LEO de Lokesh Kanagaraj (2023)

LEO

Titre Original : Leo
2023 – Inde
Genre : A History of Violence
Durée : 2h44
Réalisation : Lokesh Kanagaraj
Musique : Anirudh Ravichander
Scénario : Lokesh Kanagaraj, Rathna Kumar et Deeraj Vaidy

Avec Vijay, Sanjay Dutt, Arjun Sarja, Trisha, Gautham Menon, George Maryan, Musskin, Madonna Sebastian, Mansoor Ali Khan et Sandy

Synopsis : Parthiban et sa famille vivent à Theog dans l’Himachal Pradesh où ils tiennent un café et mènent une vie paisible. Après que le protagoniste soit devenu un héros pour avoir sa fille et une de ses employés d’une bande de malfrats, plusieurs personnages viennent à sa rencontre et le soupçonnent d’être un dangereux membre d’une famille de gangsters.

Depuis le succès monstrueux (et étrange) de RRR en 2022, le cinéma Indien s’est fait une place dans le cœur de certains cinéphiles qui n’ont pas peur des mots. Dans un sens, il est facile de comprendre qu’un film avec des codes culturels totalement différents puisse attirer, plaire, surprendre. Mais un peu à l’image de beaucoup de styles, le cinéma Indien me donne l’impression, un peu comme le cinéma Coréen, d’avoir des codes qui refusent de changer d’un film à l’autre. Du ralenti de l’extrême, des héros surhommes et intouchables, des femmes inutiles en arrière-plan, une petite chanson pour la route (au moins, s’il n’y en a qu’une, ça va), de l’action totalement over the top, et aussi, bien évidemment, une durée qui passe très rarement sous la barre des 2h30. Le cinéma Indien n’est-il donc pas tout simplement enfermé dans ses propres codes ? Enfin, si en 2022, tout le monde ne parlait que de RRR, sympathique bobine bien trop longue, aux CGI souvent atroces et frôlant à de maintes reprises le ridicule, mais sauvé par une générosité et une chanson extraordinaire en cours de route, 2023, c’est un peu pareil, sauf que maintenant, à chaque film Indien sortant, on nous vend le film de l’année. Un des derniers films en date à faire parler de lui, c’est Léo. Du coup, j’ai été curieux, forcément, surtout que l’acteur principal du film, Vijay, je l’avais découvert avec Beast en 2022, un film pour le coup beaucoup moins apprécié, mais dont la scène d’ouverture m’a tellement marqué que je pense le préférer à RRR. Et bien, pour Leo, c’est un peu la même chose. C’est beaucoup trop long, les CGI sont de qualité très variable, MAIS, on évite certains éléments qui clairement me dérangent dans un film comme RRR. Adieu la bromance risible, et la romance tout court puisque notre héros est déjà marié et n’a personne à courtiser, par exemple. Et puis, Leo n’est pas un film d’époque, il se déroule de nos jours, et je pense que cela aide à faire passer pour moi la pilule via certains aspects du cinéma Indien.

Leo donc. Ou en réalité, Parthiban, beau gosse intouchable joué par Vijay bien évidemment, vit sa petite vie tranquille dans un petit village. Il tient un café, est marié, a deux enfants, et quand il a un peu de temps, on l’appelle à l’aide quand une hyène déchainée fait un ravage dans le village et se dirige vers l’école. Car Parthiban, c’est un homme, un vrai, il peut arrêter une hyène seul ou presque, éviter ses crocs avec un habile pas de danse. Une hyène par ailleurs parfois plutôt bien faite (oui, on est loin par exemple des animaux dans un certain L’Exorciste au Commencement), et à d’autres moments juste ratée. Mais la belle vie de Parthiban et de sa famille ne va pas durer puisque non loin de là, une bande de criminels rôde, et qu’un soir, ils vont débarquer dans le café de notre surhomme, et menacer sa fille. Parthiban va donc se défendre, et finalement, dans un excès de rage, buter froidement tout le monde. Ce qui va attirer l’attention sur lui, de la part des flics, des médias, des malfrats, et d’une bande organisée qui croit reconnaître en Parthiban un certain Léo. Oui, le Léo du titre, suivez un peu. Et là, il ne faut pas avoir un master ou sortir d’école de cinéma pour s’écrier « hey, mais, c’est A History of Violence de Cronenberg ». Oui, mais sur quasiment 3h, sans la subtilité de Cronenberg, sans sa mise en scène posée, et du coup, avec une violence beaucoup plus « Indienne », et moins marquante. Pas mauvaise, car moi aussi j’aime voir un mec seul défoncer violemment un gang de 200 personnes, mais moins marquante, moins choc. Leo étire donc un métrage de 1h30 sur presque 3h. Est-ce qu’il rajoute un nouveau sous-texte intéressant ou des péripéties folles pour justifier sa durée ? Non, il retarde juste sa première partie en confrontant notre héros a plusieurs groupes de malfrats avant de réellement faire démarrer l’intrigue, et multiplie par la suite les scènes d’action. Sans oublier, évidemment, un long flashback pour nous expliquer le passé du personnage et relier le tout, car le spectateur doit absolument tout savoir. Flashback maladroit d’ailleurs, puisque nous révélant un nouveau personnage clé qui expliquerait beaucoup de choses, personnage qui disparaît aussi vite qu’il apparaît.

Est-ce que Leo, c’était bien ? Sympathique oui. Un grand film, absolument pas. Beaucoup trop de défauts présents pour pouvoir en être un, même en restant dans l’optique d’un gros B movie ne se prenant pas nécessairement au sérieux. Si la hyène par exemple n’est pas toujours bien faite, parfois, cela passe. Mais on ne peut pas dire la même chose de certains effets numériques, comme par exemple cette poursuite en voiture où le réalisateur semble vouloir émuler The Villainness avec son faux plan séquence. On peut parler de la durée excessive du métrage vu le peu qu’il raconte. Mais à tous les niveaux, on peut trouver à redire. Certains plans sont par exemple bien trouvés, font plaisir à la rétine, comme lorsque Parthiban bute tout le monde dans son café, ou lors d’un plan en drone pour une baston mi-parcours, mais à côté, d’autres sont beaucoup moins beaux, ou alors le montage ne laisse pas le temps d’en profiter. Vijay campe un héros comme toujours indestructible, il a la classe, les méchants ont des gueules de méchants, mais à côté, les rôles secondaires sont beaucoup moins intéressants, comme la femme de notre héros, inutile. Pire, certains sont juste là pour… on ne sait pas trop, augmenter la durée du métrage ? On pensera à ce flic peu capable à qui l’on confie la sécurité de la famille de Parthiban par exemple. Si niveau émotion, le film évite de plonger dans la niaiserie la plus totale comme dans d’autres films, il ne s’en sort pas forcément bien malgré tout, tant l’ensemble est surjoué et en fait malgré tout des caisses. Ça fait beaucoup de défauts oui. Heureusement, contrebalancés par les qualités, comme notre acteur principal, l’action violente qui fait plaisir, de bonnes idées éparpillées en terme de mise en scène, et une générosité qui font de Leo un spectacle sympathique. Mais ça n’ira au final pas plus loin. On pourrait même dire qu’en réduisant le film d’une heure (ce qui est très facilement faisable, vu la durée de l’introduction et certains personnages), on aurait eu là réellement une série B explosive et meilleure.

Les plus

Un film violent
Vijay, toujours la classe
De bonnes idées visuelles parfois
Un film généreux c’est vrai

Les moins

Des CGI discutables
Beaucoup trop long pour si peu
Violent, plaisant, mais jamais marquant

En bref : Leo est un bon divertissement, violent, généreux, avec une chanson plaisante évidemment dans le lot, mais qui a beaucoup trop de défauts, évidents en plus, pour être vraiment excellent.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A violent film
♥ Vijay, always classy and handsome
♥ Some good visual ideas
♥ A generous film
⊗ Some bad CGs as always
⊗ Too long for such a simple story
⊗ Violent, entertaining, but never really memorable
Leo is a good entertaining film, violent, generous, with a good song in the middle, but with a lot of flaws, some obvious one. Too bad.

2 réflexions sur « LEO de Lokesh Kanagaraj (2023) »

  1. Je suis globalement d’accord avec toi, mais je serai un poil plus dur malgré tout. Je copie-colle le com laissé sur darkside :

    J’aurais pu trouver ce film sympa s’il avait duré 1h30, mais là je suis désolé c’est quasiment irregardable d’une traite… Entre le film de Cronenberg et LEO, c’est le jour et l’ennui. C’est bien trop long pour ce que ça a à raconter – le jeu approximatif de certains acteurs (on va dire qu’ils surjouent, ok), l’écriture bancale/caricaturale des personnages, les dialogues, la mièvrerie… Tout cela n’aide pas à faire passer la pilule (de cyanure).

    Même au niveau de l’action, ça n’a rien d’exceptionnel à l’aune des standards actuels : la seule baston dans les toilettes dans le film MISSION IMPOSSIBLE FALLOUT est mille fois plus impactante que toutes les galipettes et coups de marteau vus dans LEO (on n’y croit pas, on ne vibre pas). Je ne vois pas en quoi ce film vient donner une leçon à Hollywood (Hollywood ce n’est pas que le MCU moribond). D’autres pays font même bien mieux : Hong Kong, l’Indonésie et même ponctuellement le Japon (RUROUNI KENSHIN, les films à petit budget de Tsujimoto Takanori ou Sonomura Kensuke…). Et je passe sous silence la poursuite en voitures absolument hideuse qui m’a fait complètement sortir du film – mais je n’avais mis qu’un pied dedans donc, pas de regret

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