. En y repensant, je me dis que y’avait RIEN pour faire une trilogie. Ils auraient dû terminer toute l’histoire avec le premier film, tuer Myers dans l’incendie ou durant son fight avec les pompiers, ça aurait été une fin correcte, et oui le premier est le meilleur on est d’accord ; classique, sympa à suivre, traitement intéressant de Laurie… Ça aurait dû se terminer là !

        Oui la musique est top mais bon, à part ça, John Carpenter ou pas comme Executive Producer ça change rien… C’est pour ça que quand je l’entends parler d’une suite à THE THING, il me fait peur, Big John… Laissez ce chef d’œuvre où il est, svp…

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