EVIL DEAD RISE de Lee Cronin (2023)

EVIL DEAD RISE

Titre Original : Evil Dead Rise
2023 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h35
Réalisation : Lee Cronin
Musique : Stephen McKeon
Scénario : Lee Cronin

Avec Lily Sullivan, Alyssa Sutherland, Morgan Davies, Gabrielle Echols, Nell Fisher, Richard Crouchley, Mirabai Pease, Anna-Maree Thomas et Jayden Daniels

Synopsis : Alors que Beth n’a pas vu sa grande sœur Ellie depuis longtemps, elle vient lui rendre visite à Los Angeles où elle élève, seule, ses trois enfants. Mais leurs retrouvailles tournent au cauchemar, quand elles découvrent un mystérieux livre dans le sous-sol de l’immeuble, dont la lecture libère des démons qui prennent possession des vivants…

2022 et 2023 marquent clairement le retour de certains films cultes sur les grands, et parfois petits écrans. Predator était revenu avec Prey, Hellraiser a eu droit à un reboot, Scream a deux nouveaux opus en deux ans seulement. Mais contrairement à beaucoup de ses sagas, Evil Dead garde depuis sa création au début des années 80 les têtes pensantes du projet à chaque fois. Ce qui expliquerait sans doute pourquoi, si le film a lancé une mode (celle des films de cabane dans les bois), la saga en elle-même n’est pas si longue que ça. Une trilogie, ou plutôt fausse trilogie de trois films, puis un remake en 2013 de plutôt bonne facture, avant une série de trois saisons pour faire suite à la trilogie. Et puis c’est tout. Basiquement, sur grand écran, Evil Dead, ça faisait 10 ans, depuis le remake de Fede Alvarez. Et voilà que débarque donc Evil Dead Rise. Derrière le projet donc, comme à chaque fois, les mêmes têtes pensantes. Bruce Campbell n’est certes pas acteur, mais il reste comme producteur, tout comme Sam Raimi qui ne réalise plus, mais Robert Tapert lui reste là, producteur de toute la saga. Après Fede Alvarez qui avait dépoussiéré l’opus original avec une bonne dose de gore à l’ancienne, des effets pratiques, une ambiance gore et poisseuse à souhait, c’est vers Lee Cronin que les producteurs se sont tournés, pour écrire et réaliser. Avant ce Evil Dead Rise, on ne lui devait qu’un seul long métrage, The Hole in the Ground, a plutôt bonne réputation. Et il suffit de lire le pitch pour bien comprendre qu’en effet, ce réalisateur Irlandais à ses thématiques. Alors, que vaut ce nouveau Evil Dead, qu’une bonne partie des critiques semble adorer, et même une bonne partie du public. Alors je partais pour ma part méfiant, puisque le remake de 2013 était déjà plutôt solide, et que dans le genre possession dans une cabane dans les bois, les deux opus de May The Devil Take You sont passés par là depuis. Y avait-il quelque chose à ajouter à un concept au final si simpliste ?

La bonne idée de Evil Dead Rise, enfin l’une de ses bonnes idées, car il déborde d’idées et de bonnes intentions, c’est de délocaliser son intrigue dans la grande ville, enfin ! Fini la forêt, fini la cabane. Bienvenue dans Los Angeles, bienvenue dans un immeuble. L’idée s’arrête là car malheureusement, le film va surtout prendre place dans un petit appartement, et donc la délocalisation s’avère plutôt prétexte. Mais ça a le don de changer. Non, les bonnes idées du métrage, on les retrouve ailleurs. Et ce même si le film ne met pas en confiance dés le départ, en tombant dans le même piège que le film de 2013 (à savoir, une introduction finalement peu utile), et surtout, en prenant son temps avant de débuter les festivités. Mais, vraiment prend son temps, puisque ce ne seront pas loin de 35 voire 40 minutes avant que les possessions et autres démembrements ne commencent. Mais Lee Cronin a des idées, autant visuellement que scénaristiquement, même si tout ne vole pas haut sur ce dernier point. Car en prenant pour cadre un appartement de Los Angeles dans lequel vit une famille avec une mère célibataire et ses trois enfants, rejoints par la sœur tombée récemment enceinte, il joue là une bonne carte. Voir une mère possédée qui va tenter par tous les moyens de démembrer et torturer sa propre famille, ses propres enfants, voilà là une idée bien sadique que le précédent remake n’aurait pas renié. C’est juste dommage que le film n’aille jamais pleinement à fond dans ce côté sadique, se focalisant parfois sur le gore sur des personnages secondaires ou assez âgés, et laissant de côté les autres, car en Amérique, toucher aux jeunes enfants, c’est tabou, point barre. Ce point a beau rester prévisible dans les faits, il ne faut pas pour autant me faire dire ce que je n’ai pas dit. Evil Dead Rise aurait pu aller plus loin, aurait pu être plus sadique, mais il n’est pas désagréable ou honteux pour autant. Les intentions sont là, elles sont louables, et au sein de la saga, elles sont même bien trouvées. Mais on aurait aimé être un peu plus surpris par la tournure des événements, car en réalité, la formule reste inchangée. Le livre des morts, un magnéto ici remplacé par un vinyle, une possession, et le carnage en huis clos commence.

Le film est sanglant et gore, mais ne se fait donc dans le fond pas aussi percutant que l’opus d’Alvarez. Par contre, là où le film marque clairement des points, c’est dans sa mise en image. Car Lee Cronin, comme Alvarez, va privilégier les effets pratiques faits sur le plateau, et ça a toujours sacrément de la gueule. Quelques CGI s’invitent de la partie, et ils sont immédiatement voyants tant il y a un petit fossé entre effets pratiques et CGI, qui font tout de suite faux. Mais plus que ces effets, le plus surprenant dans Evil Dead Rise, c’est cette volonté de retrouver cet esprit années 80. Car si le film a un budget bien plus confortable que chez Sam Raimi à l’époque évidemment, et donc que le film a moins recours au fameux système D qui donnait tout son charme au premier opus original, et bien Lee Cronin fait tout pour retrouver cette sensation d’années 80. Le grain de l’image, la gestion de l’obscurité, les jeux sur les focales et la mise au point, tout jusqu’à l’utilisation de la désormais oubliée demi-bonnette qui fit le bonheur du De Palma de la bonne époque. Et en réalité, retrouver tous ces choix de mise en scène avec lesquels quasiment plus aucun film de genre ne joue depuis bien 20 ans (à l’exception de James Wan qui s’était éclaté en jouant sur les focales et la mise au point sur certains de ses films), ça donne immédiatement un cachet sympathique à ce Evil Dead Rise. Un film en soit peut-être un peu décevant, mais restant gore, rythmé passé sa longue introduction, et qui respire bien l’amour du genre. Malgré tous ces défauts, on passe un bon moment, et on se dit qu’en réalité, un seul élément aurait dû être corrigé pour permettre au métrage de s’élever bien plus haut, voire même aussi haut que ce que tout le monde veut nous faire croire : une écriture de personnages plus poussée. La saga ne brille pas forcément sur ce point il est vrai, mais dans le contexte de la mère possédée voulant tuer ses enfants, il aurait été plus judicieux de développer les dits enfants, justement pour que l’on s’y attache, et que l’on ai peur et mal pour eux. Seuls les deux sœurs, possédée et héroïne donc, ont droit à un développement ici. Il est là, le véritable gros défaut du film.

Les plus

Du gore à l’ancienne
Quand ça démarre, ça ne s’arrête pas
D’excellentes idées de mise en scène

Les moins

Pas aussi sadique que prévu
Un peu long à démarrer
Un peu plus de développement aurait été bienvenu

En bref : Evil Dead Rise n’est pas la bombe annoncée par beaucoup, mais il demeure un film gore sympathique, qui une fois qu’il passe la seconde, ne s’arrête pas et fait plaisir. Ça aurait pu aller plus loin, mais rien de honteux, et on passe un bon moment.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Some gory effects, old school
♥ When it really starts, it never stops
♥ Some excellent ideas visually
⊗ Not as sadistic as planned
⊗ A little too long before it really starts
⊗ Some more characters development could have been good
Evil Dead Rise is not the crazy good movie announced by many, but it remains a good gory flick, that never stops once it really starts. It could have gone further, but nothing to be ashamed of, and we clearly have a good time watching it.

6 réflexions sur « EVIL DEAD RISE de Lee Cronin (2023) »

  1. Je viens de lire ailleurs une critique incendiaire de ce film. Tu sembles lui trouver des qualités techniques. Le coup de la délocalisation de la possession en ville, ça existe depuis longtemps en mieux, ça s’appelle « The Exorcist » de William Friedkin. Je crois que le mieux est que je me fasse une idée par moi-même. Ce sera sûrement en vidéo. Et puis je veux revoir les trois films de Raimi avant tout (sans doute plus rigolos que celui-ci). Je suis chaud pour ouvrir le Necronomicon et réveiller les esprits de la forêt.

    1. J’ai l’impression que depuis quelques temps, les premières critiques pour les films sont toujours archi positives, et qu’avec le temps, les critiques plus modérées ou négatives arrivent. Tu me diras, c’est du tout bon pour le marketing du film ça…

      Oui évidemment la délocalisation n’est pas nouvelle, mais en général, quand on pense à Evil Dead, on pense à la cabane dans les bois et à tous les clichés inhérents du genre et du lieu. Celui-ci n’a en tout cas quasi pas d’humour. Perso ma préférence ira toujours vers l’original que j’ai vu très jeune, déjà le 2, même si en termes d’idées c’est fou, je suis moins fan, et le trois, pas envie de le revoir, le seul que je n’ai pas de toute façon.

      1. Le troisième m’avait fait mourir de rire lors d’une projection en avant première. J’avais trouvé ce film dingo. J’en garde un excellent souvenir. C’est sûr qu’on s’en est éloigné drastiquement depuis.

        1. Oui je me doute, le film est adoré par énormément de monde, pour certains le meilleur de la trilogie, un ami connait même toutes les punchlines par coeur. Je ne sais pas pourquoi, je n’y suis pas réceptif, et quand je l’avais retenté il y a quelques années par hasard, ça n’avait absolument pas changé, donc j’abandonne, il n’est juste pas fait pour moi.

  2. Vu ! Je suis d’accord avec toi, c’est loin d’être la tuerie annoncée. Mais c’est correct, certes, les effets gores sont sympas, quelques clins d’œil fonctionnent, y’a de la bidoche, l’actrice qui est possédée est vraiment chouette. Tout le reste j’ai eu du mal comme toi, punaise, MAIS ON SE FICHE EPERDUMENT DU SORT DES PERSONNAGES ! Quelle erreur dans un tel film ! Et oui, il y a des incohérences (dont la toute finale, qui explique qu’il y avait d’autres locataires dans l’immeuble WTF) et effets faciles (le broyeur dans le parking ahah).

    1. On était finalement à peu de choses d’un vrai très bon film. Juste une écriture plus solide pour les personnages, et c’était dans la poche, les incohérences et autres, on aurait je pense tout pardonné. Mais voilà, ça reste sympa à voir une fois, et EVIL DEAD peut se vanter d’être toujours une saga qui n’a pas de réel mauvais film à son actif.

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