M3GAN de Gerard Johnstone (2022)

M3GAN

Titre Original : M3gan
2022 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h42
Réalisation : Gerard Johnstone
Musique : Anthony Willis
Scénario : Akela Cooper

Avec Allison Williams, Violet McGraw, Ronny Chieng, Amie Donald, Jenna Davis, Brian Jordan Alvarez, Jen Van Epps, Stephane Garneau-Monten et Lori Dungey

Synopsis : M3GAN est un miracle technologique, une cyber poupée dont l’intelligence artificielle est programmée pour être la compagne idéale des enfants et la plus sûre alliée des parents. Conçue par Gemma, la brillante roboticienne d’une entreprise de jouets, M3GAN peut écouter, observer et apprendre tout en étant à la fois l’amie et le professeur, la camarade de jeu et la protectrice de l’enfant à qui elle est liée. Quand Gemma devient tout à coup responsable de sa nièce de 8 ans, Cady, dont les parents sont soudainement décédés, elle n’est absolument pas prête à assumer son rôle. Débordée et sous pression au travail, elle décide de lier le prototype M3GAN encore en développement à la petite fille, dans une tentative désespérée de résoudre ses problèmes sur ces deux fronts. Une décision qui va entraîner d’épouvantables conséquences.

M3gan, c’est le genre de métrage qui était attendu au tournant par toute une partie des cinéphiles, que ce soit pour de bonnes ou mauvaises raisons. Non pas car son pitch de départ n’est qu’une version 2.0 de Chucky, non pas car Blumhouse produit, mais bel et bien car on retrouve derrière le métrage une partie de l’équipe qui était derrière le gros bordel régressif, bancal mais aussi jouissif qu’était Malignant. Alors non, James Wan n’est pas réalisateur, malheureusement d’ailleurs mais on y reviendra, mais M3gan est écrit par Akela Cooper, scénariste sur Malignant, et la première bande annonce du métrage laissait présager un métrage aux ruptures de tons et partant parfois dans des délires rappelant clairement la dernière œuvre foutraque de James Wan, touchant donc autant au génie qu’au ridicule. 1h42 après la vision pourtant, un constat s’impose. M3gan, c’était en effet un peu con sur les bords, parsemé de quelques scènes jouissives, de dialogues qui font sourire, c’est techniquement plutôt propre, et donc dans l’ensemble, ça divertira le spectateur, mais M3gan souffre aussi de quelques défauts bien voyants, notamment finalement un côté trop propre, que l’on pouvait rapidement prévoir du fait de sa classification PG13 (donc, adieu tout de suite aux débordements gore et limite giallo de Malignant), mais surtout un côté beaucoup trop sage dans sa mise en image, bien loin des excentricités et expérimentations de James Wan. Le coupable ? Et bien la mise en scène a été confiée à Gerard Johnstone, qui signe ici son second long métrage, après un premier en 2014.

Et si sa copie n’est pas honteuse, puisque l’ensemble est rythmé, que la mise en scène est propre, le montage fluide, et la photographie sans génie mais plaisante, on ne peut que se dire que M3gan manque clairement d’éclairs de génie à tous les niveaux, de folie, et que Gerard Johnston n’a fait que prendre le scénario d’Akela Cooper et l’a transposé à l’écran, sans jamais chercher à transcender telle ou telle idée via la mise en scène. Et mine de rien, en mettant d’office le doigt sur ce point, autant le dire que l’on a éliminer 90% des reproches que l’on peut faire à M3gan, et 90% de l’analyse possible du film. M3gan donc nous propose une intrigue dans les faits assez proches de Chucky. La petite Cady a un accident et ses parents perdent la vie, heureusement elle est récupérée par sa tante, Gemma, créatrice de jouet, qui se voit rapidement dépassée par les événements. Heureusement, elle travaille sur un nouveau prototype de jouet, nommée donc M3gan, et y voit l’opportunité de se focaliser sur son travail tout en refaisant sourire la petite Cady, d’ailleurs interprétée par Violet McGraw, découverte par beaucoup lors de la scène d’ouverture de Doctor Sleep. M3gan, comme Chucky, est donc une poupée, enfin, un robot plutôt, grandeur nature, qui apprend au fur et à mesure de ses contacts avec Cady, et va devenir sa meilleure amie pour la vie. Cady va rapidement devenir dépendante du robot, tandis que M3gan, elle, va rapidement prendre au pied de la lettre sa première directive, celle de protéger Cady à la fois physiquement et émotionnellement. On retrouve narrativement tous les passages obligatoires de ce genre d’histoires. La découverte du jouet, les moments de joies passés avec via un montage musical, les premiers doutes, la première victime qui sera bien évidemment le chien de la voisine, la première victime humaine, les premières tensions entre Gemma et Cady avec au centre de tout évidemment, M3gan. Bref, la formule est bien connue depuis le temps, et la narration ne semble pas s’en cacher, si bien que parfois, face à la sincérité mais également face à la naïveté de l’ensemble, on aurait presque l’impression de se retrouver devant un métrage de cette sainte époque, les années 80.

Et ce jusqu’aux rares débordements du métrage, malheureusement trop rares et surtout bien trop sages pour marquer durablement, mais qui font néanmoins sourire, et ce dés l’ouverture avec cette fausse pub pour un jouet totalement hallucinante. Pour le reste du métrage, c’est clairement lorsque M3gan passe en mode psychopathe que le film devient plus surprenant, et selon le spectateur, jouissif ou ridicule, comme lors de cette poursuite dans les bois avec une M3gan a quatre pattes galopant après sa proie, ou cette improbable scène de danse avant qu’elle ne prenne une arme et ne pourchasse sa prochaine victime dans un couloir. Sans oublier son final, aussi improbable que naïf dans ce qu’il propose. C’est le gros paradoxe du film d’ailleurs, il est tellement naïf dans sa proposition que ce qu’il propose, même ridicule, fait tout de même plaisir, mais il ne dépasse jamais son concept, il ne va jamais bien loin avec ce qu’il met en scène. C’est parfois assez jouissif et bien trouvé, mais ça reste trop propre (PG13, encore une fois), et à d’autres moments, on se dit que c’est bon, le film va maintenant tout oser, pour finalement ne voir ladite idée ne durer qu’une poignée de secondes. M3gan est donc bancal, mais pourrait s’améliorer avec le temps, puisque la scénariste elle-même indique que le nombre de meurtres et l’aspect graphique du film était au départ bien plus élevé, et elle espère la sortie d’une version non censurée. Certaines scènes auraient d’ailleurs été retournées après coup pour adoucir la violence à la demande des producteurs. Il est donc probable que je reviendrais vers le film lors de sa sortie vidéo, et un possible montage Unrated, et il est possible que mon verdict soit également un peu revu à la hausse. Wait and See.

Les plus

Techniquement compétent
Des idées improbables
D’autres idées bien fun
Une narration fluide et rythmée

Les moins

Un film beaucoup trop sage dans sa violence
Mais aussi trop sage dans sa mise en scène

En bref : M3gan est étrange, car bancal, parfois un peu fou, voire un peu stupide, mais toujours avec une certaine naïveté salvatrice. Mais on ne peut s’empêcher de penser que le film est bien trop sage, autant dans sa violence que dans sa mise en image. Du coup, en l’état, c’est plaisant pour une multitude de raisons, mais aussi décevant pour une tout autre multitude de raisons.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Nothing to be ashamed of technically
♥ Some crazy ideas
♥ Some other ideas are fun
♥ The story has a good pacing
⊗ But the film is too soft, in terms of violence
⊗ And also too soft technically
M3gan is weird, because it’s fragile, sometimes a bit crazy, even stupid, but always with a kind of naivety. But we can’t help but think that the film is far too soft, both in its violence and in its imagery. So, as it stands, it’s pleasant for a multitude of reasons, but also disappointing for a whole other multitude of reasons.

3 réflexions sur « M3GAN de Gerard Johnstone (2022) »

    1. Depuis l’écriture du texte, j’ai vu la version non censurée, et ça n’ajoute pas grand-chose, quelques giclées de sang, quelques plans de quelques secondes en plus, un ou deux « fuck » dans les dialogues. Le film reste gentillet, mais appréciable.

      1. Arf c’est dommage, j’osais espérer que la version censurée ajoutait quelques morts en plus… Parce que le body count est un peu pauvre je trouve. Espérons quelque chose de plus osé avec la suite.

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