SATAN’S SLAVES (Pengabdi Setan) de Joko Anwar (2017)

SATAN’S SLAVES

Titre Original : Pengabdi Setan
2017 – Indonésie
Genre : Fantastique
Durée : 1h47
Réalisation : Joko Anwar
Musique : Bembi Gusti, Tony Merle et Aghi Narottama
Scénario : Joko Anwar

Avec Tara Basro, Bront Palarae, Dimas Aditya, Endy Arfian, Nasar Annuz, M. Adhiyat, Arswendy Bening Swara, Egy Fedly et Ayu Laksmi

Synopsis : Après avoir succombé à une maladie étrange dont elle a souffert pendant trois ans, une mère retourne dans sa maison pour récupérer ses enfants.

Si Joko Anwar, bien que très actif, est moins connu que d’autres réalisateurs Indonésiens œuvrant dans l’horreur, comme Kimo Stamboel (Dreadout, The Queen of Black Magic) ou Timo Tjahjanto (May the Devil Take You et sa suite), il est pourtant dans un sens le troisième grand pilier du genre, et donc le troisième pilier d’une envie de modernité du cinéma horrifique Indonésien. Car avec Satan’s Slaves, ou Pengabdi Setan dans sa langue natale, Joko Anwar, à la fois réalisateur et scénariste, signait donc une relecture d’un film de 1980 (ou 1982 suivant les sources, personne n’est d’accord). Mais il est aussi le scénariste de The Queen of Black Magic deux ans après, soit une relecture d’un film culte des années 80 également. Mais, connaissant mal le cinéma Indonésien en dehors de ses réussites dans le cinéma d’action, et des œuvres horrifiques citées plus haut concernant les deux autres réalisateurs, j’avais toujours été plus ou moins effrayé par l’œuvre de Joko Anwar. Peur de voir ce qui ne me plait pas dans d’autres productions horrifiques, bien qu’un peu plus anciennes, comme les métrages de Rizal Mantovani, même si là aussi, il va falloir se motiver et y retourner, puisqu’après avoir signé une bancale trilogie Kuntilanak de 2006 à 2008 mettant en avant une toute jeune Julie Estelle, il sera revenu à cette créature en signant une nouvelle trilogie Kuntilanak dont le dernier opus date de 2022. Un bordel monstre donc. Mais qu’importe puisque nous sommes là pour parler de Satan’s Slaves, au pluriel pour se différencier à l’international du film original donc. Et je dois bien avouer une chose, c’est que Joko Anwar, quand il dit haut et fort que le film original a été un choc pour lui et qu’il aurait demandé au studio de lui laisser la possibilité d’un remake si un jour cela se fait, bien des années avant le produit terminé, et bien je le crois, car sa passion et sa motivation pour le projet se ressent à l’écran de la première à la dernière minute, Satan’s Slaves étant un métrage efficace, et qui, bien qu’ayant bien évidemment quelques jumpscares, n’en abuse pas et en profite pour les diluer dans une histoire prenante et une atmosphère pesante qui fonctionnent du tonnerre.

Nous y suivons donc la famille de Rini. Le père est souvent absent pour le travail, ses trois frères survivent comme ils le peuvent, avec le plus jeune étant sourd muet, et Rini donc, la seule fille de la famille, s’occupe de ses frères, et de sa mère, ancienne chanteuse connue malade depuis maintenant trois ans, et qui passe de vie à trépas peu de temps après le début du métrage, ce qui sera l’élément déclencheur des horreurs à venir. Dans un premier temps, le métrage prend son temps pour parfaitement établir ses personnages, les liens entre eux, et les difficultés de cette famille, dans un récit se déroulant, tient, dans les années 80 justement, 1981 pour être exact. L’argent vient à manquer, la gloire passée de la défunte mère ne permet même pas de ramener un peu d’argent, et autour de cette famille, les autres habitants sont, bien sûr, très religieux. Et en réalité, on pourrait très rapidement considérer le métrage comme du « slow burn » horrifique, tant Joko Anwar s’efforce, et le plus souvent avec talent, à poser une atmosphère vraiment prenante et pesante pour le spectateur et les personnages, plutôt que d’avoir recours à des jumpscares. La tension monte donc doucement, avec des doutes, des éléments étranges, un son de cloche qui revient un peu trop souvent. Le réalisateur parvient d’ailleurs plutôt habilement à faire monter la tension en jouant sur deux motifs différents. Le premier donc sera auditif, avec ce son de cloche, et le second sera visuel, avec la présence d’une peinture tout sauf rassurante dans un couloir. Des éléments simples, mais qui prouvent aussi qu’avec un minimum de sérieux et de savoir-faire, ça peut toujours fonctionner, encore aujourd’hui. Même lorsque le film a recours, a plusieurs reprises, à des jumpscares, il le fait de manière plutôt habile, et surtout sans chercher à tricher sur le spectateur, jouant plutôt sur la terreur de l’instant et des événements plutôt que sur la surprise auditive. Oui, le mixage sonore est bon et ne nous écorche pas les oreilles.

Et bordel, qu’est ce que ça fait du bien. Pour faire avancer son récit, le réalisateur fera intervenir de nouveaux personnages, notamment un vieil homme, journaliste spécialisé dans l’occulte, et un jeune homme, voisin de Rini, qui bien entendu, ça crève les yeux, en pince pour elle. Mais non, pas d’amourettes faciles pour plaire aux spectateurs, nos personnages ont le sens des priorités, et ça fait plaisir. Attendez, donc, de bons personnages, une tension qui monte doucement, une atmosphère réussie, une mise en scène sobre… Satan’s Slaves serait donc une indéniable réussite ? Et bien oui, malgré quelques petites facilités par-ci par-là, et quelques rares moments un peu too much (une force invisible censée attirer un personnage, mais la présence de câble est très voyante), Satan’s Slaves délivre la marchandise, se fait hyper efficace, tout en ne prenant pas le spectateur pour un con, mais en lui donnant ce qu’il attend, sans jamais en abuser, que ce soit dans ses sursauts (trop de jumpscares tue le jumpscare), dans l’horreur frontale (quelques moments chocs éparpillés dans le récit). Pas étonnant du coup que le public a été réceptif, et que le métrage a eu droit à sa suite en 2022, suite pouvant donc partir dans la direction souhaitée, puisque débarrassée de son statut de remake.

Les plus

Une mise en scène appliquée
Un film posant une vraie ambiance pesante
Des jumpscares efficaces
Un récit fluide aux thématiques intéressantes

Les moins

Quelques facilités et maladresses

En bref : Satan’s Slaves est une excellente surprise, sachant poser une ambiance et ses enjeux pour faire monter la tension de manière habile. On passe un excellent moment tendu.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Applied directing and visuals
♥ A film with a real heavy atmosphere
♥ Effective jumpscares
♥ A fluid narrative with interesting themes
⊗ Some facilities and clumsiness
Satan’s Slaves is an excellent surprise, knowing how to set an atmosphere and its stakes to raise the tension in a skillful way. We have a great tense moment.

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